Un mythe transphobe récent
Il semble être apparu dans les années 1930 en Allemagne. Le mythe du transgenrisme a plusieurs versions. On le trouve dans le cadre de la persécution des personnes trans sous le régime nazi (par la psychiatrisation entre autres) au cours du Totgeschlagen Totgeschwiegen.
À l'époque, on trouve le terme transvesticisme par exemple dans le monde francophone. Peut-être utilisé par des médecins, il finit par être abandonné. Dans les années 1950, on parle de transsexualisme dans le monde médical, terme finalement rejeté suite aux dérives psychiatrisantes. Dans les années 1990, on parle de personnes transgenres, au moment où l'on prône la dépsychiatrisation. Le terme transgenrisme est une sorte de réaction à cette volonté de dépsychiatrisation. Des réactionnaires présentent les personnes trans comme un fait récent.
Et pourtant, l'histoire trans est ancienne : les transidentités existent depuis l'Antiquité. Et la transitude depuis la Préhistoire. L'histoire nous le démontre : le transgenrisme n'est qu'une chimère, tout comme la théorie ou idéologie du genre. C'est une réaction transphobe aux avancées en terme de droits des personnes trans, comme il y a eu une réaction homophobe par exemple au moment du mariage pour toutes et tous.
« Un tour d’horizon historique permet de percevoir que les discours prétendant que le fait trans serait une innovation récente de la modernité sont tout à fait erronés ».
D'Artagnan (historienne), Begous (vulgarisateur), Jablonski Sidéris (historien).
Un problème de définition
Les mouvements réactionnaires se contredisent sur la définition du transgenrisme. Certains parlent de maladie ou d'épidémie, d'autres de création ou d'invention. Mais on trouve aussi l'idée que ce serait une idéologie, ou encore une sorte de playbook pour « corrompre la jeunesse ». Or, aucune de ses définitions complotistes ne correspond à une réalité. Cela fait partie du schéma obscurantiste transphobe.
Dans les années 1930, on trouve ce qui semble être la première attaque contre les soins d'affirmation de genre. Mais il est difficile de décrire exactement la perception qu'en avaient les nazis. Dans les années 1970-1980 aux États-Unis et en France, il y a l'idée que des médecins chercheraient à transsexualiser des mineurs. Et depuis le début de la décennie, on voit revenir ces mêmes idées, avec d'autres versions : une idéologie, une création, une contagion sociale etc.
Ces définitions vont jusqu'à se contredire. C'est totalement imprécis. La biologie et la sociologie prouvent que le transgenrisme (en tout cas dans ces définitions) n'existe pas. Même si certains « chercheurs » et certaines « chercheuses » font des erreurs basiques, par méconnaissance du sujet ou par idéologie. La transtitude, les personnes trans, les transidentités et les transitions, elles, existent et ne rejettent sûrement pas la biologie et la société.
Selon l'Université de Genève, « La résistance à cette conception ouverte des sexualités s’exprime souvent par de violentes
attaques contre une théorie ou idéologie du genre supposée nous éloigner du fondement naturel de nos convictions et connaissances »
Confusions sur les soi-disant « responsables »
Dans les années 1930-1940, les Juifs pouvaient être considérés par les nazis comme « responsables », car le médecin de confession juive Magnus Hirschfeld ayant institutionnalisé certaines transitions était la cible du parti depuis de nombreuses années.
Aujourd'hui, c'est souvent la gauche, la gauche radicale, le « wokisme » ou le « lobby LGBT » qui sont visés. Mais il peut arriver que des entreprises, des autorités, des « élites » le soient. Les Juifs sont visés par des antisémites et des négationnistes. Et il arrive que d'autres négationnistes falsifient l'histoire pour faire croire que les nazis auraient inventé les personnes trans. Ce sont des théories complotistes et négationnistes.
Évidemment, personne ne corrompt les mineures et mineurs dans un but idéologique pour « les faire devenir trans ». En revanche, des réactionnaires ont créé le mythe du transgenrisme pour psychiatriser les personnes trans dans un but idéologique dévastateur. C'est un rejet se la science.
« Facilitant les reculs des droits des personnes racisées et des femmes, comme l’interdiction du droit d’avortement, l’obsession anti-trans
est un outil performant pour diviser le
mouvement progressiste, fédérer les droites
et reconquérir les dominations érodées au
cours du XXe siècle ».
D'Artagnan, Begous, Jablonski Sidéris.
Conclusion
Nous sommes face à un mythe utilisé dans le cadre du schéma obscurantiste transphobe. Les contradictions sur le nom, sur la définition et sur les « responsables » de ce soi-disant fléau démontrent que ce n'est qu'une chimère.
Soit, ces mouvements réactionnaires croient à cette théorie du complot, soit ils cherchent à faire croire l'opinion publique à celle-ci.
Dans tous les cas, ce sont bien eux qui rejettent les réalités scientifiques (biologiques, sociales, historiques, médicales etc.) autour de la transitude.
Référence PDF
D'Artagnan, Begous, Jablonski Sidéris... , La fluidité de genre de l’Antiquité à nos jours. Des faits trans à toutes les époques. Les Notes. Institut La Boétie.