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CHANGER L'ÉDUCATION POUR CHANGER LA PENSÉE (ET LA SOCIÉTÉ)

Psychologue scolaire en retraite
ISSOIRE - FRANCE
À propos du blog
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, des pédagogues d’un nouveau genre forment le projet révolutionnaire de changer le monde en faisant évoluer l’école. Les historiens de l’éducation ont tenté1 de pérenniser leur mémoire, pourtant ils restent trop souvent inconnus de la majorité de nos contemporains. Nombre d’entre eux ne se sont pas contentés de penser une « éducation nouvelle », mais comme Ovide Decroly, Maria Montessori ou Célestin Freinet, pour n’en citer que trois, ils ont tenté de donner vie à des projets éducatifs « nouveaux ». Les mouvements qu’ils ont initiés il y a près de 100 ans se sont heurtés à une réalité déjà comprise au XVIIIe siècle par le philosophe français Helvétius : les systèmes éducatifs sont si étroitement liés aux structures politiques et sociales de chaque société que, pour les transformer, il faudrait d’abord transformer ces sociétés. Des sociétés dont le fonctionnement est fondé sur la compétition généralisée, sur l’exaltation des égoïsmes individuels, sur la réussite de quelques-uns qui entraîne l’échec des autres (« les gagnants fabriquent des perdants » écrivait Albert Jacquard) ne peuvent accepter l’émergence de pratiques pédagogiques fondées sur la coopération et l’entraide. Dès la fin du XXe siècle, des contre-courants à la pensée dominante ont émergé dans de nombreuses sociétés : Edgar Morin, dans Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur (seuil, 2000) en énumère un certain nombre. Ces contre-courants qui se développent et agissent le plus souvent localement dans des domaines précis et bien délimités sont souvent ignorés, mais n’en sont pas moins efficaces. D’autres, organisés nationalement ou internationalement, parfois sous la forme d’association ou d’ONG, s’attachent à soulager des souffrances provoquées par la montée de plus en plus forte de toutes les formes de violences (violence aux femmes, aux plus faibles, aux animaux, à la nature…), à tenter d’endiguer les puissances destructrices qui menacent la survie même de l’humanité. Tous ces contre-courants n’ont malheureusement pas conscience d’œuvrer dans une même direction : faire émerger une humanité plus humaine, où les différences seront considérées comme des richesses et non comme des signes d’infériorité ou de supériorité, où l’intérêt de chacun sera cherché dans l’intérêt de tous. Tous ces contre-courants sont voués, comme l’écrit Edgar Morin, à se développer : ils sont les dernières bouées qui empêchent le Titanic qu’est devenue l’humanité de sombrer. Mais pour cela, ils doivent se rencontrer, s’entre-transformer réciproquement. Le terrain de l’éducation constitue l’espace le plus favorable à ces rencontres. Il est le mieux à même pour amener chacun à poser un nouveau regard sur le réel, à permettre de se libérer des paradigmes anciens à l’origine des erreurs qui ont amené l’humanité dans les impasses actuelles, de conduire à plus de lucidité. Mais changer la pensée ne conduira pas automatiquement à transformer la société si ce changement ne s’accompagne pas d’une transformation profonde des relations interhumaines. Vivre ensemble ce n’est pas simplement vivre les uns à côté des autres : c’est vivre les uns avec les autres, coopérer, s’entre-aider. Et cela s’apprend : non pas par des discours, des leçons de morale, mais par la pratique quotidienne. Toutes les pédagogies qui se rattachent au mouvement de l’éducation nouvelle ont ceci en commun : la pratique de la coopération dans des projets communs, l’entraide, l’échange, le partage. Ce sont là les lignes directrices que nous suivrons à travers ce blog.