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 La laïcité est avant tout une question institutionnelle basée sur la séparation des églises et de l'état, de l'église et de l'école. Dans une période encore assez récente on désignait le camp laïque comme celui qui agissait sur le terrain politique pour faire respecter cette séparation et en dénoncer les entorses. Ainsi jusqu'en 1983 et depuis plusieurs décennies, les partisans de l'école laïque ont-ils manifesté pour que soit mis fin au financement, contradictoire à la séparation, des école privées par l'état.Aujourd'hui alors que la séparation institutionnelle est de plus en plus bafouée par des compromissions de plus en plus grandes, financement accru, collation des grades etc, alors que le Président de la république lui même bafoue par son positionnement et ses déclarations la séparation qu'il devrait incarner, on est entré dans une dérive dangereuse qui vise à faire de la laïcité une question « comportementale ».En même temps que d'un coté on y renonce (qui s'inquiète encore du financement public des écoles privées) la vide de sens on prétend d'un autre lui faire régler des problèmes qui ne la concernent pas ou la dépassent et face auxquels elle ne peut que se détruire (« se griller »)un peu plus elle même.Ainsi récemment avec le problème des sorties scolaires.Les enseignants ont la responsabilité de la sortie. Ils en définissent le but dans le cadre des programmes. Là est le contenu de l'acte pédagogique auquel s'applique les strictes exigences de neutralité et de laïcité. C'est aux enseignants en responsabilité des élèves et du contenu de l'enseignement que s'appliquent jusque dans leur tenue vestimentaire les exigences "du lieu civique" (R Debray) qu'est l'école. Par extension ces exigences concernent tous ceux qui dans l'école surveillent où exercent une fonction. Elles ne concernent pas les "mamans" qui accompagnent et s'associent de fait à un moment de la vie scolaire dont la "laïcité" est garantie en dehors d'elles. L'école rassemble ainsi autour de projets "laïques" des parents accompagnateurs dont la présence permet de sécuriser les sorties. Ces pratiques avec leur aspect convivial contribuent aussi, un peu, au rayonnement de l'école publique.L'analogie faite par le Haut conseil à l'intégration avec les jurés d'assise et les jury d'examen ne tient pas. Ces personnes extérieures à l'institution se trouvent dans la situation de garantir l'équité d'un jugement ou la qualité et l'équité d'un diplôme et elles perçoivent une rémunération. Alors qu'en matière de laïcité de l'enseignement, et la sortie scolaire est un acte d'enseignement, seul l'enseignant est et doit en rester garant: « pour cette partie capitale de l'éducation c'est sur vous, monsieur que les pouvoirs publics ont compté » disait jules Ferry en s'adressant à « l'instituteur » dans sa lettre de 1883.Il serait temps d' inverser la dérive actuelle galvaudant la laïcité en la réduisant à un « occidentalisme comportemental » dont elle ne peut et avec elle l'école publique sortir indemne.  Jean Michel Lahieyte