Les données récentes rapportées par les associations de droits humains laissent découvrir le caractère exceptionnel du banditisme en Haïti. Présenter un portrait-robot du bandit est quelque peu téméraire, tant le problème est délicat et même complexe. Je perçois personnellement deux types de bandit en Haïti, l’un ne fonctionnant pas sans l’autre. Mais il convient de les approcher par palier.
La destruction des institutions essentielles à la démocratie ou le retour du tonton macoute sous les espèces des gangs armés fonctionnant comme une base sociale du pouvoir actuel, et le passage de l’effondrement de l’Etat à l’effondrement du lien social.
Un communiqué de presse des Nations Unies de ce 27 janvier 2021 révèle la décision de l’ONU d’accorder un appui financier au processus électoral prévu par le gouvernement de Jouvenel Moise. Un véritable coup de grâce à la démocratie en Haïti.
Les kidnappings en Haïti ne sont pas des cas isolés. Leur nombre atteint des records cette année, soit officiellement 124 entre janvier et août de cette année 2020. Chacun dans la société se sent désormais en sursis, encourant le risque d’être kidnappé par des gangs armés. Que nous apprennent-ils sur le fonctionnement de la société haïtienne comme communauté politique?
Un mois après l‘assassinat de Maitre Monferrier Dorval, le bâtonnier d’Haïti, un policier du corps de l’USGPN a exécuté d’une balle dans le dos un jeune étudiant de 29 ans. On a l’impression qu’un feu vert a été donné pour de telles exécutions. C’est là un énoncé de l’abandon du droit dans le gouvernement du pays. Nous sommes désormais dans une situation où le droit n’est plus à l’ordre du jour.
Le dictateur est quelqu’un qui est en « perte de monde », c’est-à-dire hors de tout réel, et donc qui peut être pris par une passion destructrice. Les manifestations de ses victimes ne peuvent le réveiller ; il croit que son pouvoir est éternel. Y aurait-il donc identité de vue entre Jean-Claude Duvalier et Jovenel Moise ? Les apparences sont inquiétantes. Examinons-les.
La crise politique actuelle en Haïti est marquée par deux problèmes majeurs : d’un côté, la prolifération des gangs armés se donnant en spectacle dans les rues sous l’œil protecteur de la police nationale, et de l’autre l’incontournable procès – mais empêché pour le moment – de la dilapidation du très connu fonds Petrocaribe.
Les pratiques coloniales sont un véritable « habitus » de « la communauté internationale » en Haïti depuis au moins l’année de l’occupation américaine en 1915. Evanescence de l’Etat ? Ou sa transformation en Etat de bandits, au point qu’aucun Haïtien ne se reconnait vivre en sécurité ni chez lui, ni dans les rues, ni sur les routes. Rien de tout cela ne concerne le Président haïtien ?
La gestion en Haïti de la pandémie du Covid-19 est marquée par des cafouillages, des contradictions, des incohérences. Or l’inquiétude grandit quand on observe comment le président Jovenel Moise gouverne par décret et enroule autour du Covid-19 ses propres intérêts politiques personnels. Ce sont ces pratiques qu’il convient d’interroger.
Haïti n’a pas de musée de l’esclavage. La question elle-même : « Pourquoi un musée de l’esclavage ? » devrait susciter un sentiment de honte. Avec un projet de musée, la mémoire qu’on croit perdue, oubliée demeure cependant tapie dans les monuments, le rituel de la vie quotidienne, dans la culture orale. Cette mémoire réveillée peut à son tour relancer l’histoire, la renouveler.