Rentrée des clashs
épisode 7 - « Parenthèse sur une importante question d’éthique... »
Pour accéder aux épisodes précédents :
épisode 1 « les signes avant-coureurs »
épisode 3 : « l’administration réagit enfin … ou pas ... »
épisode 4 : « le coup de grâce »
épisode 5 - «… où l’on apprend que le CITIS n’est pas un arbre à fleurs jaunes ... »
épisode 6 - « l'éteignoir ... »
J’interromps, l’espace d’une seule chronique, le compte rendu objectif et chronologique des péripéties, que je reprendrai dès la prochaine, pour poser une question incontournable, s’agissant du fonctionnement de notre « grande et respectable » Éducation Nationale.
Une question dont les épisodes écoulés permettent largement d’étayer la pertinence, au point où nous sommes rendus.
Une question à laquelle je vais donner une forme de réponse, tout en reconnaissant par avance me départir, dans le cadre de cette parenthèse, de l’objectivité et de la volonté de présenter exclusivement des éléments factuels, en me permettant, parce que ce problème me tient beaucoup à cœur, certaines « glissades » de côté de l’émotion, du sentimental, du passionnel… Même si la formulation de départ de la question appellerait plutôt une réponse sans détour.
Cette question, la voici :
« Qu’est-ce qui garantit, au sein de notre administration, qu’un enseignant remplit convenablement sa tâche d’enseignement vis à vis de ses élèves ? ».
1) Analyse de la pertinence au regard du récit déjà écoulé :
Avant d’explorer les pistes de réponse, il est indispensable de vous faire comprendre où je veux en venir, à poser cette question au cœur d’une série de chroniques décrivant les tribulations qui m’ont progressivement conduit à ne plus pouvoir assurer mes cours, alors que c’est une activité qui était mon quotidien depuis 36 ans …
Il se trouve que, du jour au lendemain, quelques parents d’élèves anonymes, se sont plaints de ce que j’étais connu comme un professeur « ne finissant jamais son programme de 1ère S ».
Si j’avais su qui étaient ces parents, je leur aurais montré moi-même, en détail, ma progression, et je leur aurait demandé quelles sources les avaient convaincus d’un tel mensonge. Mais cela m’était impossible, je ne savais même pas à qui m’adresser ...
Cette accusation était tout de même facile à vérifier par l’administration, qui est censée de surcroît disposer des moyens pour cela.
Dès que j’ai appris l’existence de ces courriers, j’ai moi-même demandé qu’une enquête fasse toute la lumière sur ce point et qu’une réponse soit donnée à ces parents …
Mais cette enquête, qui était facile à mettre en œuvre, et si déterminante compte tenu de l’enjeu, n’aura jamais lieu !… Et la réponse ne fut jamais donnée par l’administration aux parents.
On voit par là que l’intervention, ou l’absence d’intervention, selon les moments, du corps de inspecteurs (IPR) tout au long de ce parcours a été un des éléments les plus décisifs au marasme final.
Le lecteur de ces chroniques est en droit de s’étonner, parmi tous les faits que je rapporte, de ne trouver aucun « rapport d’inspection » sur toute la période de 2018 à 2021 compris, alors que pesait sur moi, avec un signalement au Rectorat, une telle accusation d’incompétence et de négligence …
Il n’y eut pas d’inspection ! Pourquoi ?...
Dans un premier temps, parce que l’IPR en responsabilité du secteur refusa de donner du crédit au courrier initial sur la base de simples « on dit » . Organiser une inspection, c’était admettre qu’il y avait un doute … à ce moment-là, j’ignorais encore l’existence des courriers ! C’est le Proviseur qui m’informa sur le refus de l’inspectrice, qu’il présentait comme « dans mon intérêt »…
Quelques mois plus tard, la même IPR acceptait, aux dires du proviseur, de jeter un coup d’œil à mon travail et d’avoir un entretien avec moi … mais les conditions avaient changé : je venais de prendre connaissance du premier courrier, celui où un parent affirme que c’est le proviseur qui avait tout organisé et qu’il prévoyait de me faire inspecter … Cela m’a rendu beaucoup plus méfiant.
Mais le point à vérifier était plus simple que cela, et ne nécessitait même pas une inspection !… Il suffisait de reprendre le cahier de texte numérique de mes classes de 1ère S des années précédentes pour constater que j’avais parcouru le programme dans son ensemble. Et cela aurait coupé court à la rumeur de manière définitive.
