Version numérique de la revue Dedans-Dehors, ce blog informe sur les conditions de détention en France. Il décrypte les politiques pénales et pénitentiaires, ainsi que leurs effets sur le terrain. Il1…
donne la parole aux témoins quotidiens de la prison : les détenus et leurs proches venant au parloir, les professionnels et intervenants en détention (personnels pénitentiaires, médecins, enseignants, associations, chercheurs…). Des informations et paroles qui reflètent une toute autre réalité que celle des faits divers. Cet envers du décor, où se cachent les dégâts et effets contreproductifs de l’approche répressive, dans laquelle médias et politiques ont enfermé le débat public. www.oip.org
Photo de couverture : (c) G. Korganow / CGLPL
Faute de matériel ou de spécialistes intervenant en prison, de nombreux soins doivent être réalisés à l’hôpital et nécessitent l’organisation d’extractions médicales. Mais beaucoup sont annulées en raison d’un manque d’effectifs. Et quand elles peuvent avoir lieu, les conditions dans lesquelles elles se déroulent découragent les personnes détenues, qui préfèrent alors souvent renoncer à se soigner.
Au premier rang des facteurs qui contribuent à l’accès dégradé aux soins spécialisés en détention figure la pénurie de praticiens exerçant en prison. Celle-ci s’explique d’abord par l’inadéquation des effectifs budgétés avec les besoins de la population carcérale, mais également par un fort taux de vacance de postes.
Les besoins en matière de santé sont énormes en prison. En plus d’un état de santé généralement dégradé par rapport à la population générale, les personnes détenues sont souvent atteintes par leurs conditions de détention. Pourtant, les freins à une prise en charge de qualité sont nombreux, et le suivi requis par certaines pathologies semble, à bien des égards, incompatible avec les restrictions imposées par la prison. C'est ce que le révèle l’OIP-SF dans un rapport d’enquête paru le 6 juillet.
Par Laure Anelli, Odile Macchi et Cécile Marcel. Dossier "Accès aux soins spécialisés en prison", 1/6
En 2012, une association polynésienne fondée par d’anciens prisonniers et forte de centaines de membres à l’intérieur des murs saisit la justice pour faire constater l’indignité des conditions de détention imposées aux personnes détenues à Faa’a Nuutania. La mobilisation est massive, et les condamnations de l’État se multiplient. Un combat qui se poursuit encore aujourd’hui.
Gabriel Mouesca, militant indépendantiste basque, a passé dix-sept ans en prison. Pendant ces années, il a initié et animé de nombreuses mobilisations entre les murs des différentes prisons dans lesquelles il a séjourné. Il raconte les obstacles rencontrés, les succès aussi et, surtout, l’importance presque vitale de cette résistance collective pour les personnes incarcérées.
Placée aux manettes d'une expérimentation lancée en 2010 dans dix prisons, la magistrate Cécile Brunet-Ludet a l’ambition de définir les contours d’un véritable droit à l’expression collective en prison. Malgré les résistances, des dispositifs parfois ambitieux voient le jour localement. Mais l’expérimentation sera finalement enterrée.
Joël Charbit est sociologue. Auteur de nombreux travaux sur les formes d’organisation et d’expression collectives en prison, il établit une distinction fondamentale entre les dispositifs institutionnalisés et les initiatives autogérées. Pour ces dernières, il souligne par ailleurs le caractère vital du lien dedans-dehors.
[Rediffusion] Dans le cadre des États généraux de la justice, l’administration pénitentiaire a organisé en novembre et décembre une consultation des personnes détenues. Alors que l’administration fait traditionnellement si peu cas de la voix des prisonniers, cette entreprise, qu’il convient de saluer, projetait de recueillir leur parole de manière libre et objective...
Monsieur T., détenu à la prison du Mans, a été sanctionné, en janvier 2022, pour avoir initié une pétition. Son cas n’est pas isolé : en prison, prendre la parole sans y avoir été invité par la direction, qui plus est pour porter des revendications collectives en les couchant à l’écrit, est hautement subversif.
En prison, l’expression collective est au mieux bridée, et toute forme d’action collective réprimée. Dans ce lieu atomisant, les droits collectifs – celui de s‘associer, de se syndiquer – restent aujourd'hui encore des chimères.