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Billet de blog 29 avril 2024

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SLG#4 - L'engagement citoyen à l'ère de l'atomisation sociale

Troisième et dernier (court) billet concernant les menaces existentielles externes qui pèsent sur la gauche. Au programme : l'évolution du mode d'engagement des citoyen·nes, qui suit l'atomisation de la société.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Note : cet article s'inscrit dans le cadre d'une série intitulée (sobrement !) Sauver la gauche pour sauver le monde. Voir la table des matières de la série en fin d'article.


On l’a vu : les Français·es sont anxieux·ses et ne croient plus en la politique pour améliorer la situation. Pourtant, leur engagement ne faiblit pas : 63% s’estiment personnellement comme engagé·es1. C’est l’une des évolutions politiques à laquelle la gauche a le plus de difficultés à répondre. Comment cet engagement peut-il participer à la prise du pouvoir pour transformer la société ? 

La métamorphose de l’engagement : du collectif à l’individuel

Alors qu’au XXème siècle, l’engagement passait par l’adhésion à un parti ou à un syndicat, le XXIème siècle voit ce modèle totalement remis en cause par l’atomisation de notre société. Qu’elle semble loin l’époque où le Parti Communiste Français s’enorgueillissait de ses 800 000 adhérent·es2 ! Même les plus de 200 000 adhérent·es du Parti Socialiste des années 80 semblent difficilement atteignables aujourd’hui3

Et en effet, l’engagement se fait désormais de manière plus personnelle, moins publique, moins collective. La signature de pétitions, le boycott d’une marque, le don à une cause ont remplacé l’adhésion à un parti ou syndicat (et a fortiori le militantisme en leur sein), voire la participation aux actions de grève ou manifestations1 (même si les mouvements sociaux de ces dernières années, des gilets jaunes aux marches climat en passant par les retraites, ont démontré que celles-ci restaient un moyen d’expression important - mais ponctuel). 

Autre forme d’engagement en dynamique relative, compromis entre engagement individuel et militantisme au sein d’une organisation nationale : l’engagement associatif. Les Français·es sont ainsi nombreux·ses (un·e sur dix1) à s’engager sur des problématiques précises dans des associations (souvent locales) perçues comme plus efficaces que les partis politiques pour changer les choses. 

Sortons de la vision concurrentielle des formes d’engagement

Cette atomisation de l’engagement n’est pas nécessairement incompatible avec la bataille culturelle et politique pour faire émerger un nouveau modèle de société. Mais elle constitue un défi pour les partis politiques, face auquel ils restent pour l’instant démunis. Encore trop souvent, les engagements syndicaux, associatifs ou individuels sont considérés comme des concurrents de l’engagement politique (voir les frictions entre la CGT et LFI lors du mouvement pour les retraites par exemple). 

Il est pourtant important de comprendre que cette multiplicité d’engagements, parfois à petite échelle, répond à une forme d’émancipation des individus, émancipation au cœur de notre projet (faut-il le rappeler). Désormais, rares sont les personnes qui se contenteront d’être des distributeur·rices de tracts, soldat·es zélé·es portant la bonne parole transmise par des leaders·euses nationaux·ales. Chacun·e souhaite avoir voix au chapitre, pouvoir s’exprimer sur les idées portées et les choix stratégiques faits. Il ne suffit donc pas de réussir à capter l’intérêt de personnes qui se détournent de plus en plus de la politique : il faut également leur donner toute leur place et leur permettre de “faire” la politique. On connaît toutes les difficultés qu’ont les partis de gauche actuellement pour répondre à cette double exigence. Renouvellement des organisations, des formes d’action, de leur communication : beaucoup d’initiatives sont lancées, avec plus ou moins de succès, mais la solution n’a toujours pas été trouvée.

Contexte (inter)national défavorable, désamour des Français·es, diversification des formes d'engagement : voici donc trois des menaces externes qui pèsent directement sur le camp du progrès social, écologique et démocratique. Dans les trois articles qui viennent, je complèterai avec ses faiblesses intrinsèques, en débutant par un sujet qui fait écho à ce billet : l'impossible convergence des luttes...


Notes : 

1 Voir Fondation Jean Jaurès : https://www.jean-jaures.org/publication/les-francais-et-lengagement/
2 Chiffre estimé en 1946
3 Je souligne toutefois que la France Insoumise revendique plus de 300 000 sympathisant·es, nombre intéressant mais d’une part difficilement vérifiable, et d’autre part la notion de “sympathisant·es” ne correspond pas tout à fait au même niveau d’engagement que des adhérent·es.

>> Article suivant : L’impossible convergence des luttes


Introduction : Sauver la gauche pour sauver le monde

Partie I - Des remises en cause existentielles

     A - La gauche face à la société

  1. La montée de l'anxiété : une menace pour la société et un défi pour la gauche
  2. Histoire d'un désamour politique : quand défiance et lassitude s'installent
  3. L'engagement citoyen à l'ère de l'atomisation sociale

     B - La gauche face à elle-même

  1. L’impossible convergence des luttes
  2. A gauche, passion fragmentation
  3. Entre fin et moyens, l'éternel dilemme de la gauche

Partie II - Stratégie, organisation : inventer une nouvelle voie pour la gauche

     A - Construire la gauche du XXIème siècle

  1. Diversité de l'engagement et rôle des partis
  2. Défragmenter enfin la gauche

     B - Leadership, engagement, mobilisation

  1. Verticalité ou horizontalité ?
  2. Un leadership de gauche ?
  3. Décentralisons l'action politique
  4. Retrouver la joie militante

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