Comment se fait-il que malgré mes demandes, cette vérification n’ait jamais eu lieu ?
Ou bien, a-t’elle eu lieu ?… et a-t’on considéré préférable de ne pas en faire état parce qu’on avait intérêt à ce que le doute subsiste ?…
Pour pouvoir notamment me refuser la protection au motif que, tout bien considéré, les propos des parents dans leur courriers « n’étaient pas si éloignés des fragments de rapports d’inspection » judicieusement sélectionnés et sortis de leur contexte...
Dans la suite de cet épisode, je vais évoquer des « contacts » avec plusieurs IPR de ma connaissance et leur réaction … ou pas ...
Contrôler la dimension pédagogique du travail des enseignants est la première raison d’être de l’Inspection Pédagogique Régionale !
C’est elle qui est donc LA réponse, sur le plan institutionnel, à la question posée.
Chacun peut maintenant comprendre que l’administration était en mesure, dès le début de cette crise, de vérifier le caractère infondé des reproches qui m’étaient faits, et donc, de me mettre en position de force pour y répondre.
Elle aurait, ce faisant , agi en conformité avec la loi, qui lui impose de protéger les fonctionnaires sous sa responsabilité contre les agressions commises dans le cadre de leur mission.
Elle a donc, en se gardant de toute réelle vérification, contrevenu à cette obligation.
Conclusion : Cette question du « qui se charge de vérifier la conformité de l’enseignement d’un professeur aux programmes et aux instructions ? » est finalement bien une des clés principales de compréhension de ce qui n’a pas bien fonctionné (… on notera l’euphémisme …) dans le respect de cette obligation de protection du fonctionnaire que j’étais.
2) le rôle et la compétence des personnels de Direction en matière de pédagogie …
Jusqu’à la création du corps des IPR, en 1964, les seules personnes habilitées à inspecter les agrégés étaient les inspecteurs généraux ! Il en était ainsi depuis Napoléon 1er !
C’est la massification de l’enseignement secondaire public qui a rendu nécessaire la création de ce statut intermédiaire, les IPR, relayant l’autorité de l’inspection générale, qui a lui-même subi de nombreuses et importantes évolutions depuis sa création, notamment par l’adjonction à ses missions initiales celle de « conseiller du Recteur », ce qui s’est traduit dans la dénomination :
L’IPR est devenu IPR-IA , puis IA-IPR.
Le mode d’évaluation, le protocole de l’inspection, ont aussi évolué s’éloignant progressivement de la simple observation d’une heure de cours à une prise en compte plus importante du contexte (l’équipe enseignante ; la répartition des services, le regard du chef d’établissement …)
à ce qui était une séparation dichotomique et indépendante de l’évaluation entre « l’administratif » (assiduité- ponctualité-rayonnement) et le pédagogique (respect des programmes et des instructions pédagogiques- compétences pédagogiques- cohérence des progressions- etc …), a succédé progressivement le principe d’un « croisement des regards » entre le chef d’établissement et l’inspecteur …
Parallèlement à cette évolution, les attributions du chef d’établissement en matière pédagogique, se sont vues renforcées, notamment dans le cadre d’une autonomie renforcée des établissements.
Ces nouvelles attributions du chef d’établissement ne concernent pas, à proprement parler, l’évaluation pédagogique des enseignants, mais ont certainement suffi à faire tomber l’ancienne « étanchéité » qui existait entre les deux « versants » de l’évaluation.
Un troisième « élément d’évaluation » est venu s’immiscer dans tout cela, de manière inopinée, et pour ainsi dire, « par effraction » ...
Sous couvert de l’accueil fait aux parents d’élèves en tant que partenaire, et qu’acteur à part entière, dans les décisions de l’établissement, un glissement s’est produit chez certains d’entre eux, de plus en plus nombreux au fur et à mesure de cette transition, qui ont cru pouvoir :
- participer à l’évaluation des professeurs de leurs enfants comme s’ils en étaient les employeurs, voire les consommateurs en exprimant leur avis auprès de la direction …
- participer à l’évaluation de leurs propres enfants, en adressant des consignes ou des reproches aux enseignants, ou des commentaires à l’administration sur les pratiques supposées des enseignants, sur la base de leur interprétation des témoignages indirects, mais pourtant si avisés et si objectifs selon eux, de leur progéniture (la vérité ne sort-elle pas de la bouche des enfants ?)…
Il est donc important de se poser, après cela, la question de ce que peut valoir, au niveau de l’évaluation pédagogique d’un enseignant, l’avis de son chef d’établissement.
