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Si le mistral s’engouffre avec violence dans la cour du Lycée Saint-Joseph, ce n’est rien à côté de la tempête destructrice et glaçante qui couve, gronde à l’intérieur de l’étonnante maison de vacances de la famille Kerkman. Avec ingéniosité et virtuosité, Simon Stone s’empare de l’univers d’Ibsen et signe une tragédie contemporaine, incandescente et fascinante. Attention coup de cœur !
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Dans la tourmente de l’exil, deux amants passionnés, la belle Rosalinde et le fanfaron Orlondo, s’attirent, s’éloignent, se jaugent et se jugent. Menée tambour bâtant par la mise en scène façon théâtre de tréteaux d’Aurélie Toucas, l’amourette de Shakespeare acidulée par la musique pop jouée « live », prend vie et couleurs pour notre plus grand plaisir. Une fantaisie légère à déguster avec délice!
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Au-delà du temps qui défile, des mots jamais dits, l’amour, le vrai, reste à jamais gravé dans nos mémoires. C’est cette passion qui chamboule deux vies à jamais que joue avec intensité, fragilité, Clémentine Célarié et Jean-Pierre Bouvier au théâtre du Chêne noir. Loin des images époustouflantes du film de Clint Eastwood, Anne Bouvier esquisse par touches un huis-clos passionné. Troublant !
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C’est un cri d’une violence inouïe, une douleur intolérable, une déchirure du cœur d’une rare férocité. Ce sont les sentiments vécus, ressentis par une femme aux passions sans bornes. C’est l’amour démesuré, irrationnel, que Violette Leduc porte à Simone de Beauvoir. C’est tout cela qui anime sur scène le corps de Catherine Decastel. En transe, elle incarne l’écrivaine jusqu’à la folie… Intense !
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Les notes et les mots surgissent de nulle part en un flot ininterrompu, incongru, formant étonnamment partitions, réflexions ou pensées. Quelques gestes saccadés, phrases énoncées ou mélodies susurrées, et c’est tout Satie qui revit. Portée par une troupe burlesque qui danse, chante, joue à la folie, cette gourmandise imaginée par le fascinant Pierre Notte se savoure avec plaisir et délectation.
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En cette nuit d’été chaude, brûlante, c’est un vent tonitruant, fictif qui balaie la cour du cloître des Carmes. Il libère la parole douce, susurrée d’une femme de l’ombre, plus habituée des coulisses que de la scène. Mise en pleine lumière par Tiago Rodrigues, la souffleuse du théâtre National de Lisbonne, livre sa vision passionnée et passionnelle sur l’amour de sa vie, le théâtre. Brillant !
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Deux femmes, l’une reine despotique, bientôt sanguinaire, l’autre, damoiselle, jeune et jolie, se consument d’une passion dévorante, fatale pour un même cœur. En dépoussiérant du superflu cette tragédie romantique signée Victor Hugo, Pascal Faber signe une pièce noire, très contemporaine sur les amours fous, sur la course au pouvoir. Un joli moment de théâtre.
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Dans une société sclérosée où les libertés sont asphyxiées, la fille d’un colonel et un doux rêveur, passionné de cinéma, vont s’aimer contre vents et marées. De leur écriture à quatre mains, vivante, vibrante, Aïda Asgharzadeh et Kamel Isker nous amènent à la découverte d’un pays meurtri au cœur d’une passion broyée par un système moribond. Du théâtre de tréteaux à la Michalik fort réussi !
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Des voix vibrantes s’élèvent du plus profond de la nuit. À l’unisson, elles content une jolie bluette au cœur d’un réseau de résistants, une histoire d’amour tragique pendant la Seconde Guerre mondiale. En mettant en scène le drame funeste de Marie-Céline Lachaud et Nicholas Skilbeck, Christophe Luthringer fait revivre avec émotion, délicatesse, une époque sombre, révolue. Un moment poignant !
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Une voix s’élève contre la monstruosité du monde. Elle éructe des mots brutaux, âpres, libère la parole d’une femme depuis longtemps tue et réveille un corps endormi, sali. Porté par la lumineuse Ludmilla Labo, le texte froid, cru, sans concession de Koffi Kwahulé dénonce avec force et férocité l’acte barbare qu’est le viol. Un poème jazzy trash, un blues salvateur, une tragédie contemporaine.