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Billet de blog 21 octobre 2021

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l'École libérée de l'arbitraire : 1946, Sécurité sociale !

Au regard des extrémités auxquelles l'État conduit l'École, il est temps de concevoir une École libérée de l'arbitraire des dividendes. Le modèle d'une alternative est déjà là : le régime général de la Sécurité sociale de 1946.

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Personnel en colère! Élèves prioritaires © https://www.ferc-cgt.org/IMG/pdf/4_pages_macron.pdf

Pour l'École aussi, la brutalité, l'autoritarisme, la négation du collectif, la marchandisation sont la marque de fabrique du gouvernement actuel (1) (2) (3) (4) (5). Ce harcèlement continuel dont elle est l'objet met en cause le lien qui relie l'État à l'École. Cette remise en question a déjà eu lieu pour une autre grande institution : la Sécurité sociale, il y a à peine 75 ans (6).

En 1946, la création du régime général de la Sécurité sociale est conçue pour libérer le monde du travail de l'arbitraire de l'État et de la prédation capitaliste. C'est alors la famille, la santé, la vieillesse, les accidents du travail, les maladies professionnelles et ensuite le chômage qui se trouvent libérés.

Le régime général de 1946 s'articule autour de trois caractéristiques majeures : une caisse unique pour tout (famille, santé, vieillesse, accident du travail, maladies professionnelles), un taux unique interprofessionnel de cotisation pour le financement, une gestion par les travailleurs eux-mêmes. L'unification que réalise le régime général se fait contre l'État et le patronat.

Et rien ne révolte plus l'État et le patronat que de voir disparaître la division du monde du travail qu'ils ne cessent d'organiser. Avant 1946, la Sécurité sociale existe mais sous la forme d'un fouillis pléthorique et largement patronal. Les caisses et leur gestion, les cotisations et leurs taux, leurs assiettes, leurs périmètres de collecte sont très divers. La diversité de ces outils permet de diviser en autant d'intérêts particuliers le monde du travail.

Pour ne parler que de l'École, la logique actuelle de précarisation généralisée est conduite pour diviser, pour désarticuler la fonction publique et le service public, à travers des statuts et des recrutement à géométrie variable, une multiplication des hiérarchies intermédiaires, des examens organisés localement, des plans d'évaluations locaux, le New Public Management, les DRH locales, des personnels livrés à eux mêmes …

Les réformes s'empilent les unes sur les autres. Ce harcèlement continuel ne cesse de détourner l'École de sa mission première. Pour instruire nos enfants, c'est de sérénité dont nous avons besoin et pas d'apprentis sorcier en mal d'aventure pour écrire des mémoires pléthoriques. L'École n'a pas à être le rouage d'une industrie qui prétend traiter les élèves comme des produits, la communauté éducative comme des ouvriers à la chaîne et le savoir comme un consommable.

La culture et l'instruction sont des biens précieux qu'il nous appartient de protéger et de transmettre à nos jeunes générations. L'indépendance de l'École vis à vis de l'État doit être pensée. L'arbitraire mortifère des dividendes ne peut servir de boussole  !

(1) Faut-il épurer la fonction publique enseignante ? | Le Club de Mediapart

(2) Blanquer : Atilla es-tu là ? | Le Club de Mediapart, «Le fiasco Blanquer»: le commencement de la fin? | Le Club de Mediapart

(3) Inclusion, mission essentielle pour accompagnantes précaires et mal traitées (1) | Le Club de Mediapart, Marie, Marie-Hélène, Sarah, Gaëlle, AESH : quotidien, espoirs et désespoir (2) | Le Club de Mediapart, Nous vivons la préhistoire de l'inclusion scolaire ! (3) | Le Club de Mediapart

(4) La paupérisation délibérée de l’éducation nationale | Le Club de Mediapart

(5) Annihiler le bac pour mieux détruire une éducation nationale ? 1/2 | Le Club de Mediapart

(6) Bernard Friot, Vaincre Macron, Editions La Dispute, 2017

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