Mercredi 2 novembre. Pour tous les élèves de France, c'est la fin des vacances scolaires. Pour Ilyès, 18 ans, lycéen en 1ère S au lycée Henri Parriat de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), il n'y aura pas de rentrée. Arrêté, rapté le matin au commissariat de sa ville, il a été conduit à l'aéroport de Lyon Saint Exupéry et embarqué dans l'avion de 13 heures pour l'Algérie, l'expulsion était prévue d'avance, la place avait été retenue.
Ce lundi 24 octobre, règne au TA de Melun l'atmosphère un peu particulière d'une étrange crèche. La salle d'audience, refaite à neuf, est bien remplie : dix retenus venus du Mesnil-Amelot, une douzaine de policiers en uniforme et en civil, quelques soutiens militants ou familiaux, une poignée d'avocats. Et deux nourrissons.
L'amie dont je parle ici est en France depuis juillet 2002. Elle est venue de façon régulière, avec l'aide d'une association humanitaire en France, afin de pouvoir soigner sa fille atteinte d'une maladie génétique rare dont sa petite sœur venait de mourir à l'âge de 3 ans.
Un beau jour de septembre, Maria, appelons-la Maria, entre dans un magasin, Pedro, six mois, dans les bras, pour acheter... une tablette de chocolat. Mais quand Maria veut régler son achat avec un billet sorti de ses affaires, la caissière alerte le vigile : «ce billet, me semble-t-il, est un faux».
Cela se passe de nos jours à Lyon ou dans l'agglomération. En une semaine, la préfecture a expulsé 650 Rroms des lieux de vie qu'ils avaient construits. Familles avec femmes enceintes, enfants et bébés ont été pourchassés dans toute l'agglomération jour et nuit pendant deux jours.