Lilibelle et Toumani auront 14 ans pour toujours, Aymen 15 ans. Tous les trois ont perdu la vie lors de rixes le mois dernier. Ces drames reflètent notre défaite, celle des adultes et de la société tout entière. Face aux phénomènes de délinquance, l'Etat, comme à son habitude, traite les conséquences et oublie les causes. Ainsi, il s'indigne, interpelle sur la violence juvénile qui exploserait et propose toujours les mêmes réponses sécuritaires dont on connait pourtant leur faible efficacité.
Si nous voulons protéger nos jeunes, il faut comprendre comment et pourquoi certains d'entre eux s'engagent dans des processus déviants, au point que leur empathie devienne si résiduelle que le violence se transforme en un mode d'expression ordinaire. Pour reprendre la phraséologie de Simone de Beauvoir, on ne nait pas délinquant, on le devient. On le devient au travers une histoire de vie qui faite de ruptures, de carences, de conditions sociales difficiles, de manque de repères, de difficultés diverses et de souffrance. Dans mes propos, il n'y a aucune connivence, aucune relativisation ou quelconque excuse à l'égard des actes délinquants (car je sais par expérience que cette critique est régulière). Je tente simplement d'expliquer, pas d'excuser, car c'est la compréhension du phénomène qui nous permettra de l'enrayer.
Cette lettre est destinée à tous les opportunistes, très présent dans le monde politique et éditorialiste, qui dénient les apports nécessaires des sciences sociales, qui refusent de comprendre les phénomènes de délinquance en s'accommodant seulement des arguments sécuritaires.
A toi l’opportuniste, l’inconvenance de cette lettre est une réponse à l’impertinence de ta pensée
- L'outil répressif mis en échec
- Comment devient-on délinquant ?
- Que produit la bande ?
- Quelles solutions apporter ?
- Sur l’autorité des parents
- La racialisation de la délinquance
- La délinquance n’est pas une affaire de blancs bourgeois
- L'outil répressif mis en échec *
Devant la délinquance juvénile, l’Etat a toujours cette posture qui le rend si méprisant : une indignation morale, suivie de discours tous plus inquiétants les uns que les autres sur la violence grandissante des jeunes, pour finir sur des réponses principalement pénales (augmentation des services de police et de leur armement, et durcissement des peines). Mais rien ne fonctionne et rien n’est plus logique. On ne règle pas un problème social avec seulement des mesures pénales. Cette erreur laisse penser au sens commun que la justice est laxiste. On oublie donc vite que la France a engagé une politique d’emprisonnement de masse il y a 40 ans en doublant sa population carcérale entre 1975 et 1995, un taux qui bat chaque année des nouveaux records1. On oublie que le droit ou la procédure pénale sont réformés tous les 6 mois en moyenne depuis les années 902, comme l’ordonnance de 1945 qui a été réformée au moins 24 fois et 12 fois depuis 2002 en durcissant toujours les peines. Pour la justice des mineurs, le taux de réponse pénale n'a cessé d’augmenter au cours des années 2000, passant de 77% aux alentours de 90 % ces dernières années. Pendant l'ère Sarkozy, la guerre de l'Etat contre la délinquance par l'outil répressif n'a pas fonctionné. En effet, entre 2002 et 2010 le niveau de répression a augmenté de 75 % pour l’usage de stupéfiants, et de 72 % pour les gardes à vue (2001-2009), sans résultats positifs.
La délinquance juvénile est réelle mais elle sert d’épouvantail à l’Etat. Elle est un vecteur d’opportunisme lorsque celui-ci doit retrouver une légitimité. Les lois sécuritaires, bien que très faiblement efficaces, sont les meilleures actions symboliques à réaliser lorsque le pouvoir est mis en défaut. D'une part, l'Etat donne l'impression de faire quelque chose car c'est visible (plus de police, plus de peines, plus de vidéo-surveillance). D'autre part, l'action sécuritaire est un levier émotionnel qui fait gagner des voix aux élections.
