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Billet de blog 15 juin 2025

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Déficit 2026 de l’Etat : Objectif 100 M€ de réduction

Il n’y a pas d’autre solution pour réduire drastiquement le déficit de l’Etat, il faut détricoter les mesures « sociale » qu’Emmanuel Macron a mis en place depuis son élection en 2017 : revenir à l’esprit du CICE, revenir sur la « suppression » de la taxe d’habitation, remettre la première tranche d’imposition à 14%, rationaliser la sous-traitance aux Opérateurs, etc …

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L’actualité est braquée sur le déficit de la Sécurité Sociale, suite au rapport de la Cour des comptes publié en mai 2025. Par ailleurs selon l’Insee, le solde de la Sécurité Sociale serait plutôt en positif : voir l’article « Déficit de la Sécurité Sociale : c’est le floue artistique. »

Au regard des déficits des administrations publiques publié par l’Insee le 28 mai 2025, il est indéniable que le « vilain petit canard » est l’Administration centrale (Etat) dont le déficit a doublé depuis 2020, par rapport à 2017.

Illustration 1

Emmanuel Macron s’est fait élire à la présidence de la république Française grâce à la « suppression » de la taxe d’habitation sur la résidence principale, cela a été la première mesure « sociale » qui a augmentée les charges de l’Etat.

Entre 2017 et 2020 le dégrèvement de la taxe d’habitation est passé de 3,6 Md€ à 14,4 Md€. Depuis 2021, c’est la TVA qui finance la « suppression » de la taxe d’habitation pour atteindre 26,5 Md€ en 2024. Pour plus de précision voir l’article « Doublement du déficit de l’Etat en 6 ans : les autres administrations en cause … »

En 2019, Emmanuel Macron a transformé le CICE en baisse de charge immédiate et pérenne, ainsi la charge de l’Etat est passée de 32,4 Md€ en 2018 à 52,9 Md€ en 2019 (crédit d’impôt de 2018 + baisse immédiate 2019), pour atteindre 66,8 Md€ en 2024. Pour plus de précision voir l’article « L’Etat « nounou » dépense sans compter, pour de maigres résultats »

En 2019, Emmanuel Macron a baissé le taux d’imposition de la première tranche de 14% à 11%, ainsi l’Etat s’est amputé de 12 Md€ de recette d’impôt sur le revenu, en favorisant au passage les plus aisés. Pour plus de précision voir l’article « BAISSE DE l’IMPÔT SUR LE REVENU ? OUI, MAIS POUR LES PLUS RICHES. »

En 2020, c’est l’année du Covid, le gouvernement a dû soutenir les entreprises.

En 2022, le gouvernement a instauré un bouclier tarifaire sur l’électricité et le gaz. Le bouclier tarifaire sera maintenu jusqu’en 2023, pour un coût pour l’Etat d’environ 12 Md€ par an. Pour plus de précision voir l’article  « Énergie : Bouclier tarifaire prolongé en 2023, à quel coût … »

Dès 2020 l’Etat a émis des OAT (Obligation Assimilable du Trésor) pour 260 Md€ (33% de plus qu’en 2019), pour couvrir le déficit de 177 Md€ et le rachat des OAT à terme de 130,5 Md€.

L’encours des OAT émises progresse, par conséquent le montant des OAT à terme augmente aussi, c’est pourquoi avec un déficit permanent de 150 Md€, c’est l’emballement. D’autant que le taux des OAT est en augmentation, ainsi la charge de la dette en 2025 atteint 54,2 Md€, auquel il faut ajouter 5,1 Md€ de remboursement de la dette lié au Covid 19.
Il n’y a pas d’autre solution que de réduire drastiquement le déficit de l’Etat, car les OAT à terme vont perdurer pour quelque temps.

Pour réduire le déficit de l’Etat en 2026, il faut détricoter les mesures « sociale » qu’Emmanuel Macron a mis en place depuis son élection en 2017.

En premier temps, il faut revenir à l’esprit du CICE : c’est à dire que le gouvernement puisse contrôler le bien fonder de la création d’emploi et de l’investissement opéré de chaque entreprise avant de lui attribuer un crédit d’impôt relatif à la baisse de cotisation sociale demandée. Cela de doit pas être « open bar », compte tenu de l’envolé des dividendes distribués. Cette mesure ferait de l’année 2026 une année blanche pour le budget de l’Etat d’un montant proche de 80 Md€.

En deuxième temps, il faut revenir sur la « suppression » de la taxe d’habitation, pour les foyers fiscaux les plus aisés. Initialement l’objectif d’Emmanuel Macron était bien de « supprimer » la taxe d’habitation que pour les foyers fiscaux les plus modestes, pour un montant de 10 Md€ (en 2017) . J’ai du mal à croire qu’il ne savait pas que sa mesure proposée serait anti-constitutionnel. Aujourd’hui c’est l’Etat qui finance la taxe d’habitation de 6 000 € d’un appartement de 200 m2 sur les Champs Elysée : est ce vraiment normal ?. Il aurait plus judicieux de s’appuyer sur les mécanismes existants de la taxe d’habitation : les seuils d’exonération et de dégrèvement, et de les adapter pour couvrir les foyers fiscaux les moins aisés. Compte tenu de l’inflation cela permettrait de réduire de 50% le budget de l’Etat pour 2026, soit 13 Md€.

En troisième temps, il faut remettre la première tranche d’imposition à 14%, en modifiant la formule de la décote pour qu’elle couvre jusqu’à un RFR de 30 000 €. Ainsi les foyers les plus aisés ne bénéficieraient plus de 3% de réduction sur les tranches supérieures ou égale à 30%. Cela permettrait d’augmenter l’impôt sur le revenu sur les foyers les plus aisés de 8 à 10 Md€.

En quatrième temps, il faut rationaliser la sous-traitance des missions du budget Général des 434 Opérations de l’Etat. Le budget des Opérateurs de l’Etat s’élève à 64 Md€, l’IFRAP met en évidence qu’il est possible d’économiser 7 Md€ sur le budget de l’Etat, si ce dernier contrôle les travaux réalisés par les Opérateurs.
Dans les médias il y a souvent confusion entre les Agences, qui font partie intégrante de l’ODAC (Organisme Divers d’Administration Centrale) et les Opérateurs qui sont des sous-traitant de l’Etat. Pour plus de précision voir l’article  « PLF 2025 : La réduction des dépenses passe par la réduction des Opérateurs de l’Etat »

Dans un cinquième temps, il serait nécessaire de revoir la construction des budgets des missions. En effet, historiquement il sont augmentés chaque année du montant de l’inflation, alors qu’ils devraient être justifiés chaque année.

Dans un sixième temps, il serait nécessaire d’adapter le nombre de fonctionnaires d’Etat des missions en rapport au budget de ces derniers.

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