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« L’Europe est (…) vouée à un destin analogue à celui du Canada, c’est-à-dire à être progressivement dépossédée de toute indépendance économique et culturelle à l’égard de la puissance dominante. En fait l’Europe vraiment européenne fonctionne comme un leurre dissimulant l’Europe euro-américaine qui se profile et qu’elle facilite en obtenant l’adhésion de ceux qui en attendent l’inverse exact de ce qu’elle fait et de ce qu’elle est en train de devenir. » Pierre Bourdieu, Vienne, 10 novembre 2000 et Contre-feux 2, Raisons d’Agir, 2001, p.68Dans ce livre qu’avait voulu Pierre Bourdieu, « Europe la trahison des élites », (2004), je décrivais (p. 72 et suivantes) le processus préparé par la Commission européenne qui confirmait l’affirmation de Bourdieu : créer une zone transatlantique unique. Je fournissais en annexe le long « programme d’action » de la Commission qui décrivait les étapes à réaliser pour y parvenir. Ce document reçut l’aval des deux grands courants du Parlement européen, chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates, en ce compris les « socialistes » français. Mais jamais, les médias, dans leur écrasante majorité, n’en ont fait état.Le 7 mars 2006, consultant au Parlement européen auprès de la Gauche Unitaire Européenne, je signais une chronique intitulée « Le PET ou la disparition de l’Europe » (dont voici le lien : http://www.jennar.fr/?p=265 ). Le PET signifiait alors « Partenariat Economique Transatlantique ». Puis, c’est devenu le « grand marché transatlantique » (dont traite bien un petit livre de R. Cherenti et B. Poncelet publié en 2011 chez Bruno Leprince).A l’évidence, nous sommes confrontés à un projet patronal soutenu depuis plus de dix ans par les libéraux de gauche comme de droite. Après le temps des propositions et des programmations, voici venue l’heure de la mise en oeuvre. Le Parlement européen vient de donner le feu vert à l’ouverture de négociations « en vue d’un accord de l’UE en matière de commerce et d’investissement avec les Etats-Unis ». Une phraséologie qui dissimule mal qu’il s’agit de créer une zone de libre échange très avancée, disons-le tout net, un marché commun, entre l’Union européenne et les USA.
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Dans son superbe discours de fin de congrès, dimanche, Jean-Luc Mélenchon a revendiqué, au nom de la gravité des choix de l’oligarchie qui nous domine, le droit de parler « cru et dru ». Parce qu’il y a nécessité de parler clair. Mais un certain vocabulaire, où l’insulte tient lieu d’argument, offre-t-il l’avantage de la clarté ? Je ne le crois pas. Je diverge totalement sur le choix qui est fait. Parce qu’au lieu de fournir la clarté, il brouille le message.On s’adresse à juste titre aux électeurs de Hollande déçus après dix mois de ce nouvel exécutif qui n’a de socialiste que le nom. Mais en parlant «cru et dru », on les repousse. Dans l’Oise, au premier tour, le FdG n’obtient même pas 11% des voix.
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Le PS et avec lui son relai médiatique qu’est le journal Libération ont inventé une parade à toute critique de Pierre Moscovici. Critiquer ses choix politiques relèverait de l’antisémitisme. C’est évidemment très commode pour empêcher tout débat politique. Ils en sont là ! La débâcle du PS est telle, son bilan après dix mois à la direction du pays est si catastrophique, son électorat traditionnel est à ce point désorienté, qu’il faut museler toute critique de gauche.Néanmoins, au risque d’encourir cette accusation infamante, je voudrais rappeler quelques choix de Pierre Moscovici. Des choix politiques et idéologiques.
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Bonne semaine pour la démocratie ! Grâce à un journalisme rigoureux et indépendant, devenu beaucoup trop rare en France, l’opacité dans laquelle la classe politique se protège et protège ses manquements, vient d’être quelque peu levée.
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(paru dans la page Rebonds du quotidien Libération de ce jour)Pour que les immolations par le feu de chômeurs, comme celle de Djamal Chaar à Nantes, ne se reproduisent jamais plusIl est temps de repenser le droit de vivre, avec ou sans emploi, d’ouvrir grands les yeux sur la catastrophe humanitaire qui sévit en ce moment même autour de nous, d’écouter la souffrance, le désespoir et les revendications légitimes des innombrables exclus qui n’en peuvent plus.Djamal Chaar, ce chômeur immolé devant son agence Pôle emploi à Nantes, n’est ni le premier[1], ni le dernier[2]. Djamal s’était vu réclamer un « trop-perçu », soit des allocations de chômage versées par erreur alors qu’il avait retravaillé quelque temps comme intérimaire, cumulant ainsi de maigres allocations et un bout d’emploi précaire. Or, il estimait que ses heures de travail lui ouvrant des droits au chômage n’avaient pas été toutes prises en compte, mais il ne parvenait pas à faire réétudier son dossier par les agents de Pôle emploi, eux-mêmes débordés et soumis à une pression croissante à la rentabilité.
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Dans son éditorial publié vendredi (Les saines exigences de l’euro), Le Monde considère que l’instauration d’une monnaie unique doit s’accompagner d’une indispensable harmonisation des politiques économiques, ce qui implique une coordination des politiques budgétaires et un abandon de la souveraineté budgétaire des Etats.
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Voici le texte de l'exposé que j'ai présenté le 19 février, lors d'une audition organisée par la Commission de l'économie, du commerce extérieur et des technologies nouvelles du Parlement wallon (Namur, Wallonie, Belgique) sur la mise en œuvre de la Directive de l’Union européenne du 12 décembre 2006 relative aux services dans le marché intérieur.
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… et les oubliait lors de la vague néolibérale de dérégulations (1993)Le krach financier de Wall Street du 24 octobre 1929 s’étend au monde entier. La Belgique compte près de 400 000 chômeurs ; les banques de leur côté connaissent de grosses difficultés de trésorerie.Le gouvernement catholique-libéral impose des mesures impopulaires qui font payer les frais de la crise par le peuple et qui, comme aujourd’hui, aggravent la crise.En octobre 1932, prenant acte du désaveu du Premier ministre catholique par ses alliés libéraux, le Roi Albert I, dont le rôle pendant la Première guerre mondiale lui confère une immense autorité morale, obtient la démission du Premier ministre et son remplacement par Charles de Broqueville, un homme qui avait fait ses preuves comme chef du gouvernement de 1911 à 1918.Celui-ci décide de réorganiser le crédit et le système bancaire, sur le modèle du Banking Act adopté aux Etats-Unis en 1933 à l’initiative du tout nouveau président Franklin D. Roosevelt.Cette loi américaine impose l’incompatibilité entre l’activité de banque de dépôt (activités de prêts et de dépôts) et celle de banque d’investissement (banque d’affaires : opérations sur titres et valeurs mobilières). Elle sera abrogée en 1999 à l’initiative d’un Congrès majoritairement républicain dans le cadre du mouvement général de dérégulations orchestré mondialement par le FMI et l’Organisation Mondiale du Commerce.
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Des avions de chasse décollent tous feux allumés dans la nuit africaine, des colonnes de blindés s’élancent sur les pistes en latérite, de vaillants soldats débarquent leur paquetage et leurs armes, un officier galvanise sa troupe. Telles sont les images que toutes les chaînes françaises de télévision nous présentent en boucle depuis une semaine.
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La Bible indique à de multiples reprises que le mariage est l’union d’un homme et d’une femme. Il en va de même du Coran. Mais qui accepterait, en France, que le Coran s’impose à tous ? Alors qu’il se trouve des gens qui entendent imposer la Bible à tous.