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les carnets d'un SocioBLOGue(ur)

Sociologue du cinéma, Président de l'Université d'Avignon
Avignon - France
  • CANNES, la popularité dissolue du plus grand festival du monde

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  • Du danger des expertises scientifiques dans le monde judico médiatique : l’exemple de la comparaison de voix dans le cas Cahuzac

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  • GLADSTONE GANDER, l’incarnation «repoussoir» parfaite de la chance et de la vanité

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     «Certains films, certaines fictions, certaines bandes dessinées, nous aident à préserver notre foi dans nos désirs d’un monde éclairé, face aux compromis que nous passons avec la manière dont le monde existe». (Stanley Cavell, Le Cinéma nous rend-il meilleurs ?)Inhumain, trop inhumain. Dans la galerie des personnages Disney, il est en un qui remporte tous les suffrages de l’exaspération auprès la quasi-totalité des jeunes lecteurs duJournal de Mickey et de Picsou Magazine : en français il porte le nom de Gontran Bonheur (Gladstone Gander en anglais).Stéréotype du dandy snob et endimanché, Gontran Bonheur n’est pas un canard, c’est un jar, un jar vantard, gandin hautain toujours tiré à quatre épingles, adepte des costumes cintrés et du cheveu rudement cranté. On imagine sans difficulté qu’une eau de Cologne lavandée recouvre le moindre soupçon de transpiration chez cet animal qui ne suinte que vanité et incompréhensible veine. Lorsqu’enfant, on ne s’est pas encore construit - comme nous le faisons fatalement tous un jour - notre petite théorie personnelle sur la chance et le bonheur, sur le bien et le mal, sur le destin et la providence, rencontrer au détour d’un récit dessiné Gontran Bonheur ébranle forcément un peu. Il incarne à n’en pas douter l’une des figures les plus authentiques de l’individu puant, égocentrique et fier de l’être. Gontran Bonheur, c’est un aristocrate qui aurait partie liée avec un sort nourri d'une injustice écrasante telle que peuvent nous la renvoyer ceux qui ne se sont donnés que la peine de naître, ceux-là mêmes qui n’ont pas besoin de réussir quoique ce soit puisque précisément "tout" leur réussit.
  • À qui parles-tu ? L'affaire du bonus du DVD du Cirque de Chaplin

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    «L'histoire humaine est par essence l'histoire des idées.» (H.G. Wells, The outline of history)Depuis le 6 novembre 2010, une rumeur enflamme le web. On aurait trouvé une preuve que les voyages dans le temps existent! C’est George Clarke, un réalisateur irlandais, qui a mis au jour ladite preuve en regardant de près les bonus du DVD qui présentent le «making-of» du film The Circus de Charlie Chaplin tourné en 1928. En effet, Chaplin avait pris soin à l’époque de filmer ceux qui se rendaient à la première projection de son film.L’historien Marc Ferro a longtemps défendu le fait qu’il nous fallait considérer les images documentaires comme des sources incontournables pour interpréter le passé. On a pu grâce à ce dernier constaté que le peuple des campagnes allemandes ne se prenait jamais pris au sérieux lorsqu’il devait saluer le Führer. Des rires étouffés suivaient souvent le salut. Sans l’examen détaillé de ces images, on aurait pu croire, précise Marc Ferro, que ce peuple entier croyait en ses gestes et aux significations qui les accompagnaient. Les films documentaires nous apportent la preuve que non. 
  • Culture et Université

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  • THE SOCIAL NETWORK, un tout petit monde: "il y a des idées qui ne peuvent naître que dans les universités"...

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  • SUR LE VIF : "coincé entre plus que moyen et pire que tout…"

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    «Le deuxième en partant d'la fin, qui ne brille jamais, jamais assez au firmament des moins que rien» À l’heure où les boutiques de déco vous vendent des parfums d’intérieurs aux doux noms de «Souvenirs d’école» ou «Le temps des portes-plumes» qui vous font vous remémorer grâce à l’odeur distillée de cette colle blanche de notre enfance les dictées plus ou moins réussies et les cours de récréation de l’école primaire, il arrive qu’au détour du flux de ces images du passé, l’on se souvienne de certains moments qu’on pensait avoir enterrés définitivement. Bien décidé à mettre dans les jeunes têtes qu’il a en charge, un début de commencement d’esprit de compétition (qu’il recouvre toujours de l’idéologie de l’esprit sportif où l’on apprend à perdre dans la dignité), l’instituteur décide de diviser sa classe en deux équipes de nombre égal. N’ayant évidemment aucune idée sur comment former lesdites équipes (et tentant d’éviter tout type de discrimination qui pourrait lui être attribué), l’instituteur nomme deux capitaines qui auront, eux, la lourde et légèrement sadique charge de choisir ceux qui composeront leurs équipes. Là de drôle d’enjeux se nouent autour des affinités électives d’abord, puis autour de l’idée de priver l’autre équipe de celui ou celle qui pourrait la faire gagner…
  • LOST AND LEGAL : figures de l'objectophile dans les séries TV

