Francis Poézévara (avatar)

Francis Poézévara

Écosocialiste - Conseiller municipal - Le Printemps Putéolien - Génération·s

Abonné·e de Mediapart

15 Billets

0 Édition

Billet de blog 3 juin 2024

Francis Poézévara (avatar)

Francis Poézévara

Écosocialiste - Conseiller municipal - Le Printemps Putéolien - Génération·s

Abonné·e de Mediapart

SLG#12 - Décentralisons l'action politique (aussi) !

En politique, il n'ya pas de « main-d'oeuvre non qualifiée ». Alors pourquoi ne laisserions-nous pas les militant·es déterminer les actions qu'ils et elles souhaitent mener ?

Francis Poézévara (avatar)

Francis Poézévara

Écosocialiste - Conseiller municipal - Le Printemps Putéolien - Génération·s

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Note : cet article s'inscrit dans le cadre d'une série intitulée (sobrement !) Sauver la gauche pour sauver le monde. Voir la table des matières de la série en fin d'article.


Un parti réellement démocratique dans son fonctionnement, qui décentralise ses prises de décision, serait déjà une belle avancée pour la gauche. Mais une deuxième décentralisation doit également avoir lieu : celle de l’action politique elle-même. Elle est complémentaire de la première, et sans doute par ailleurs plus facile à mettre en place. 

Il est temps d’arrêter d’utiliser en politique la représentation capitaliste de “main-d'œuvre non qualifiée”. Plus personne (ou presque) ne souhaite être convoqué·e à telle heure, tel endroit, pour distribuer du tract. En plus d’être mis en capacité de participer à la vie du parti et de ses prises de position, les militant·es doivent être également responsabilisé·es sur les actions à destination des citoyen·nes. Je vois plusieurs raisons à cela.

D’une part, cela correspond à l’encapacitation des militant·es que j’évoquais précédemment. D’autre part, cela répond à un souci très pragmatique d’efficacité : ce sont bien les militant·es qui connaissent le plus leur territoire, et qui sont en mesure de déterminer quand et où mener l’action la plus efficace. Enfin, d’un point de vue humain, cela permet également à chacun·e de faire campagne de la manière qu’il ou elle préfère.

Et il est capital que chacun·e, en politique, tire de son action une satisfaction, une “joie militante” (j'y reviens dans quelques jours). D’autant que, pour rassurer les états-majors, d’un point de vue tout à fait utilitariste, les études nous apprennent qu’un message passe beaucoup plus efficacement s’il est transmis par une personne convaincue, et non forcée. 

Concrètement, l’ensemble des partis pourrait sur ce sujet s’inspirer du fonctionnement de la France Insoumise, avec ses groupes d’actions indépendants. On pourrait aller encore plus loin, en imaginant la mise à disposition de “kits de campagne” à la demande, qui permettrait à chacun·e, militant·e identifié·e ou non, d’être porte-parole de campagne dans son entourage. Mais peu importe la forme concrète que cette “décentralisation de l’action politique” prend ; l’essentiel est de faire confiance aux militant·es, qui constituent l’âme de nos organisations. Bien sûr, aujourd'hui, pas un parti ne dira se méfier de ses militant·es. Mais combien ont suffisamment confiance pour engager un financement en leur laissant toute latitude pour commander / distribuer du matériel ?

Seule nuance que je vois à la décentralisation : la conception de la stratégie lors des campagnes électorales. Que chacun·e puisse faire campagne comme il·elle le souhaite est une chose, et une chose importante, mais dans le contexte électoral un enjeu d’efficacité dans les urnes entre également en jeu. Il est donc important que les candidat·es de gauche se saisissent des avancées des dernières années en termes de ciblages prioritaires pour mettre en place des campagnes dédiées aux territoires les plus susceptibles de faire une différence le jour J.

Nous sommes ici au beau milieu de la dissonance cognitive que j’évoquais dans les faiblesses intrinsèques de la gauche : cibler une partie de l’électorat qui a plus de chance de basculer (d’un vote autre vers un vote de gauche, ou d’une abstention vers un vote de gauche) doit cesser d’être vu comme un dévoiement politique mais être considéré comme une réponse indispensable à l’exercice très particulier que constitue l’élection. Et sans lequel la prise de pouvoir, préalable indispensable à la transformation de la société, est rendue beaucoup plus hypothétique.

Ces deux principes ne sont pas purement antagonistes bien sûr. L’action décentralisée devrait être considérée comme la base indispensable, et l’action ciblée (davantage de moyens, humains, matériels ou financiers) comme un complément permettant d’augmenter l’efficacité de la campagne.


Introduction : Sauver la gauche pour sauver le monde

Partie I - Des remises en cause existentielles

     A - La gauche face à la société

  1. La montée de l'anxiété : une menace pour la société et un défi pour la gauche
  2. Histoire d'un désamour politique : quand défiance et lassitude s'installent
  3. L'engagement citoyen à l'ère de l'atomisation sociale

     B - La gauche face à elle-même

  1. L’impossible convergence des luttes
  2. A gauche, passion fragmentation
  3. Entre fin et moyens, l'éternel dilemme de la gauche

Partie II - Stratégie, organisation : inventer une nouvelle voie pour la gauche

     A - Construire la gauche du XXIème siècle

  1. Diversité de l'engagement et rôle des partis
  2. Défragmenter enfin la gauche

     B - Leadership, engagement, mobilisation

  1. Verticalité ou horizontalité ?
  2. Un leadership de gauche ?
  3. Décentralisons l'action politique

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.