YVES FAUCOUP (avatar)

YVES FAUCOUP

Chroniqueur social

Abonné·e de Mediapart

883 Billets

2 Éditions

Billet de blog 3 juillet 2023

YVES FAUCOUP (avatar)

YVES FAUCOUP

Chroniqueur social

Abonné·e de Mediapart

Réforme du RSA : travail forcé ?

Je reproduis ci-après une chronique publiée dans Le Monde lundi 26 juin : je montre dans ce texte que la réforme du Revenu de solidarité active (RSA) portée par le gouvernement cherche à rassurer la droite dure sur le fait que l’État va durcir fortement sa position face aux bénéficiaires du revenu minimum.

YVES FAUCOUP (avatar)

YVES FAUCOUP

Chroniqueur social

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En réalité, à part « les 15 à 20 heures d’activité » qui à mon avis ne seront pas dans la loi, tout ce qui a été invoqué existe plus ou moins déjà (suivi par France Travail, ex-Pôle emploi, ex-ANPE, et sanctions si non-respect du contrat d’engagement pouvant aller jusqu’à la suspension du RSA). Je considère que le montant du RSA devrait être à un niveau bien plus élevé (actuellement moitié du seuil de pauvreté) et que l’accompagnement des personnes en difficulté devrait être fortement développé (formation, aide à la levée des freins à l’emploi, garde d’enfants, emplois aidés) : le gouvernement affirme qu’il va s’y employer, sauf qu’Emmanuel Macron sait très bien depuis longtemps que ces dépenses d’accompagnement ont fortement régressé mais depuis tant d’années qu’il est au pouvoir, il n’a rien fait. De très mauvaise augure.

Je donne le lien avec le site du Monde, et joins ici copie de ma tribune pour celles et ceux qui n'y ont pas accès. Il fait l’objet d’une trentaine de commentaires sur le quotidien du soir, la grande majorité déroulant la panoplie habituelle sur la fraude, sur l’assistanat, sur le travail au noir, sur la nécessité de les faire travailler ces feignants, affichant la plupart du temps une ignorance crasse sur la réalité de cette question, se contentant de gloser, hargneux ou haineux envers les plus pauvres, forcément tricheurs. Parmi ces commentaires, rien sur l’évasion fiscale, sur les inégalités sociales, sur "le pognon de dingue" dépensé en faveur des plus riches dans ce pays. Quelques-uns, rares, soutiennent le propos que je tiens.

J’apporte ici une précision : pendant la campagne législative, j’ai interrogé Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement, alors qu’elle se déplaçait en province, dans le Gers, département du député Renaissance, rapporteur de la commission des finances, Jean-René Cazeneuve. J’ai rappelé à l’assistance que Lionel Stoléru, de droite, auteur de Vaincre la pauvreté dans les pays riches, qui avait été ministre de Giscard, avait appelé à voter Mitterrand en 1988 parce que ce dernier prévoyait, une fois élu, d’instaurer le Revenu minimum d’insertion (RMI) : je l’ai entendu le dire à la tribune d’un colloque intitulé Un an du RMI, à Paris à la Maison de la Chimie, au printemps 1990. J’interrogeais ainsi sa fille sur ce qu’elle pensait du projet d’Emmanuel Macron qui, en contradiction flagrante avec le projet initial du RMI mais aussi du RSA (malgré les rodomontades de Nicolas Sarkozy) parlait carrément « de 15 à 20 heures d’activité professionnelle » (sous-tendu : de travail imposé) : elle n’a pas repris à son compte cette formulation, elle a précisé qu’elle avait travaillé avec Martin Hirsch, Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, préparant le réforme du RSA, insistant sur le fait qu’il y avait un « devoir »… de la collectivité à accompagner les personnes percevant le RSA « pour les aider à régler leurs difficultés, pour favoriser leur formation », et c’est ce que fera France Travail.

Par ailleurs, elle s’est insurgée contre le non-recours, admettant qu’il correspond à 30 % et exprimant un espoir qu’un versement à la source réglera le problème. On était loin des propos démagogiques d’un Laurent Wauquiez ou d’Emmanuel Macron lui-même cherchant à satisfaire, au moins en paroles, l’électorat de la droite dure qui se gargarise de commentaires à l’emporte-pièces sur l’"assistanat".

. RSA : « La règle des 15 à 20 heures d’activité obligatoires est irréalisable, et le pouvoir le sait très bien »

Illustration 1

Billet n° 741

Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au  n° 600.

Contact : yves.faucoup.mediapart@sfr.fr ; Lien avec ma page Facebook ; Tweeter : @YvesFaucoup

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.