En effet si les modalités de l’inspection par un IA-IPR de discipline peut déjà donner le flanc à des critiques sur le plan de l’objectivité de la note résultante comme permettant de qualifier la « valeur pédagogique » de l’enseignant (ne serait-ce que du fait de la très faible périodicité des inspections), qu’en serait-il d’une évaluation pédagogique dans laquelle serait pris en compte le « regard croisé » avec un chef d’établissement :
- alors que la formation de cette personne sur la didactique et la pédagogie relative à la discipline de l’enseignant est totalement inexistante, à l’instar la plupart du temps que le niveau des connaissances qu’il enseigne ...( un proviseur est souvent incapable de suivre un cours de maths de terminale scientifique … alors donner son avis sur les qualités pédagogiques de l’enseignant …)
-alors que cet avis se résume, dans le meilleur des cas, à une impression d’ensemble liée aux « échos » qui lui parviennent par le contact avec les collègues et les parents d’élèves, qui sont donc fatalement parasités et largement déformés par des affects liés aux relations entre ces personnes, sans aucun moyen de discernement de ce qui relève de la seule responsabilité de la personne à évaluer …
- Et, dans le pire des cas, il s’agit d’un jugement de valeur direct, sur la base du seul ressenti du chef d’établissement, auquel on accorderait du crédit simplement parce qu’il occupe le poste de supérieur hiérarchique !
Il est bon, afin de peser l’importance de cette question de rappeler certains points importants sur les recrutements comparés de certains enseignants et des personnels de direction … Et, pour être au plus près de la situation qui nous occupe dans ces chroniques, de comparer le type de recrutement des professeurs agrégés (mon cas...) et celui des proviseurs et proviseurs-adjoints qui ont été en charge de l’établissement entre 2017 et 2021.
J’ai passé le concours interne de l’agrégation dans les premières années de son existence. Il s’agissait d’un concours dont les épreuves, 2 écrits et deux oraux, étaient du même degré de difficulté, portaient sur le même programme, et avaient sensiblement le même Jury (composé d’Inspecteurs Généraux, IPR, et universitaires), que l’agrégation externe.
Il était en outre, à l’époque, particulièrement sélectif. La concurrence était rude à vouloir passer du statut de Certifié à Agrégé … Il y avait environ 400 « élus » sur 2000 candidats. Et je fus reçu au 64ème rang, ce qui devrait, à tout le moins, rassurer sur mon niveau de maîtrise de la discipline que j’enseignais … Quant à la pédagogie …
S’agissant d’un concours interne, l’État et l’Administration faisaient l’économie de toute formation pédagogique supplémentaire, considérant, à très bon escient d’ailleurs, que les néo-agrégés avaient déjà « fait leurs armes » au cours de leurs années de certifiés.
Quant au Concours de recrutement Personnel de Direction de l’Éducation Nationale, il est ouvert en principe à une grande quantité de fonctionnaires de catégorie A en poste (avec un minimum d’ancienneté ) mais, dans les faits, ce sont statistiquement , chaque année, des hordes d’enseignants, qui s’y présentent comme candidat, et qui y sont recrutés. Ce point là ne serait pas gênant si les enseignants en question avaient tous connu un parcours « paisible » et sans problème particulier avec leur environnement professionnel dans notre institution …
Seulement voilà, un professeur agrégé, qui « vit bien » son métier , qu’il assure de manière satisfaisante, et qui lui plaît, trouvera parfois intéressant de passer le concours pour devenir IPR, car il pourrait alors y faire partager son expérience, sa culture, son amour de la discipline enseignée, tout en étant mieux rémunéré, et peut-être moins fatigué, ce qui constitue une « sortie par le haut » puisqu’y sont sélectionnés les « meilleurs » ; mais il n’en est pas du tout de même pour le concours de Personnel de Direction, dont l’activité est aux antipodes de son quotidien et pour lequel la sélection ne tient aucun compte de ses compétences dans sa discipline !
Le résultat, c’est que statistiquement, les enseignants qui deviennent personnel de direction sont, au mieux des « déçus », et au pire des « aigris », de l’enseignement ...
