La France ! France aux mille vertus, France éternelle et universelle, France qu’un peu partout on vénère, à laquelle on fait appel. Hollande l’a déclinée sur tous les tons dans son discours sur « la démocratie face au terrorisme » prononcé le 8 septembre à Paris. France de la fraternité et de l’égalité ; France celle dont on peut être fier.e ; celle qu’on évoque par toute la Terre…
Dans les manifestations, grèves, occupations, la pensée de l’étape suivante se fait hésitante voire chancelante. Après tant de mouvements défaits, comment penser collectivement les stratégies pour renouer, dans nos luttes, avec l'espoir et les victoires? Pourquoi ne pas réfléchir par exemple à la force coordonnée de comités de grève, d’action, de quartier, fédérés: un pouvoir face au pouvoir?
Le Premier ministre manie en habitué les éléments de langage désormais envahissants dans le vocabulaire des gouvernants : "changement", "courage des réformes", "souplesse", nécessité de "bouger". Mais ces mots se vident de sens face à une politique brutale de régression sociale. Parler de "gauche", décidément, pour ce gouvernement relève d'une imposture - qui continue d'être un obstacle politique.
Un spectre hante bien des gouvernements : celui de 1968. Et plus précisément cette configuration sociale et politique décisive qu’il a représentée : la jonction des jeunes et des salariés, dans une grève générale qui met le temps en suspens.
A l'occasion de la parution prochaine du Malheur français, le dernier livre de Marcel Gauchet, voici de nouveau quelques éléments pour comprendre comment un intellectuel «de gauche», ou du moins auto-proclamé, se fait le défenseur patenté de l'ordre social et du monde tel qu'il va.