Version numérique de la revue Dedans-Dehors, ce blog informe sur les conditions de détention en France. Il décrypte les politiques pénales et pénitentiaires, ainsi que leurs effets sur le terrain. Il1…
donne la parole aux témoins quotidiens de la prison : les détenus et leurs proches venant au parloir, les professionnels et intervenants en détention (personnels pénitentiaires, médecins, enseignants, associations, chercheurs…). Des informations et paroles qui reflètent une toute autre réalité que celle des faits divers. Cet envers du décor, où se cachent les dégâts et effets contreproductifs de l’approche répressive, dans laquelle médias et politiques ont enfermé le débat public. www.oip.org
Photo de couverture : (c) G. Korganow / CGLPL
Pratiquement pas un mois ne passe sans que la surpopulation des prisons françaises ne batte un nouveau record. Au 1er avril, le parc pénitentiaire français était occupé à 133 %. Le taux d’occupation moyen des maisons d’arrêt et quartiers dédiés, où vivent sept personnes détenues sur dix, frôlait 162 %. Celles et ceux que l’on n’entend jamais, en revanche, ce sont les premières et premiers concernés : les personnes détenues.
Le 22 juin dernier, Donovan*, incarcéré au centre pénitentiaire de Nouméa, s’est retrouvé menotté dans un avion direction l’Hexagone, sans avoir pu prévenir sa famille. Un bouleversement pour le jeune homme mais aussi pour sa sœur Katia*, qui raconte ses efforts pour comprendre la situation et maintenir un lien avec lui, à 17 000 kilomètres de distance.
Les personnes transférées du jour au lendemain de la prison de Nouméa à celles de l’Hexagone se retrouvent souvent isolées et démunies, loin des leurs et de leurs anciens compagnons de détention. Maintenir le lien avec leurs proches devient une mission quasi impossible, dans un quotidien carcéral souvent loin de ce qu’elles pouvaient attendre.
2530 gardes à vue, qui se sont soldées par 502 défèrements, 650 convocations différées devant la justice, 243 incarcérations, 520 mesures alternatives et 600 classements sans suite : tel est le bilan judiciaire de l’insurrection de mai-juin 2024, d’après le procureur de la République de Nouméa, Yves Dupas*.
Brenda Wanabo, l’une des responsables de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) accusés d’avoir « commandité » l’insurrection de mai-juin 2024, revient sur son placement en détention provisoire, puis sous contrôle judiciaire, dans l’Hexagone.
Depuis l’insurrection qui a embrasé la Nouvelle-Calédonie en mai 2024, des dizaines de détenus à la prison de Nouméa ont été transférées vers des prisons de l’Hexagone. Qualifiés de « déportations » par plusieurs associations, qui y voient l’expression d’une justice post-coloniale, ces transferts ont eu lieu dans la plus grande opacité, sans que les personnes concernées aient été prévenues.
La justice est régulièrement saisie des conditions de détention indignes à la prison de Nouméa. Des procédures qui ont suscité une jurisprudence importante et permis quelques améliorations, sans pour autant mettre un terme aux traitements dégradants. Hier comme aujourd’hui, la Nouvelle-Calédonie se retrouve en première ligne d’une bataille plus vaste pour rendre ces recours effectifs.
Incarcéré au Camp-Est depuis juillet 2024, Steve* est passé par quatre cellules successives. Vétusté, surpopulation, infestation de nuisibles : il dépeint en détail ses conditions de détention.
Présenté comme un « établissement modèle », le nouveau centre de détention de Koné, en province Nord, accueille 120 prisonniers triés sur le volet. Sans effet sur la surpopulation du Camp-Est.
L’indignité des conditions de détention au centre pénitentiaire de Nouméa, dit « Camp-Est », a fait l’objet de multiples recommandations et condamnations. Des travaux ont été engagés, mais restent à ce jour largement insuffisants au regard de la gravité de la situation. Pire, les conditions se sont encore détériorées depuis l'insurrection qui a éclaté en mai dans l’archipel.