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Face aux fantômes de sa vie, qu’ils soient détracteurs ou louangeurs, un artiste se livre dans une confession introspective à la fois bouleversante et amère. De son écriture ciselée, précise, poétique, Pascal Rambert puise dans le cœur et l’âme de ce double créatif, de ce peintre hâbleur et pleutre, en quête d’identité, l’infime espoir de percevoir la substantifique moelle de l’art. Fascinant !
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En enchevêtrant les histoires d’amour de deux femmes à cent ans d’écart, Valérie Perronet signe une pièce délicate, intense. Porté par le jeu tout en nuances de l’exquise Françoise Cadol, qui fait vibrer les mots, ce tourbillon déchainé et passionnel nous entraîne dans les méandres d'une carte du tendre élégamment souligné par la mise en scène de Christophe Luthringer. Magnifique !
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La mécanique est impeccablement huilée, les répliques parfaitement ciselées. Tout ronronne sans accroc dans ce vaudeville suranné, un brin misogyne. Soulignant l’étonnante rythmique imposée par Feydeau et les clichés inhérents à sa vision pessimiste de la société, Isabelle Nanty dirige avec ingéniosité la troupe virtuose du Français. Une gourmandise honnête acidulée d’un zeste de folie.
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Dans la pure tradition de la Commedia dell’arte, Alfredo Arias ressuscite avec virtuosité le théâtre de Goldoni. Dépoussiéré de sa rigidité classique, l’ensemble retrouve sa puissance comique, son souffle burlesque. Emporté dans un tourbillon où pantalonnades et pantomimes se succèdent à un rythme effréné, le public conquis, hilare se régale et déguste avec un malin plaisir cette farce ubuesque.
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La nuit règne, festive, subversive, offrant aux passants, aux artistes, une obscurité salvatrice, un espace de liberté où tout semble permis. Remontant le temps, Etienne Luneau nous invite, aux pieds de la butte, dans le plus célèbre des cabarets de la bohème montmartroise, le Chat noir, et ressuscite pour notre plaisir les plumes imagées de Bruant, Allais, Cros et autres Malarmé. Amusant !
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Loin du cadre de Bussang, où il a été créé, le Songe d’une nuit d’été version Guy Pierre Couleau perd de son éclat, de son charme. Si la pièce onirique, un brin burlesque, de Shakespeare permet toutes les facéties, dont l’incursion de comédiens amateurs dans la troupe, encore, faut-il s’en saisir. Trop sage, cette énième adaptation, bien que de belle facture, manque d’audace, de souffle. Dommage !
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Brune, piquante, Cristiana Morganti, figure marquante du Tanztheater Wuppertal, se raconte sans fard dans un seul en scène clownesque entre danse et théâtre. Se libérant petit à petit de l’image tutélaire et omniprésente de Pina Bausch, elle se livre, avec beaucoup d’autodérision et malice à une introspection jouissive. Une madeleine de Proust acidulée et gourmande à déguster avec délice.
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Loin de l’image de grand-mère gâteau que l’on imagine, Bérengère Dautun se glisse avec virtuosité dans la peau de cette charmante aristocrate russe que la vie a blessée, abîmée. Fille désaimée de sa mère, femme délaissée par son mari, mère ayant perdu un de ses fils, elle trouve, à plus de 50 ans dans l’écriture, un peu de paix, de sérénité. Une plongée douce-amère dans nos souvenirs d’enfance.
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Gueules noires, prisonniers du bassin minier qui les a vu naître, ils ne s’imaginaient pas autrement qu’ouvriers. Soutenus par leur syndicat, ils vont créer un courant artistique qui marquera l’entre-deux-guerres. Mise en scène avec simplicité par Marc Delva et portée par des comédiens épatants, la fable populaire de Lee Hall prend des accents humains et sociaux à la Ken Loach. Captivant !
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Nudité frontale, crudité des mots et asepsie des sentiments font l’essence de cette pièce étrange, froide sur les relations amoureuses d’un trio plus surprenant que sulfureux. Disséquant cliniquement les sentiments, gommant les émotions, Stanislas Nordey fait de cet Erich von Stroheim un spectacle sans âme que seul le charme ténébreux et le jeu intense de Thomas Gonzalez sauve sur le fil.