Dans les familles comme dans la société, il y a des abus de faiblesse et de position dominante, des maltraitances. La justice et les institutions dédiées sont mal armées pour les combattre.
La faiblesse1…
de la formation des juges dans le domaine de la psychologie et le faible recours des magistrats à des professionnels compétents dans ce domaine ou dans celui de la psychiatrie, en sont l'une des causes.
Parfois la justice peut même encourager ces abus plus ou moins volontairement, en prétant crédit à des allégations mensongères, voire en appuyant des demandes infondées.
Je souhaiterais par ce blog, apporter de l'information sur ces questions.
Mon expérience personnelle en particulier dans la lutte contre l'abus de faiblesse et la protection des personnes vulnérables par le système des tutelles, face à une personne manipulatrice perverse, peut être utile à d'autres. Comme dans l'affaire BETTENCOURT, l'abus de faiblesse sur des personnes âgées a souvent un but de spoliation successorale, et s'appuie sur l'éviction des personnes protectrices, accusées, fort opportunément, de tous les maux.
Le rôle de la Loi et de la Justice dans ce type d'affaire est primordial, tant concernant les droits que les obligations des protagonistes. Au titre des obligations, il y a celle de ne pas commettre de délaissement vis à vis d'une personne vulnérable.
La manipulation perverse qui peut animer les abuseurs de faiblesse, consiste notamment à projeter sur autrui ses propres affects et agissements hostiles, et à persuader autrui qu'il ne s'agit pas de projection mais de la réalité.
Elle s'accompagne de passages à l'acte possiblement dévastateurs pour ceux qui les subissent directement ou par ricochet.
Le Docteur Marcel SASSOLAS, ancien psychiatre des hôpitaux de Lyon (Villeurbanne), a écrit un article intitulé "La transplantation des affects", qui explique comment ce type de personne peut contaminer psychiquement son entourage familial, mais aussi les personnes extérieures, professionnels ou autres : "Je me propose d’exposer ici ce que je tiens pour une des difficultés majeures que rencontrent les personnes vivant une relation affectivement investie avec un sujet psychotique : l’envahissement de leur espace psychique par des affects archaïques de rage et de détresse dont l’émergence est banale dans la vie du nourrisson, mais dont le plus souvent nous n’avons plus l’expérience à l’âge adulte...zone dangereuse des affects archaïques..."(consultable sur CAIRN).
Ces mécanismes peuvent conduire les victimes du pervers, à tomber malade, voire au suicide (qui peut d'ailleurs être l'objectif recherché par le pervers).
Le psychanalyste Gérard BONNET a écrit un ouvrage très éclairant sur cette question : "La perversion : Se venger pour survivre" (PUF 2008). Il analyse la perversion (qu'elle soit sexuelle ou autre, ce sont les mêmes mécanismes) dans ses moindres rouages, et ses diverses manifestations, et dans son origine qui est la petite enfance et en particulier le rapport à la mère, souvent avec un épisode d'abandon précoce (qui peut être temporaire mais néanmoins destructeur même si le nourrisson a été confié à un proche). On éviterait bien des erreurs, policières, judiciaires, politiques, thérapeutiques, si l'on tenait compte de ses éclaircissements. Car la perversion se nourrit de vengeance, et plus on se méprend, plus elle manipule ceux qui ne l'ont pas compris.
Cette vengeance trouve à s'exercer aveuglément, en particulier contre ceux qui tentent de limiter la toute puissance du pervers, et à lui imposer le respect de la loi. Aveuglément, car elle ne s'exerce pas exclusivement contre celui, celle ou ceux qui sont à l'origine de la situation du pervers.
Le rôle de la maltraitance rentre ici également en ligne de compte, notamment celle à laquelle l'enfant (devenu pervers), à pu être exposé, lors de violences conjugales exercées par son père sur sa mère par exemple, ce qui nous renvoie aux dégâts causés sur les enfants par les violence conjugales intra-familiales.
Face à la justice, le pervers peut mentir éhontément et accuser sa victime de ses propres agissements néfastes, voire délictueux. Nombre de criminels utilisent ce mécanisme pour se faire disculper et faire accuser d'autres personnes, innocentes, à leur place. C'est un grand classique qui empoisonne la résolution des affaires judiciaires. Ce mécanisme est à l'origine de nombre d'erreurs ou de fiasco dans ce domaine, et nombre de cas mériteraient d'être examinées sous cet angle de la perversion manipulatrice des accusateurs faussaires : affaires d'OUTREAU, IACONO, etc
C'est la Loi, et non la toute puissance de certains, qui doit organiser les rapports sociaux. La justice est sensée trancher les conflits en rappelant les limites de la loi à ceux qui sont dans la toute puissance, et ce, quelle que soit leur position sociale.
Publié le 16/09/2022 LEXTENSO - 16/09/2022Dominique Rousseau Professeur de Droit constitutionnel
"Dans sa décision du 15 septembre, prononcée dans l’affaire Levrault, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) s’est jugé valablement saisi par le Premier ministre.