Alors, oui, sans doute, dans le lot d’enseignants reconvertis à la direction d’établissement, en trouvera-t-on quelques uns qui sont sincèrement attirés par la perspective d’une activité captivante, motivante, intéressante ... j'en ai rencontrés moi-même ... mais on en trouvera incomparablement moins que des enseignants qui vivent mal une situation d’échec professionnel … D’ailleurs qui pourrait leur reprocher de tenter leur chance pour une reconversion ?…
...Et parmi ces derniers, n’est-il pas raisonnable de penser que certains, en plus de voir dans cette reconversion, un moyen d’échapper à une condition qu’ils vivaient douloureusement, y voient aussi un moyen d’assouvir une sorte de vengeance envers leurs collègues enseignants « mieux adaptés » ou plus chanceux, qui ne souffrent pas de leur métier, et qui vont se retrouver par le seul effet de la réussite du concours, « sous leur autorité » … autant dire sous leur « domination » tant il saute aux yeux que le rapport de force a changé !
J’ai connu deux proviseurs-adjoints consécutifs qui entrent très clairement dans cette dernière définition. Deux « promus chefs » qui n’ont jamais compris, aussi longtemps que je les ai côtoyés, qu’il n’y avait que deux types d’autorités respectables :
- tout d’abord l’« autorité » que l’on trouve dans l’expression « faire autorité » … c’est à dire celle qui s’impose par le déploiement de ses compétences et de ses qualités, et qui ne nécessite ni diplôme ni concours. Cette autorité-ci est liée à la personne elle-même.
- Et puis il y a celle de l’expression « avoir autorité à » … Qui, contrairement à la précédente, est liée à une reconnaissance légale qui l’institue tout en circonscrivant explicitement le domaine d’application de la dite autorité. Cette autorité-là est liée à la fonction, à la mission, en aucun cas à la personne …
Bien sûr, la situation idéale, c’est lorsque c’est une personne qui « fait autorité » qui se trouve « avoir autorité à » ...
Mais l’autorité que tentent d’incarner ces individus décrits ci-dessus, en se haussant pour « prendre de haut » les enseignants, n’a plus rien à voir avec l’autorité. C’est au mieux de l’autoritarisme, lorsqu’ils parviennent à être crédibles … au pire de la bouffonnerie !
Et donc, parmi les gens à qui l’on convient de confier l’évaluation pédagogique des enseignants, il faudrait admettre que l’avis de tels chefs d’établissements puisse avoir le moindre intérêt ?
Enfin que dire d’une situation comme la mienne, où le chef d’établissement est signalé à l’administration centrale pour des faits supposés de harcèlement moral au travail … La plainte au pénal est déposée, et un juge d’instruction a été désigné pour envisager des poursuites éventuelles, un dossier en contentieux administratif est en cours pour ce qui concerne la protection fonctionnelle que la Rectrice lui a refusée …
Et c’est dans ces conditions qu’arrive la procédure de campagne de promotion à la Classe Exceptionnelle … Il y a deux avis hiérarchiques à remplir dont celui du chef d’établissement …
Quel crédit accorder à l’avis du chef d’établissement qui, dans ces conditions, écrit : « Monsieur Rodriguez est un professeur qui n’a pas toujours rempli ses obligations professionnelles, avis réservé. » ???
À quelle espèce d’objectivité prétend-on parvenir dans ces conditions ?
3) Et l’avis de l’IPR, alors ?…
En fait cet avis n’est pas un avis nominatif. Il s’agit d’après ce que j’ai compris d’un avis concerté au sein du groupe des IPR de la discipline…
C’est d’ailleurs l’une des raisons qui m’ont poussé à consacrer un épisode de mes chroniques à cette question de l’évaluation.
Car je connais personnellement deux des 8 inspecteurs de ce groupe, et je reste estomaqué qu’ils aient pu « laisser passer » l’appréciation qui m’a été attribuée dans le cadre de cette campagne et que voici :
« Si Monsieur Rodriguez est un professeur rigoureux, qui a à cœur sa discipline, nous l’invitons à adapter davantage son enseignement à la diversité de son public »
4 années plus tôt, l’appréciation donnée dans le cadre de la campagne de promotion à la hors-Classe des agrégés par le même groupe d’inspecteurs, était autrement plus dithyrambique, avec un avis très favorable à la suite d’une inspection récente …
Entre deux, l’Inspecteur avait changé de secteur, et la nouvelle inspectrice n’avait procédé à aucune nouvelle inspection sur laquelle appuyer la charmante appréciation ci-dessus .
