MattiefloNogi (avatar)

MattiefloNogi

Abonné·e de Mediapart

22 Billets

0 Édition

Billet de blog 22 juillet 2023

MattiefloNogi (avatar)

MattiefloNogi

Abonné·e de Mediapart

La politique est un sport qui se joue à trois et à la fin, c’est la droite qui gagne

« On garde espoir, mais ça s'annonce mal. » Dernier billet de ma chronique sur la bataille des retraites, puis les « 100 jours ». Idées, observations et propositions d'un simple sympathisant de la gauche et des écolos. 

MattiefloNogi (avatar)

MattiefloNogi

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La création de la NUPES, première en nombre de suffrages lors du premier tour des législatives, l’exemplaire batailles des retraites, le renforcement de la prise de conscience écologique, voici qui aurait pu nous donner bon espoir.  Malheureusement, en parodiant une célèbre citation footballistique, la politique est un sport qui se joue à trois et à la fin, c’est la droite qui gagne. 

La cagnotte de la honte (1,5 millions d’euros récoltés pour soutenir un homme qui en a tué un autre, le tout lancé par une personnalité d’extrême droite) est un symbole de la période que nous traversons : la normalisation de l’extrême droite, sa forte exposition médiatique avec des relais efficaces et sa capacité à influer dans la bataille des idées. 

Bien trop heureux d’en faire son adversaire idéal (qui lui assure une victoire au second tour), la Macronie n’en finit plus de lui faire la courte échelle. “L’angle d’attaque des macronistes est limpide depuis le début du quinquennat. D’une main, normaliser la présence du RN au sein des institutions républicaines. De l’autre, chercher à fracturer la Nupes, en tentant d’isoler LFI de ses partenaires et de l’exclure du front républicain.”, comme l’écrit à juste titre Clémentine Autain

Est-ce nécessaire de rappeler encore les : “je vous trouve un peu molle” de G.Darmanin adressé à M.Le Pen, qualifiée ensuite de “plus républicaine” que les forces de gauche par O.Dussopt, et enfin Sébastien Chenu vice Président RN de l’Assemblée qui n’est pas « un bon mais un très bon vice-président de l’Assemblée » selon la Présidente macroniste de l’Assemblée. Le recul dans la lutte contre les forces d’extrême droite est impressionnant en à peine six ans de Macronie, qui rappelons-le a été élu grâce aux électeurs de gauche pour contrer l’héritière le Pen. 

Pire encore, au-delà de les normaliser par les mots, la pratique autoritaire du pouvoir par le gouvernement confirme voire valide la conception du régime politique voulu par le RN. Un hypothétique pouvoir d’extrême droite (et souhaitons qu’il en reste à l’état d’hypothèse) pourrait alors dans la continuité imposer ses réformes à la manière des macronistes. F.Ruffin nous le rappelle clairement, la Macronie ne supporte pas les contre-pouvoirs : critique du COR (Conseil d’Orientation des Retraites), de la Défenseure des Droits, des associations… (lire ici). Trois décisions de l’actualité récentes confirment ce glissement. 

Tout d’abord, par sa contre-réforme des retraites, le pouvoir macroniste a confirmé qu’il menait une politique de classe en faveur du Capital. Pire encore, il a choisi de n’écouter personne, convaincu d’avoir raison seul, et a utilisé tous les moyens à sa disposition pour tuer le débat et imposer sa réforme. 

Plus récemment, il a choisi la répression massive face au mouvement écologique qui souhaite défendre l’accès à l’eau (lire ici). Entre interventions policières voire militaires et criminalisation du mouvement écologiste, la Macronie confirme sa tendance répressive, et démontre en même temps qu’elle est complètement ignorante des enjeux écologiques (lire ici). 

Enfin, suite au meurtre du jeune Nahel, elle n’a eu qu’une réponse sécuritaire, refusant de s’interroger sur la situation sociale d’une partie de notre jeunesse et d’une potentielle réforme de la police française. Ils deviennent ainsi des disciples de M.Valls : “expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser”. 

L’orientation politique est donc claire : antisociale, aveugle aux enjeux écologiques, et autoritaire. Elle se rapproche dangereusement de celle du RN. Pourtant la période que nous connaissons, entre crises écologiques, sociales et démocratiques, appelle des réponses bien plus ambitieuses. Ne pas les traiter ou seulement à la marge n’est pas un faux positionnement “centriste” comme le prétendent Macronistes. Non, laisser ce système perdurer, c’est accepter ses injustices et les laisser empirer. Pour laisser penser qu’ils agissent, ils choisissent, non pas de lutter contre l’extrême droite, mais  d’attaquer la gauche.  La récupération conservatrice de la “République” et du “Front républicain” participe de cette stratégie.