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    "Il n’y a pas de pire dépossession, de pire privation peut-être, que celle des vaincus dans la lutte symbolique pour la reconnaissance, pour l’accès à un être socialement reconnu, c’est-à-dire, en un mot, à l’humanité" (Pierre Bourdieu, Méditations pascaliennes)
  • LE GÉNÉREUX ET L’INTÉRESSANT

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     «Aujourd’hui – déclarait récemment Gérard Depardieu - les jeunes acteurs n’ont plus peur d’être ignorants. Au contraire, ils considèrent cela comme une qualité. Je les plains». Sans doute, ce constat lapidaire mériterait-il d’être affiné afin de pointer avec notre grand comédien français ce qu’il entend par «ignorance», mais aussi et surtout comprendre d’où il observe le monde pour percevoir ainsi ce renversement de l’ordre des savoirs qui amènerait les jeunes acteurs qu’il fustige à présenter leur soi-disant ignorance comme une qualité. Dans les faits, il ne sert cependant à rien de les stigmatiser ou de les plaindre - ce qui revient au même - en déplorant par voie de conséquence la disparition d’un monde où la haute culture d’élite fonctionnait comme un mètre étalon unique pour jauger et qualifier l’autre. En guise d’exemple, qui a lu Vingt mille lieues sous le mers de Jules Verne se souvient sans doute de la première rencontre entre le Capitaine Némo et Pierre Aronnax, Professeur au Muséum de Paris alors que ce dernier vient d’être recueilli à bord du sous-marin Nautilus et qu’il y découvre, émerveillé, «une bibliothèque qui ferait honneur à plus d’un palais des continents. [Je possède là douze mille volumes – dit Némo-]. Ce sont les seuls liens qui me rattachent à la terre. Mais le monde a fini pour moi le jour où mon Nautilus s’est plongé pour la première fois sous les eaux. Ce jour-là, j’ai acheté mes derniers volumes, mes dernières brochures, mes derniers journaux, et depuis lors, je veux croire que l’humanité n’a plus ni pensé, ni écrit». Ainsi la bibliothèque de Némo voyait-elle se côtoyer des ouvrages de sciences et de littératures - Hugo, Xénophon, Michelet, Rabelais, Sand, Humboldt, Foucault, Chasles, Milne-Edwards, Agassiz, etc. -, avec des œuvres d’art et des partitions musicales signées Holbein, Ribera, Véronèse, Murillo, Teniers Delacroix, Gounod, Weber, Mozart, Meyerbeer et Rossini. «Ces artistes sont des contemporains d’Orphée car les différences chronologiques s’effacent dans la mémoire des morts, et je suis mort, Monsieur le Professeur – conclut Némo – aussi bien mort que ceux de vos amis qui reposent à six pieds sous terre !» En mettant de la sorte en scène le conflit Némo-Aronnax, Jules Verne esquisse une interrogation philosophique profonde, véritable parabole sur notre relation à la culture et de ce que nous faisons de cette relation.
  • Sur le vif : Au nom de tous les miens?

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    Le cinéma hollywoodien a réussi à façonner une représentation du monde tout autant amorale qu'exceptionnelle en transformant les conflits de classes sociales ou désignables comme tels en conflits entre des individus qui, certes, portaient des attributs sociaux, mais auxquels on attribuait avant tout des antagonismes de personnes. Ce fût, comme le montre le sociologue Richard Dyer, un tour de force en termes de représentations propres à façonner une certaine vision du monde et donc à repeindre la «réalité en rose».Aujourd'hui, dans nombre de situations sociales ou politiques très quotidiennes, on peut observer une nouvelle évolution dans la rhétorique de la revendication de laquelle on tente de tirer tous les bénéfices symboliques cumulés de "l'ancienne" lutte des classes couplée à des mises en scène très "hollywoodiennes" de conflits inter-individuels qui conduit untel ou untel à prendre la parole soi-disant au nom de tous les siens, de son groupe ou de ce qu'il estime être son centre de gravité social pour faire mine de porter des récriminations qui ne relèvent en réalité que de sa propre et seule situation qu'il espère faire ainsi évoluer favorablement.