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Sabrina Kassa

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L'Hebdo du Club

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Billet de blog 23 juin 2016

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Journaliste, éditrice et responsable éditoriale aux questions raciales

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L'hebdo du Club: le droit de manifester, les réfugiés et les femmes

Cette semaine, le Club fut préoccupé par la défense de la liberté de manifester et l'aberration de la «fan-zone syndicale » organisée par le gouvernement le 23 juin. D'autres billets ont pu percer toutefois : les (non-)droits des réfugiés, un éloge de la féministe Benoîte Groult, et quelques pistes d'avenir pour un monde plus vivable demain !

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Manifester, oui ! deux fois plutôt qu'une

Cette semaine n'a pas été des plus drôles. A l'image de ce qui se passe dans la rue, les bloggeurs du Club se sont alarmés de la tournure polique que prenaient les manifestations, et le droit de manifester. Voici quelques billets qu'il ne fallait pas manquer.

  • Tout d'abord Au pays de la désinformation le premier billet de Jérôme Fraisse, un prof de mécanique de Limoges, publié le 20 juin, revient sur la manifestation du 14 juin, telle qu'il l'a vécue, avec moults détails et photos. « Les manifestations que je vois de l'intérieur et celles racontées par les médias ne se ressemblent pas du tout. Plus les années passent et plus l'écart se creuse. » Où il est question de nasse, de robocops pas très conciliants, mais pas du tout des incidents de l'hôpital Necker qu'il a découverts en rentrant chez lui, le soir, à Limoges. Ce billet a été très apprécié par les abonnés pour sa précision et son objectivité. A l'instar de ce commentaire de Puramole « Les médias aux ordres focalisent sur un évènement ou deux, avec des commentaires plus qu'orientés. Pendant ce temps ils ne parlent pas des dizaines de milliers de manifestants pacifiques qui protestent depuis des mois contre ce projet de loi. Voilà à quoi on aboutit quand on laisse l'information aux mains de quelques grands partons d'industrie: la fin de la liberté de la presse. »
  • Deux jours plus tard, juste après l'annonce de l'interdiction par la Préfecture de police de Paris de manifester pour raison de sécurité, le billet de Morvan 56, Interdiction de manifester. Marche arrière toute a suscité beaucoup d'intérêt. Il faut dire que son angle est des plus pertinent : le retour sur un siècle de lois liberticides. « On se croirait presque téléportés au XIXe siècle qui vit une série de lois entraver la bonne marche des manifestations. De 1831 à 1935, les textes se succèdent pour les rendre illégitimes, au gré des crises qu’ont connues les différents gouvernements. »
  • Il y a eu beaucoup de billets sur cette interdiction de manifester que nous ne pouvons pas détailler ici (comme celui sur le retour de la loi anti-casseur de Marc Tertre ou encore le rappel d'Antoine Perraud de l'instrumentalisation des casseurs condamnée par François Mitterrand en 1970). Il ne fallait pas cependant louper la tribune Liberté manifeste  du 22 juin, d'un collectif d'universitaires, chercheurs et doctorants, inititiée par Patrick Vassort, sociologue à l'Université de Caen, annonçant qu'ils comptaient bien manifester malgré tout. Extrait : « Alors comme eux, peut-être, je me prépare à de prochaines manifestations. Je ne suis pas un "casseur", pas un "terroriste". Je veux encore être libre ! Libre de pouvoir participer à des décisions collectives sans menaces de 49,3, sans menaces de militarisation de l'espace public. Libre de manifester sans prendre de risques pour ma santé, sans que des enfants prennent de risques pour la leur. C'est pour cela que lors de la prochaine manifestation, comme eux, je serai encore prêt ! Avec mon masque à gaz, mes protections, mon foulard, mes vêtements noirs, car ainsi on se protège individuellement tout en protégeant le collectif, en évitant les identifications faciles, la haine visible de certains représentants des « forces » dites de l’ordre. » Cette tribune a donné lieu à une pétition que vous pouvez signer ici

Solidaire des réfugiés 

Tous les jours ou presque, le Club traite de la vie des réfugiés, du non-droit qu'on leur impose et de la nécessité d'une autre politique locale et européenne à leur égard. Quelques billets publiés cette semaine :

