Version numérique de la revue Dedans-Dehors, ce blog informe sur les conditions de détention en France. Il décrypte les politiques pénales et pénitentiaires, ainsi que leurs effets sur le terrain. Il1…
donne la parole aux témoins quotidiens de la prison : les détenus et leurs proches venant au parloir, les professionnels et intervenants en détention (personnels pénitentiaires, médecins, enseignants, associations, chercheurs…). Des informations et paroles qui reflètent une toute autre réalité que celle des faits divers. Cet envers du décor, où se cachent les dégâts et effets contreproductifs de l’approche répressive, dans laquelle médias et politiques ont enfermé le débat public. www.oip.org
Photo de couverture : (c) G. Korganow / CGLPL
La forte surreprésentation des Kanak parmi les personnes détenues en Nouvelle-Calédonie questionne les inégalités sociales autant que les rapports entre l’institution judiciaire et la population. Elle nourrit la défiance à l’égard d’une justice souvent perçue comme « blanche », voire « coloniale ».
En proportion de sa population, la Nouvelle-Calédonie compte 2,5 fois plus de personnes détenues que l’Hexagone. Un constat qui ne cesse d’interroger, mais dont les pistes d’explication sont en elles-mêmes révélatrices, notamment de l’ampleur des inégalités sociales et de la faiblesse des dispositifs d’insertion.
L’anthropologue Christine Salomon travaille depuis près de vingt-cinq ans sur le système judiciaire et pénal en Nouvelle-Calédonie. Dans un ouvrage à paraître co-écrit avec Marie Salaün, elle éclaire la place centrale de la prison dans l’histoire coloniale de ce territoire, à la lumière d’une comparaison avec la Polynésie française voisine.
Un taux d’incarcération record, des conditions de détention particulièrement indignes, une majorité de prisonniers mélanésiens… La prison en Kanaky-Nouvelle-Calédonie interroge les impasses de la politique pénale et carcérale française autant que les tensions de la calédonie. De la place centrale de l’enfermement dans l’histoire coloniale aux prisonniers transférés en métropole suite à mai 2024.
Ce mardi 4 mars, le garde des Sceaux est auditionné avant que ne commence, demain, l’examen de la proposition de loi « Sortir la France du piège du narcotrafic ». Hier, le gouvernement a concrétisé par voie d’amendement les annonces du ministre de la Justice relatives à des quartiers haute sécurité qui répondraient à un régime carcéral d’isolement quasi-total, attentatoire aux droits fondamentaux.
Comment comprendre qu’un proche ait pu se suicider en prison, où il était censé être sous la bonne garde de l’État ? Pour les familles endeuillées, le choc et l’incompréhension sont souvent d’autant plus grands que les informations sont distillées au compte-gouttes.
Benoît s’est suicidé le 10 août 2024 au centre pénitentiaire de Lutterbach. En pleine crise psychotique, il avait tenté de mettre fin à ses jours dès son arrivée. Sa mère, Dominique, témoigne de sa détresse face à l’inaction de l’administration, l’aggravation de l’état de son fils et le calvaire pour récupérer son corps et ses affaires, qui n’a fait qu’accroitre sa douleur.
Entre octobre 2023 et août 2024, cinq adolescents se sont suicidés en détention. Des actes qui posent des questions lourdes. Particulièrement fragiles, les mineurs incarcérés sont aussi particulièrement sensibles aux effets délétères de l’enfermement. Ils sont pourtant affectés, comme les majeurs, par le manque d’accompagnement et d’accès aux soins en détention.
En octobre 2021, Paul Germain, 23 ans, s’est suicidé au quartier disciplinaire de la prison de Bordeaux-Gradignan. Pourtant, une expertise psychiatrique avait jugé sa détention incompatible avec son état, deux semaines avant le drame. Ce récit met en lumière l’ignorance systématique des signaux d’alerte et de la détresse profonde de ce jeune homme depuis son arrestation.
Dans une thèse soutenue en octobre 2024 à l’université Sorbonne Paris Nord, l’épidémiologiste Alexis Vanhaesebrouck étudie les facteurs de risque associés au suicide en prison, à partir de données d’une exhaustivité inédite. Ses analyses éclairent d’un jour nouveau la prégnance affolante du risque suicidaire derrière les murs.