Mais toi l’opportuniste, tu dois à ce stade m’insulter d’être anti-républicain
- Comment devient-on délinquant ? *
La question centrale de la délinquance des bandes est de comprendre ses processus afin d’intervenir en amont, de les neutraliser ou du moins, de diminuer leur portée. Depuis l’Ecole de Chicago, nous savons que ce n’est pas un certain type d’individu qui favorise la délinquance, mais un certain type de territoire qui accumule un ensemble d’handicaps structurels : chômage, pauvreté, précarité, bâti insalubre, dégradation des services publics, la faiblesse des équipements socio-éducatifs etc. La sociologie moderne nous amène un nouveau critère, celui de l’échec scolaire, qui serait le plus déterminant aujourd'hui. Voici donc le triptyque proposé : famille, école, et territoire.
Le premier élément se situe dans les conditions d’existence de la famille, déterminées par les structures propres au régime totalitaire capitaliste. La désaffiliation, la disqualification sociale, la pauvreté, la précarité et le chômage, le mal-logement, font passer les familles de l’injustice à l’humiliation sociale. La violence symbolique peut être exacerbée par leur dépendance aux services sociaux. Par ailleurs, des études menées à partir des histoires de vie d'adolescents délinquants montrent que des violences intrafamiliales d’ordre physiques, psychologiques ou sexuelles, sont parfois présentes à l’encontre des enfants et/ou entre les parents. Ces maltraitances fragilisent leur construction identitaire, dénient leur intégrité physique et psychique, et provoquent des mécanismes psychotraumatiques qui peuvent les accoutumer aux situations de violences. Ces études montrent également que certains ont perdu très tôt un des parents, majoritairement le père, ou encore que les parents sont parfois sujets à des troubles psychiques (dépression, alcoolisme), ou à d'autres maladies.
Le deuxième élément est l’échec scolaire. La concurrence méritocratique représentée par le classement des notes fait vivre une nouvelle humiliation sociale et symbolique. Dans de nombreux travaux, on constate que les parcours scolaires des jeunes délinquants sont chaotiques. Ces conséquences sont en partie le fruit de l’origine sociale de la famille et de la faiblesse des capitaux scolaires des parents. Pierre Bourdieu a parfaitement montré que l’école joue le rôle principal de la reproduction légitime des inégalités sociales et économiques produites par l’exploitation capitaliste. D'ailleurs, les sociologues Millet et Croizet montrent que la violence symbolique exercée par l’école contre les classes prolétaires commence dès la maternelle avec un « racisme de l’intelligence ». Tout au long de la scolarité, l’institution produit donc son rapport de classe en faisant croire aux jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme qu’ils s’autoexcluent, alors que cette ''autoexclusion'' n’est que la finitude d’un écrasement social qui condamne l'écrasante majorité des classes populaires au statu quo de leur condition, et dont une minorité de jeunes prolos choisiront la déviance juvénile.
Enfin, pour comprendre comment sont favorisés les parcours délinquants, il faut rajouter l’importance du territoire. Celui-ci rassemble un nombre important de handicaps : chômage, pauvreté et précarité sociale, dégradation des services publics, faiblesse des équipements socio-éducatifs, bâti ancien-dégradé-insalubre, ségrégation spatiale qui regroupe les familles les plus démunies et stigmatisées dans un entre-soi etc. C'est au sein de celui-ci que va se former les bandes. Face à la disqualification scolaire et aux conditions familiales défavorables, la figure du délinquant devient accessible et la bande une opportunité. Celle-ci se construit par un regroupement de jeunes qui ont en commun leur image symbolique discréditée, et qui s'inscrivent dans un territoire qui cumule un grand nombre de handicaps socio-économiques.
La délinquance dans les quartiers est une violence capitaliste. En dernière analyse, c'est lui qui conditionne les conditions sociales et économiques des familles prolétaires par l'application de son rapport social princeps qu'est l'exploitation économique. C'est lui qui élimine les classes populaires de l'école méritocratique par la compétition scolaire, une institution qui reproduit les rapports sociaux de domination et les inégalités qui en découlent. C'est également ses mécanismes de marchés qui créent des quartiers ségrégés ethniquement et socialement, faisant vivre les familles ouvrières majoritairement racisées dans un environnement matériel dégradé. Même en matière de délinquance, c'est l'Etat qui fixe le degré de violences qui s'exercent dans la société.