Là où pour la Gauche, la République est nécessairement inachevée, avec de nouveaux droits à conquérir, de nouvelles injustices à réparer ; elle devient, par un habile renversement, une valeur conservatrice, un état de fait à ne pas changer, une relique à conserver. Les inégalités et injustices qui subsistent à tous les niveaux de la société s’en trouvent ainsi figées voire légitimées. L’expression “Ordre républicain” cher à G.Darmanin et ses alliés désigne d’ailleurs bien ce qu’ils entendent faire de la République : un régime qui ne tolère pas de contestations et de remise en cause, car critiquer serait nécessairement être “antirépublicain”.

Il s’agit désormais pour eux de diaboliser toute alternative de gauche qui souhaiterait transformer le cadre et de la sortir de leur soi-disant arc républicain. Et cela, encore plus fortement que l’extrême droite, qui elle s’adapte très bien au régime en place et se retrouve bien trop heureuse de voir la gauche disqualifiée tant elle porte une vision du monde opposée à celle du RN. Là où durant plusieurs décennies, la gauche (PS) et le droite (UMP) représentaient deux voies pour un même système, il apparaît chaque jour davantage que la Macronie et l’extrême droite jouent le même jeu. La tendance se confirme dans toute l’Europe : que ce soit en Pologne, en Hongrie, en Italie, les gouvernements d’extrême-droite se coulent très bien dans le moule européen. En Suède et en Espagne, c’est avec la Droite qu’ils entendent gouverner. Cela a de quoi surprendre quand on se souvient du sort réservé à la Grèce et à Syriza qui avaient osé tenter une alternative de gauche. L’Europe et la France s’accommodent désormais très bien d’une extrême-droite qui ne remet nullement en cause le dogme économique : croissance, concurrence, mondialisation. “Ne tentez pas d’aventure hors de l’UE et du modèle économique et vous pourrez laisser libre cours à votre xénophobie”, tel pourrait être le message adressé. 

La Macronie se retrouve enfermée dans sa danse macabre avec l’extrême-droite. Elle ne cesse de légitimer sa place dans la République, cette même République qu’elle enferme dans une vision conservatrice et autoritaire. Sa méthode politique contribue à rendre normal l’autoritarisme de la Vème République et pourrait constituer une puissance justification pour que l’extrême-droite applique ces méthodes si elle devait arriver au pouvoir. 

Pour finir sur une note d’espoir, car il nous en faut bien une, reprenons les conseils de C.Autain à la fin du billet cité précédemment : “ Ma conviction est qu’il ne faut donner aucun bâton pour se faire battre et chérir l’union que représente aujourd’hui la Nupes, condition pour gagner.” 

“Ne donner aucun bâton pour se faire battre”, cela semble être également la proposition de F.Ruffin : ne rien lâcher sur le fond et faire évoluer la forme (lire un billet instructif ici). 

“Chérir l’union”, nous sommes nombreux à le penser, mais il faut avouer que les mauvaises volontés et les assauts médiatiques pour la fracturer sont nombreux et la gauche semble, malheureusement, repartir dans ses querelles interminables. Tentons un autre conseil. La période récente nous a une nouvelle fois rappelé les limites du régime présidentiel de la Vème République. Les défenseurs de la VIème République sont convaincus que le régime présidentiel est à la fois inefficace et dangereux et qu’il entraîne une personnalisation nuisible de la politique. Pour avancer vers cet objectif, il faudrait sans doute que tous ceux qui y ont goûté ou concouru (F.Hollande, A.Hidalgo, Y.Jadot, F.Roussel et J-L. Mélenchon) s’écartent des échanges politiques à venir pour sortir d’une trop forte personnalisation et permettre des débats plus sereins. L’enjeu n’est pas mince compte tenu des crises actuelles et du danger que représentent les forces conservatrices.

Chronique n°1 : “Veillées d’armes”

Entre le 19 et le 31 janvier (1er et 2ème jours de manifestation) ici

Chronique n°2 : “Que faire de notre avantage?” 

Entre le 31 janvier et le 7 février (2ème et 3ème jours de manifestation) ici

Chronique n°3 : “En eaux troubles”  

Entre le 11 mars et le 16 mars (7ème jour de manifestation et journée du 49.3 à l’assemblée) ici

Chronique n°4 : “Le pourrissement”

Entre le 6 avril et le 14 avril (12ème jour de manifestation et verdict du Conseil Constitutionnel) ici

Chronique n°5 : “Le mépris”

Entre le 2 mai et une suite incertaine ici

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.