Dans ce calendrier de l’avent 2022, il y aura des écrivains déguisés en adjectifs. Ils se sont fait des noms tout seuls. On en a fait des adjectifs. Un inventaire à la Prévert avec ses ratons laveurs. Tout ça pour patienter avant de se voir offrir des livres à Noël

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Ceux qui me suivent ne s’étonneront pas de la présence d’un chanteur parmi les écrivains. Oui, les chanteurs qui aussi song-writers sont des écrivains comme les autres. La preuve par Dylan. Nobel de Littérature (2016). Et il se trouve que je sors un bouquin sur un album des Pogues en début d’année prochaine.
L’adjectif était prévu pour plus tard. Le 25 décembre, c’est toujours bien avec ce drôle de type né le jour de Noël, en 1957, dans le Kent. Actuellement (et depuis trente ans qu’on annonce sa mort), ça ne va pas fort pour le chanteur des Pogues. Il est à l’hôpital. Un lieu qu’il a toujours soigneusement évité. Pensez, on y interdit toute consommation autre que le plateau-repas thermo-scellé. Question collectif, MacGowan a toujours préféré les concerts à la restauration d’hôpital.
Il y a le Noël macgowanesque.
En période de Noël, son duo avec Kirsty MacColl, Fairytale of New York, est l’hymne des pubs anglais.Elvis Costello mit MacGowan au défi d’écrire la plus grande chanson de Noël. Shane MacGowan raconte : « Je me suis assis, j’ai ouvert une bouteille de sherry, sorti des cacahuètes et j’ai fait comme si c’était Noël. (…) C’est assez bâclé … mais c’est une balade irlandaise sur laquelle vous pouvez faire une valse rapide, particulièrement quand vous avez trois pintes dans le sang… (…) Mais la chanson est plutôt déprimante à la fin. Elle parle de ces vieilles stars irlando-américaines de Broadway qui se demandent à Noël si les choses vont aller.»
La chanson, dit-on, sera achevée dans un hôtel en Suède sur fond de fièvre et de double pneumonie mais pas loin du Père Noël. Les ondes, ça s’appelle.Comme titre Elvis Costello aurait suggéré «Christmas Eve in the Drunk Tank». Étrangement, la proposition n’a pas été retenue. Pas de Veille de Noël en cellule de dégrisement.
Il y a le rire macgowanesque.
Il n’a pas un rire condescendant. Un rire simple, clair. Enfantin.Dieu a regardé cette petite maison en Irlande et a dit : « Ce petit garçon, c’est celui que je vais utiliser pour sauver la musique irlandaise« Ses chansons réverbèrent de ces verbes communs : Fighting. Drinking. Living. Dying.
Shane se presse de rire de tout. Lot of Laughs.
Et il a le rire le plus étrange de la musique folk-rock-punk. Avec ou sans-dents, du fond de ce tunnel, résonne un cri archaïque. Il rit d’un rire qui siffle, comme un crotale, comme un rattlesnake. Le rire d’Ernest dans Rue Sésame. Comme une chaîne mal huilée. Comme un ballon crevé qui se dégonfle. Comme du Canal+ qui passe soudain en crypté. Comme une tondeuse à gazon qui heurte soudain une pierre. Comme un vélo qui déraille. Comme un sac de pierres qui roulent et qu’on remue. Comme un rire qui s’écroule. Un rire qu’on ne peut décrire qu’à quelqu’un qui l’a déjà entendu.
S’il savait que ce texte existe, il rirait bien le premier.
La voix macgowanesque est là. Gravée. Audio. Vidéo.
Avec le temps, va, rien ne s’en va, on n’oublie pas le visage édenté (redenté depuis), on n’oublie pas la voix. Et pour longtemps. Shane MacGowan a écrit des chansons que beaucoup prennent pour des chansons traditionnelles irlandaises.
L’artiste ne s’est pas imbibé – mauvaises langues ! – mais imprégné. Une preuve de ce que prophétise Springsteen, le Boss, dont le père était d’origine irlandaise. Parlant de Shane comme « The man », « The master », il assure que ses chansons deviendront des chants traditionnels. Bon, il ne faut pas trop analyser les textes de Shane MacGowan…L’humilité fait partie du personnage.
D’ici là souhaitons lui prompt rétablissement et que l’Esprit de Noël fasse un peu son boulot aussi. Noël est une période shanemacgowanesque, bon sang, Santa !