Mais toi l’opportuniste, par ma polarisation sur le capitalisme, tu dois en toute logique atteindre l’injure du gauchiste-stalinien
- Que produit la bande ? *
La bande apporte à ces jeunes une possibilité d’être autre chose face au discrédit scolaire et familial. Elle va devenir une ressource émotionnelle pour ceux qui la composent, et le modèle délinquant une tentative de réappropriation de soi en s’affirmant dans un contre-modèle. Si les voies sociétales qui permettent des formes de reconnaissance sont difficilement atteignables pour ces jeunes (diplôme, travail, culture, art, sport etc), alors « la délinquance devient valorisante quand il n’y a plus aucune autre valorisation » comme me l’avait exprimé le médiateur Yazid Kherfi. Face aux déficits des institutions de socialisation, la bande devient donc un espace de construction identitaire et de revalorisation de soi. Ses activités – qui ne se résument pas à la violence – vont permettre aux jeunes d’augmenter leur capital-estime par des gratifications symboliques.
Alors que la bande anesthésie la souffrance individuelle par sa vitalité collective, le territoire construit son unité en développant des sentiments d’appartenance, avec son intégrité à préserver et sa réputation à défendre. Si les jeunes se battent entre eux, c’est majoritairement pour des enjeux de réputation liés au territoire ou à la bande. L’aliénation de la délinquance est que l’affirmation de soi et la reconnaissance d’autrui passent en partie par la pratique de la violence, et par un mécanisme de défense qu'est le retournement du stigmate. Le stigmate du ''délinquant'' proféré par la société est approprié par le délinquant lui-même qu'il revendique symboliquement comme faisant partie de son identité. Il suffit de voir comment les bandes se mettent en scène sur les réseaux sociaux : « je suis délinquant donc je suis ».
Je dois le répéter à chaque fois, dans mes propos, il n’y a ni connivence, ni angélisme, ni dénégation des souffrances des victimes. J’explique simplement dans une dimension psycho-sociologique par quels processus un jeune peut choisir une ''carrière délinquante''.
Mais toi l’opportuniste, tu dois à présent me soupçonner d'être un pseudo-sociologue qui excuse la délinquance au détriment des victimes
- Quelles solutions apporter ? *
Tous les gouvernements bourgeois répètent la même chose : présence policière, durcissement des peines, absence d’autorité des parents, et quelques mesurettes éducatives.
Sur la question pénale, il y a des possibilités - si on y met les moyens humains et financiers - qui ont des résultats plus positifs que le durcissement des peines et la présence policière : la préparation et l’accompagnement de la sortie de prison, les mesures éducatives contraignantes comme les Centres Educatifs Fermés composés de travailleurs sociaux, et les mesures judiciaires non-contraignantes (mesures alternatives aux poursuites) qui s’adressent en majorité aux primo-délinquants et/ou à des infractions de faible gravité. Malgré cela, les mesures et les sanctions éducatives régressent tout comme les dispenses de peine, avec une augmentation de l’emprisonnement ferme pour les majeurs. La tendance générale est donc une justice davantage punitive4.
Il faut changer de paradigme en développant une pluralité de dispositifs alternatifs à la prison. Il faut un ensemble de professionnels qui coopèrent ensemble au contact de ces jeunes. Il faut travailler avec eux leurs déviances pour les ramener progressivement dans un ordre empathique afin qu'ils comprennent que les voies de la violence sont inutiles. Il est donc indispensable de réaffirmer la nécessité de la prévention. Ces jeunes en perte ou sans repères ont eu des carences dans leur processus de socialisation. Il faut donc les détecter, les comprendre, les analyser, pour travailler dessus et infléchir les parcours de vie déviants, mais également agir sur eux en amont dès les premières expériences de socialisation. S’il doit y avoir un renforcement de professionnels dans la rue, augmentons la présence de travailleurs sociaux plutôt que les forces de police armées au LBD. Par ailleurs, l'investissement dans notre service public, dans le tissu associatif local et les équipements socio-éducatifs (sport, culture, art) doit être l'une des priorités pour proposer des supports d'identifications positives pour ces jeunes.
