26 février 2018
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les troupes américaines stationnent sur l'archipel nippon. Le Japon a servi de base arrière lors de l'intervention des Etats-Unis en Corée dans les années 1950, et l'est de nouveau dans le cadre de l'intervention au Vietnam. De violentes manifestations contre les Etats-Unis et la guerre du Vietnam, menées principalement par la Zengakuren (l'Union nationale des comités autonomes des étudiants japonais créée en 1959 par des groupes révolutionnaires), ont lieu dès 1963 et tout au long de la décennie. Le courant le plus influent dans la lutte japonaise contre la guerre du Vietnam, c’est celui des Sampa Rengo (alliance de groupes trotskistes) qui représente environ 20% du milieu étudiant japonais.
En 1968, la lutte s'intensifie. Les étudiants s'en prennent d'abord aux symboles de la puissance américaine. En janvier, c'est le port de Sasebo qui est pris pour cible. Il doit accueillir le porte-avions USS Enterprise. Plusieurs milliers d'étudiants affrontent la police pour l'empêcher d'amarrer.

Source: IVème Internationale, Février 1968
En mars, ils s'opposent à la construction d'un hôpital militaire américain à Tokyo, puis à l'aéroport de Narita où sont ravitaillés les contingents. Enfin, le 29 avril, les manifestants envahissent la base américaine d'Okinawa pour réclamer le retrait des troupes.
A ces revendications, s'en ajoutent de nouvelles comme la démocratisation des universités ou la prise de conscience des méfaits de la croissance économique sur l'environnement. Une fois encore, c'est une remise en cause des valeurs et des règles de la société de l'époque. Comme aux Etats-Unis, en France et dans quantité d’autres pays, les étudiants envahissent et bloquent les universités à partir de mai 1968 et jusqu'à la fin de l'été.
Les particularités du mouvement japonais sont l'organisation quasi militaire et l'extrême efficacité des manifestations. Casqués, armés de lances en bambou, se protégeant derrière des boucliers, les membres du Zengakuren sont divisés en unités pour affronter la police anti-émeute.
Les camarades japonais à l’action. Rien n’aura été trop ni trop vite pour arrêter le monstre impérialiste détruisant le Vietnam. Bataille de Narita:
Sur les Zengakuren, on peut lire Avant-Garde Jeunesse de janvier 1968 pages 26 et 27.
Concernant les étudiants japonais, on peut lire aussi ceci: Le radicalisme étudiant au Japon : une « révolution culturelle »?
Filmographie
Kashima paradise de B.Deswarte & Y.Le Masson (1973)
Le même jour…
- Grève en France des enseignants du second degré pour l’augmentation des crédits et une orientation démocratique pour l’enseignement.
- Premier meeting des comités d’action lycéens (CAL) : appel à faire la grève avec les professeurs contre la sélection.
- Les ouvriers de la chimie débutent une semaine de revendication à l'appel de la CGT et de la CFDT
Articles déjà publiés dans la série "1968 au jour":
- 5 Janvier 68: Dubcek accède au pouvoir en Tchécoslovaquie
- "Eh bien non, nous n'allons pas enterrer Mai 68", par A. Krivine et A. Cyroulnik
- 26 Janvier 68: Caen prend les devants
- 27 janvier 68: les lycéens font collection de képis de policiers
- 29 Janvier 68: Fidel écarte les dirigeants pro-soviétiques
- 31 janvier 68: Vietnam, l’offensive d’un peuple héroïque
- Mai 2018 : sous les pavés la rage, par Jacques Chastaing
- Mai 68 vu des Suds
- 6 Février 68: grand Charles et grand cirque à Grenoble
- 14 février 68: combat pour le cinéma
- 17-18 Février 68: La jeunesse européenne avec le Vietnam
- Mai 68 n’a pas commencé en mai, ni en mars, ni au Quartier Latin, ni à Nanterre
- 24 Février 68: Plate-forme commune FGDS- PCF
- 50 ans plus tard
- La revue L’Homme et la Société prépare un numéro spécial international sur Mai 68, regroupant des textes toutes disciplines confondues. Il ne s’agira pas de se retourner vers le passé avec nostalgie, mais au contraire de montrer comment cet événement a informé les cinquante années qui ont suivi. Les contributions devront être compatibles avec la ligne éditoriale de la revue, à savoir un parti-pris théorique rigoureusement anti naturaliste et un projet politique d’auto-émancipation récusant la logique paternaliste de l’émancipation. Consulter le texte complet de l’appel : http://calenda.org/433620
- A Paris du 2 mars au 14 avril : Mai 68 vu des Suds
Une série de rencontres et de débats publics pour comprendre les héritages politiques actuels des mobilisations mondiales émancipatrices des années 1965-1973
À l’initiative de Jacques Sauvageot, hélas brutalement décédé alors qu’ il préparait cette série de rencontres, le Réseau Sortir du colonialisme, le Cedetim et l’Institut Tribune socialiste (ITS) ont choisi d’évoquer Mai 68 à partir des Suds. Ils le font à l’occasion de la treizième Semaine anticoloniale et antiraciste, organisée en mars 2018. Six fondations et associations (Fondation PAM, ITS, Fondation Gabriel Péri, Fondation de l’ écologie politique, Fondation Copernic, Espaces Marx) ainsi qu’un centre de recherche (le Centre d’histoire sociale du Xxe siècle) soutiennent cette initiative, également soutenue et promue par Mediapart. L’objectif, explicité dans ce document est de mettre en lumière le « mouvement mondial de Mai 68 vu des Suds » au cours de la période 1965-1973, afin de comprendre comment ses ressorts profonds, trop oubliés, font encore sens et trace aujourd’hui.
Cette initiative débute par une séance inaugurale en Sorbonne, suivie de cinq débats publics au Maltais rouge - 40 rue de Malte, 75011- pendant deux semaines, permettant d’approfondir les situations par régions du monde, et d’une séance de clôture le 14 avril au CICP -21 rue Voltaire, 75011.
Programme ici.
Accès gratuit, mais inscription préalable obligatoire : https://framaforms.org/mai-68-vu-des-suds-1517309666