Attention, rien ne va plus. En adaptant à leur sauce déjantée La Mouette de Tchekhov, le collectif Le Grand Cerf bleu signe un spectacle décalé, un brin mélancolique, tout aussi jouissif que Brillant. Mêlant adroitement leurs propres interrogations sur le monde, le théâtre et la famille à celles du dramaturge russe, il nous invite à un voyage hilarant et poignant au cœur de l’art vivant.
Les mots sont passionnés, mielleux. Les images suaves, poétiques. En nous invitant dans l’alcôve d’une des plus emblématiques figures du féminisme, Anne-Marie Philipe met délicatement à nu la midinette qui se cache derrière le visage anguleux de Simone de Beauvoir. S’appropriant les textes de l’écrivaine et de ses amants, elle signe une pièce pleine de tendresse, le portrait d’une femme libre.
Au-delà des solitudes, des doutes, Nicolas Robin nous invite à un voyage plein de douceur au cœur des tourments ordinaires de l’âme. En contant les histoires singulières et banales de quatre Parisiens en quête d’amour, qu’il soit maternel, fraternel, amical ou passionnel, il touche au cœur et donne des couleurs acidulées et tendres au gris du quotidien. Une gourmandise littéraire à déguster.
Tout n’est qu’ordre et beauté, légèreté, calme et volupté, comme dirait Baudelaire. Sous les voûtes rondes et blanches du Panthéon, l’artiste circassien grenoblois nous invite à un voyage au pays des rêves. Flirtant avec les équilibres, se jouant des lois de la physique, il signe un spectacle déambulatoire hypnotique et onirique qui émerveille les sens et envoûte nos âmes. Un moment de grâce !
Silhouette ajustée, taille marquée, et c’est tout le corps de la femme qui est sublimé, ses courbes élégamment soulignées. En plongeant les visiteurs dans l’univers féerique et glamour de la maison de Couture fondée par Christian Dior, il y a de cela 70 ans, les arts décoratifs nous entraînent dans un surprenant et sensationnel voyage au pays des rêves. Majestueux !
Les mots coulent tel un torrent furieux. Ils s’entrechoquent, se répètent, disent la vie, les passions, les absences. Ils révèlent les parts d’ombre, les non-dits. Ils chantent, dansent, virevoltent et s’unissent en un bouleversant cri d’amour. Délicatement ciselé par Clément Hervieu-Léger et sa troupe virtuose, le déchirant et poétique chant du cygne de Lagarce nous touche en plein cœur.
Sous le regard inquisiteur d’un gardien exsangue, trois hommes, trois fauves en cage, se jaugent, se jugent et s’affrontent dans l’espoir vain de mettre fin à la solitude intérieure qui les ronge. S’appropriant le texte vénéneux de Genet, Cédric Gourmelon signe un huis clos suffocant où les tensions sexuelles s’opposent aux froideurs des âmes criminelles. Glaçant !
De sa plume scrutatrice, Harold Pinter plonge dans les mécanismes sulfureux et cruels du triangle amoureux. Il dissèque avec humour grinçant et férocité clinique les affres du mensonge, des non-dits et des petites trahisons. Si les propos ancrés dans les seventies peuvent paraître datés, la mise en scène inventive de Christophe Gand et le jeu habité du trio de comédiens en révèle toute l’âpreté.
En plongeant dans ses souvenirs d’enfance bohème, Audrey Dana nous invite à un ballet foutraque, vibrant, à une ronde de vie où la jeune fille turbulente, indocile, qu’elle était, se construit au gré des rencontres toutes plus truculentes les unes que les autres. Un parcours initiatique et salvateur qui dose émotion et sensibilité pour mieux nous saisir dans un final poignant, bouleversant.
Que cache le visage angélique de cette figure héroïque de la Résistance ? Un homme roc, un saint martyr de la République ou un être complexe entre ombre et lumière ? C’est à cette question singulière que Jean-Marie Besset consacre sa dernière pièce. Un portrait en clair-obscur, dense, bancal, révélant une nature humaniste qui se perd malheureusement en digressions superflues. Dommage.