Il faut également encourager les expérimentations locales. Je pense à Yazid Kherfi qui défend les dispositifs nocturnes. Si pendant la nuit, il y a des jeunes en souffrance en bas des immeubles, c'est à ce moment qu'il faut proposer une présence d'adultes bienveillants. Or les institutions sociales et éducatives délaissent ce temps. C'est pourquoi à la fin des années 90, le médiateur avait ouvert sa MJC à Chanteloup-les-Vignes en soirée pour accueillir les jeunes qui erraient dans l'ennui et sans objectifs dans les rues. Aujourd’hui, il met en place des médiations urbaines nocturnes qui permettent aux habitant.e.s des quartiers de se retrouver en soirée avec les jeunes.
Certaines expérimentations apportent également des supports d’identifications collectives positives. Je pense à l’association « Espoir et Création » du Val d’Oise qui a lancé le Clean Challenge en 2019. Les jeunes des banlieues se sont organisés pour nettoyer leur quartier et des dizaines de territoires ont relevé ce défi écologique. Je pense également à l’association MaGab à la Grange-aux-belles qui organise des rencontres entre les mères de famille qui habitent respectivement dans des cités « rivales ». Elles créent des liens et se réapproprient une force collective pour mieux intervenir auprès de leurs enfants afin de promouvoir le vivre ensemble, et de désacraliser les affrontements entre les bandes.
Mais toi l’opportuniste, par mon athéisme du pénal, tu dois m’accuser d’être cet éducateur laxiste qui déresponsabilise les parents.
Justement, ça va arriver.
- Sur l’autorité des parents
En toute logique, je suis d'accord pour admettre que les parents ont une responsabilité dans l'éducation de leurs enfants. Cependant, il faut prendre en compte de nombreux paramètres dans l'exercice de la parentalité. Tout d’abord, l’exercice de l’autorité est favorisé par des conditions matérielles et environnementales qui, lorsqu’elles sont dégradées, compliquent l’activité parentale. Le chômage, la pauvreté, la précarité sociale, les horaires décalées, la pénibilité du travail, le surpeuplement qui produit des tensions et des contraintes domestiques, le climat du territoire, des capitaux culturels faibles (plus de 2 millions d’adultes ont des difficultés à parler, à lire et à écrire en français) etc, sont autant d'éléments qui fragilisent la figure parentale. Ensuite, ceux qui ressentent des difficultés ne sont pas démissionnaires, ils sont disqualifiés sur le plan éducatif. Certains modes de l'assistance sociale (travail social et l’école) ont par le passé – et encore aujourd’hui - infantilisés les parents face à leurs difficultés. Devant cette stigmatisation symbolique et la honte qui en découle, certains mettent en place des stratégies d’évitement, de repli, de refoulement, de dédramatisation, de déni, lorsque leurs enfants sont catégorisés comme « enfant à problème » par l’école ou les services sociaux. Car la réalité est que l'entrée dans la délinquance d'un enfant est toujours vécue comme un drame par la famille.
Selon Laurent Mucchielli, l’échec scolaire est le facteur dominant de l’entrée dans la délinquance, et Marwan Mohammed montre qu'il est souvent la cause principale des tensions dans la famille. D’où l’intérêt fondamental d'une part de développer des dispositifs de soutien scolaire à l'échelon du local. D'autre part de soutenir les parents qui ressentent des difficultés dans l’application de leurs fonctions parentales au travers des dispositifs d’aide à la parentalité, qu’il faut généraliser à l’ensemble du territoire.
Je pense également aux expérimentations locales autogestionnaires comme le syndicat Front de Mères de Fatima Ouassak. Il permet aux mères des quartiers - celles que les pouvoirs politiques nomment outrageusement démissionnaires - de se constituer en sujet politique afin de lutter contre les discriminations et les violences produites par les institutions étatiques contre leurs enfants. L’auto-organisation dans les quartiers est une voie d’éducation populaire à promouvoir, mais tout le monde sait qu'elle sera toujours combattue par l’Etat car celle-ci échappe à son contrôle.
Les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités pour accompagner les familles dans le besoin, sans paternalisme ni culpabilité, et en laissant les initiatives locales se développer.
- La racialisation de la délinquance *
Une bonne part d'éditorialistes qui pullulent sur les chaines d'info en continu - CNEWS en tête de gondole avec son prince Eric Zemmour - aiment se raconter une histoire : la culture explique la délinquance. C’est le modèle culturaliste. L’islam, la culture magrébine et subsaharienne auraient un rôle fondamental dans les conduites déviantes, en témoigne la surreprésentation des personnes non-blanches dans la délinquance des bandes des quartiers populaires.