  • Ni sains ni saufs, enquête sur les enfants non accompagnés dans le nord de la France, par Evangelinemd, détaille l'enquête sociologique réalisée par Trajectoires à la demande de l'UNICEF, à laquelle elle a contribué. « Elle s’est déroulée de janvier à avril 2016 sur sept sites (Calais, Grande-Synthe, Angres, Norrent Fontes, Steenvoorde, Tatinghem, Cherbourg) et se fonde sur 61 entretiens individuels et collectifs avec des mineurs non accompagnés, menés dans leur langue maternelle. »
  • Dépasser les peurs et les stéréotypes…  est une interview, réalisée par Kai Littmann, de l’écrivaine Catherine Guibourg-Caillouët, qui avec son mari Michel Caillouët ont participé aux soutiens bénévoles pour les réfugiés à Grande Synthe. Leur message est simple et concret : «  Il est primordial en tant que citoyen de participer à l’aide apportée aux migrants. C’est grâce à cette mobilisation que les migrants survivent. Cette expérience concrète de bénévolat permet une prise de connaissance réelle de la situation sur le terrain, indispensable pour prendre de la distance par rapport au phénomène médiatique qu’est devenu le Calaisis ! »
  • A l'occasion de la journée mondiale des réfugiés, le 20 juin, CSP75, le blog de la coalition internationale des sans-papiers et migrants a publié l'Appel à la fermeture des Centres de Rétention et des Hotspots en Europe. « Des personnalités du monde de la recherche et des arts ont déjà signé. En parallèle à cette action, la Coordination des Sans Papiers de Paris lance une pétition pour la fermeture des CRA en France ». Par ailleurs, Michaël Neuman, le directeur d'études au Centre de réflexion de Médecins sans frontières (MSF-Crash) rappelle dans son billet En Europe, opposer l'hospitalité au cynisme du 21 juin que « La journée mondiale des réfugiés aura été l’occasion d’un rappel quasi-unanime du cynisme des politiques européennes en matière d’immigration et d’asile : la dissuasion au prix du sacrifice de milliers de personnes comme seule politique d’accueil de gens qui fuient la guerre, les persécutions ou des conditions de vie qu’ils jugent intenables. » 

Des pistes pour l'avenir

  • Le même jour, le 20 juin, l'Observatoire des inégalités publiait un ouvrage regroupant les contributions de 30 experts, sociologues, économistes, philosophes et juristes proposant des politiques pour réduire les inégalités de revenus, à l'école, aux soins, à l'emploi, etc. Yves Faucoup en a fait un billet complet à lire ici. « Ils font des propositions, à un an de la présidentielle, sur les mesures à prendre non pas pour supprimer mais au moins pour réduire les inégalités, criantes dans notre pays. » Nous aurons bientôt l'occasion dans le Club de revenir sur ces propositions qui ont vocation à alimenter un vrai débat citoyen.

Des femmes en lutte

Enfin deux billets incontournables cette semaine, très lus et très commentés, traitent des femmes et du combat sans fin qu'elles doivent mener pour ne pas être des victimes du machisme, du racisme et... de leurs frères !

  • Tout d'abord, Bouteldja, ses « sœurs » et nous, le premier billet de Mélusine 2 ! est une réflexion soutenue sur le livre de Houria Bouteldja, co-fondatrice du Parti des Indigènes de la République, « Les Blancs, les Juifs et nous ». « Les réactions enthousiastes comme critiques suscitées par le dernier livre d'Houria Bouteldja ont largement ignoré les pages que l'auteure consacre aux "femmes indigènes" et à la place qui devrait être la leur dans la lutte antiraciste. Ce texte souhaiterait combler cette lacune, en refusant l'injonction à l'allégeance communautaire et en proposant un antiracisme résolument féministe. »
  • Et ensuite, le billet de Dianne Nous, femmes, ici et ailleurs :  Benoîte Groult et les autres, revient sur la vie et l'héritage laissé par la romancière et grande figure du féminisme, décédée lundi dernier, à 96 ans. « Benoîte Groult n'est plus. Mais d'autres veillent. Leur tâche est immense et risquée si l'on en croit les flots de haine que suscite le moindre de leurs témoignages. On se croirait revenu cinquante ans en arrière. » Dans le fil de commentaires, ne manquez pas la super vidéo où Benoîte Groult s'insurge (entre autres) sur  l'idée même de "la journée de la femme". « A ce rythme là, dit-elle, ce sera bientôt "la minute de la femme" ! »

Pour finir, brèves nouvelles des améliorations techniques en cours 

Le week-end dernier, les erreurs 503 ont empêché une consultation normale du journal et des blogs. Un billet, publié dimanche, vous a expliqué comment les contourner. Le service technique a travaillé d'arrache-pied pour résoudre ces problèmes et comme vous avez pu le constater, les erreurs 503 ne vous embêtent plus. En revanche, les erreurs 500, 504, etc. expliqués ici liés à notre nouvelle plateforme sont moins fréquents, mais ils ne sont pas encore réglés. Encore merci pour votre compréhension et votre patience.

Dans ce billet, le service technique relevait vos remarques sur le fonctionnement du fil des commentaires. Le  « billet explicatif sur ce fonctionnement et sur les corrections que nous allons y apporter » sera publié en début de semaine prochaine !