Je reprends le fil de deux précédents billets pour approfondir la question des usages scolaires du langage : le langage pour penser et pour apprendre à l’école. Travailler cette question amène inévitablement à s’inscrire en faux avec la conception du moment relative aux fondamentaux qui, tels qu’ils sont présentés, ne peuvent permettre de réduire les inégalités.
Le CSEN a produit un rapport qu’il faut discuter tant pour sa forme que pour ses idées et ses sources. C’est un texte très orienté idéologiquement en appui sur des données essentiellement nord américaines et issues de l’économétrie comme son auteur. Comme il est habituel avec le ministre actuel, ce rapport ignore dialogue social, expérience des acteurs, sciences de l’éducation et sociologie…
Par Marc Bablet
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Jusqu’à présent Jean-Michel Blanquer n’avait pas osé s’attaquer vraiment à la maternelle tant il savait que les programmes de 2015 étaient le fruit d’un consensus appuyé sur des constructions professionnelles collectives. Aujourd’hui il met en avant un texte du conseil « supérieur » des programmes qui met en question le sens de cette école.
Jusqu’en 2019 les notes d’information de la DEPP concernant la rentrée faisaient connaître la situation des effectifs en détail en distinguant particulièrement l’éducation prioritaire. Cette année les choses changent empêchant la connaissance des effectifs de deux ans en éducation prioritaire. Au même moment, la secrétaire D’État donne une vision de la politique envisagée bien peu ambitieuse.
La crise rappelle l’importance d’un langage approprié pour permettre des interactions apaisées entre des personnes qui sont en désaccord. Ce n’est pas en insistant sur une transmission des prétendus fondamentaux que l’on parviendra à former nos élèves au dialogue démocratique et à l’élaboration de savoirs solides grâce au langage.
Dès que la République est attaquée on rappelle aujourd’hui encore que la langue française et l’école en sont les piliers. Si tout le monde parlait mieux français et si l’école portait plus haut les savoirs, cela n’arriverait pas. C’est bien simpliste, mais c’est l’occasion de replacer le sujet dans un cadre à partager, à discuter.
Si l’on veut avancer sur les questions difficiles posées à l’école de la République par la société, il faut protéger l’acte d’enseignement dans la classe de toutes les dérives dans lesquelles certains cherchent à l’entraîner. Pour cela protéger les professeurs et la relation pédagogique mais surtout leur donner les moyens de se protéger eux-mêmes au quotidien.
A chaque violence faite à ce qui représente et incarne la République on brandit des slogans, on annonce des mesures ou de nouveaux dispositifs, on rappelle des valeurs, on insiste sur l’importance de l’école pour lutter contre la barbarie mais bien vite on passe à autre chose. Un autre chemin est possible.
Il est très significatif de voir comment la note d’information de la DEPP (direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) sur les premiers enseignements de la crise met l’accent sur les satisfactions des uns et des autres. Heureusement, cet organisme ministériel publie dans le même temps un dossier qui donne accès au détail des réponses de plusieurs enquêtes. Il permet de construire d’autres images de la même réalité.
La circulaire de rentrée pour septembre 2020 est une circulaire bien ordinaire qui dit la politique ministérielle et l’état d’esprit ministériel qui favorise actuellement le grand désordre du système éducatif d’état et le grand désarroi des professionnels de l’éducation.