La nuit du 13 au 14 juin 2023, 650 personnes migrantes ont péri en mer, victimes d’un naufrage au large de Pylos, dans la zone de recherche et de secours dont la Grèce a la responsabilité. Ce naufrage, le plus meurtrier en Méditerranée depuis 2016, est le résultat d’omissions et d’actes que l’on ne saurait qualifier autrement que criminels.
Une solidarité réglée sur la ségrégation entre ‘bons’ et ‘mauvais’ réfugiés ne se discrédite-t-elle pas par elle-même ? Une scission discriminante de l’humanité en ceux dignes d’être sauvés et accueillis et ceux et celles exclus du domaine de l’hospitalité, ne témoigne-t-elle d’une contamination des sociétés européennes par des motifs racistes ?
Mesdames, Messieurs, Etant une européenne convaincue, pas seulement par conviction mais aussi par condition de vie, je souhaite m’adresser à vous en cet instant critique où se joue non pas l’avenir de la Grèce mais celui de l’Europe toute entière. Permettez-moi de vous dire qu’en voyant la façon que vous menez les négociations avec le gouvernement grec, j’ai honte. J’ai honte de cette Europe-là, j’ai honte à l’Europe, après avoir œuvré pendant plusieurs années à la construction d’un espace de pensée européenne.