Si la dernière partie du constat est réel, l'explication est fausse, qui plus est, fondamentalement raciste. Comme je l’ai déjà exprimé, ce n’est pas un certain type d'individu qui favorise la déviance, mais un certain type de territoire qui cristallise les dominations capitalistes les plus profondes. Si l’ensemble de la population française est confiné – momentanément - depuis maintenant un an, les prolétaires racisés le sont socialement depuis une trentaine d’années au sein des quartiers paupérisés. Si des élus politiques et des éditorialistes se plaignent qu’il y a des « bandes ethniques », donc des jeunes qui se choisiraient en fonction de leur couleur de peau, la réalité est que l’Etat bourgeois fabrique des quartiers ségrégés dans lesquels il assigne certains groupes sociaux et ethniques. Les bandes ne sont donc qu’à l’image des territoires ségrégés construits par l’Etat bourgeois et les marchés capitalistes.
N’en déplaise aux racistes, les facteurs qui favorisent la délinquance juvénile ne sont pas des données culturelles mais sociales et économiques presque « universelles » et « intemporelles », que l’on soit blanc ou non, tout comme ces facteurs expliquaient déjà la délinquance du siècle passé « quand il n’y avait quasiment pas d’« Arabes » ni de « Noirs » en France, mais qu’il y avait déjà de la délinquance. » Même les Renseignements Généraux ont admis que pour les émeutes de 2005, « ni la culture, ni l’Islam, n’ont joué un rôle dans les émeutes urbaines » contrairement aux idées reçues culturalistes.
C'est un comble du paradoxe ! Alors que les petits-bourgeois blancs accusent sans cesse les anti-racistes de racialiser la question sociale, ils racialisent la question de la délinquance par la théorie culturaliste bien que celle-ci soit infondée scientifiquement ! Par ailleurs, Marwan Mohammed montre que la religion, principalement l’islam, est un facteur qui permet à certains jeunes de sortir de la délinquance car elle procure un apaisement psychologique, une nouvelle image de soi dans le quartier, des nouveaux repères, et parfois une réintégration familiale. L’islam n’est donc pas un facteur qui favorise la délinquance, mais au contrainte un facteur qui permet d’en sortir.
Mais toi l’opportuniste, tu dois maintenant m'incriminer d’islamogauchiste
- La délinquance n’est pas une affaire de blancs bourgeois *
Pour finir, je me suis toujours demandé pourquoi la délinquance des jeunes racisés des classes populaires est si stigmatisée, contrairement à d’autres formes comme la délinquance en col blanc composée principalement d'hommes blancs bourgeois ? Et malgré que celle-ci provoque des ravages sociaux et économiques sans précédent au-delà même de notre pays, elle est relativisée, excusée voire même valorisée – comme la fraude et l’évasion fiscale - par nos bourgeois libéraux. On déroule même le tapis rouge à ces délinquants sur les plateaux de télévision : le mercredi 3 mars, Sarkozy était sur TF1, Carlos Ghosn sur LCI, Patrick Poivre D'Arvor sur TMC, et Isabelle Balkany sur C8. Je pense également au député Eric Ciotti qui, lorsqu’il est interrogé sur les actes délinquants du fils du directeur général de la police, affirme qu’il est « scandaleux » de stigmatiser ce père que famille car « tout le monde peut avoir des problèmes avec ses enfants. ». C'est pourtant ce même Ciotti qui veut retirer les allocations familiales aux familles de classes populaires pour les mêmes raisons !
Le racisme social et ethnique fonctionne à merveille chez ces hommes blancs bourgeois qui détiennent les postes de pouvoirs économiques et politiques, leur permettant ensemble de se disculper de leurs méfaits en condamnant ceux des autres.
Homme Blanc Bourgeois ? Tu dois maintenant m’accuser d’être un indigéniste !
Toutes les sources de cet écrit sont à retrouver dans mon dossier de recherche sur la délinquance
[1] Sous la direction de Serge Paugam, 50 questions de sociologie, PUF, 2020, p452
[2] Idid, p 439
[3] bid p277
[4] ibid, p444