Mon enseignement n’avait pas changé, mes méthodes, mes pratiques, mes progressions, ma « rigueur », étaient les mêmes. D’où a bien pu sortir cette « inadaptation de celui-ci à la diversité de mon public » alors que j’intervenais sur les mêmes classes et dans le même établissement ?… J’invite le lecteur à reprendre le tout premier épisode où je consacre un paragraphe à raconter quel enseignant je suis, pour comprendre à quel point cette allusion ne peut m’être accolée sans toucher au ridicule …
D’où ma conviction que dans le cadre du « devoir de loyauté » envers son administration, tout IPR présent lors de la réunion attribuant les appréciations, se devait de respecter sans broncher, une décision qui venait de « plus haut »… En particulier les deux inspecteurs que j’avais en estime, et que je n’aurais jamais cru capables de ce que je considère comme une lâcheté inqualifiable.
Le « devoir de loyauté » a bon dos quand il s’applique à ne pas s’opposer à une injustice dont on a connaissance et que l’on peut éviter.
Le plus jeune des deux était celui qui m’avait inspecté en 2015 et qui m’avait sollicité ensuite pour participer à la confection des sujets pour les Olympiades de Mathématiques les années suivantes. Cela nous donna de nombreuses occasions de rencontres au cours desquelles je pensais vraiment que nous avions lié une véritable amitié … J’ai du mal à le croire aujourd’hui.
Quant au plus âgé, notre relation fut beaucoup plus longue et beaucoup plus ancienne :
Nous nous étions connu au tout début de notre carrière, au centre de formation de PEGC de LILLE où nous venions d’être admis , premier et second au concours interne de PEGC Maths-Physique…
Il est devenu très rapidement, mon meilleur ami ! Nous partagions tous nos rêves, toutes nos luttes, nous connaissions tout l’un de l’autre …
Nos parcours furent jumeaux pendant une quinzaine d’années : Il passa le CAPES l’année après moi, et mon succès à l’agrégation interne le motiva à tenter le même concours et à le réussir …
Et puis nos voies se séparèrent suite à un « accident de la vie », mon divorce, qui me conduisit à cesser notre relation : il avait choisi de garder le contact avec mon ex, alors que je tenais de mon côté à couper les ponts définitivement et radicalement avec elle.
Après un long séjour dans une autre académie, je suis revenu en 2010, et j’appris, qu’entre-temps, il était devenu IPR …
Nous avons été, depuis, amenés à nous revoir, épisodiquement, à l’occasion de conférences mathématiques, mais nous n’avons jamais renoué notre amitié, on se contente à ces occasions d’un salut aimable mais distant.
Je sais pourtant qu’il ne peut pas avoir oublié « qui je suis » en termes de vocation, de motivation, et de qualités professionnelles, parce que nous étions jumeaux ...
D’autant que, depuis que mes « problèmes » ont commencé dans mon lycée, je n’ai pas manqué, à plusieurs reprises de me manifester auprès de l’inspection, en m’adressant nominativement à lui.
Je l’ai fait quand il s’est agi de mettre en place la réforme des lycées de Monsieur BLANQUER et la réforme du BAC qui en a résulté … Je l’ai fait quand on m’a attribué des classes (4 classes pour moi tout seul ! ) de terminale dans la discipline « enseignement scientifique » contre ma volonté.
Et je l’ai encore fait en découvrant la fameuse « appréciation de l’inspection » citée plus haut …
Aucune réponse … JAMAIS … le Silence Radio …
Je sais que son fils est aujourd’hui professeur de mathématiques, et je ne voudrais pas être à sa place si, un jour, ce fils se voyait enfermé dans une situation comme celle que j’ai vécue.
Je ne le souhaite pas, bien sûr, car je ne le souhaite à personne … Mais si cela arrive, et qu’il tente une action auprès de ses anciens collègues inspecteurs, j’imagine les pensées qui pourront le traverser si ces collègues se montrent aussi « loyaux envers l’administration » qu’il s’est montré, lui-même, dans mon cas …
Tout cela pour dire le niveau des dégâts que peut atteindre le simple fait pour une personne « responsable » de laisser faire l’administration sans intervenir, alors qu’on sait qu’une grave injustice est en train de s’accomplir, et qu’on peut l’éviter …
Je terminerai par une citation de Desmond TUTU, prix Nobel de la paix :
"Si tu es neutre, en situation d'injustice, alors tu as choisi d'être du côté de l'oppresseur"
Nous reprendrons bientôt la forme « chronologique » de notre feuilleton.
Vous pourrez la trouver en cliquant sur le lien ci-dessous dès qu’il sera actif
Merci pour votre attention, et à la prochaine ...