L’homme était beaucoup plus âgé que la femme, mais c’est la femme qui avait le regard amoureux. Un regard si amoureux qu’elle en était bouleversante de beauté. On devrait pouvoir dire à de telles personnes qu’elles sont belles. D’une main l’amoureuse tenait tendrement, tout en la caressant du pouce, la main fripée de son homme, et de l’autre elle laissait pendre le plan de la ville.
Un personnage qui peuple toutes mes chroniques du Marulaz (une dizaine ? Une quinzaine ?), mais qui n’est jamais qu’à peine esquissé. En quelque sorte un homme invisible. Une ombre. Quelqu’un qu’on voit seulement de dos. Que ce soit au bar ou derrière son incroyable appareillage photographique
Dès que j’avais décidé de témoigner de ma solidarité à mes amis portugais, je n’ai pas hésité à faire appel à mes deux joyeux complices. D’autant qu’Ana est elle-même d’origine portugaise, et que Patrice est un photographe portraitiste hors pair. Et y a-t-il meilleur lieu que mon bar de cœur, le Marulaz, pour exprimer une telle idée saugrenue : une photo provocante avec rouge à lèvres.
Depuis le temps que je m'étais mis à l'attendre, je me suis rodé à ces choses désagréables. Je sais ce qu'il fallait faire quand tout me fuit d'un coup, comme ça : aller m'allonger dans ma chambre. Et c'est ce que j'ai fait, du moins ce que j'ai essayé de faire, car c'est rempli de pièges fuyants sur une longue distance de plus de dix pas. Mais quels pas de croix.
Je me tais, je la regarde, je ne dis rien. Et soudain elle se lève, balaie de son regard les tablées autour de nous, puis au loin le ciel de Lisbonne chargé de nuages lourds. Et sans se retourner vers moi, elle me tend la main et dit d'une voix douce, très douce : - Viens, allons dire bonjour à la mer avant que la pluie ne reprenne!
Elle, c'est par passion qu'elle est voleuse de cœurs. Non par nécessité. Il lui arrive fréquemment, dit-on, qu'au moment de voler un cœur, elle se met à le martyriser par jeu, rien que par jeu, vu qu'elle en a toujours en réserve. Elle est comme un chat qui, faute d'avoir faim, chasse tout de même la souris pour jouer avec elle, pour s'amuser à ses dépens, à ses dépens à elle bien sûr.
Rêvez... Rêvez d'amour... D'un grand amour... Rêvez d'une rivière en songe d'amour... Ou d'un songe en bord de rivière... Rêvez de quelque fluet souvenir... Mais rêvez !
Je n'avais cédé qu'une fois, une presque-fois, et je l'avais immédiatement regretté. Elle avait un amoureux aussi heureux et aussi joyeux qu'elle, et ça me peinait de ternir une si belle romance. Je laissais ce soin aux autres hommes, et il y en avait qui ne demandaient qu'à bafouer leur belle idylle.
Moi je préfère la version de Claire Michaud elle-même. Elle m'avait dit : un jour je trouverai un inconnu taillé juste pour moi, et je me jetterai dans ses bras, et il m'emmènera avec lui dans son inconnuité. Est-ce que ça existe le mot "inconnuité"? Non, mais bon, nous ça nous fait penser qu'elle est ainsi unique, notre Claire Michaud...
Et voilà : une femme arrive d'un pas alerte. Sportive, Besançon est peuplée en bonne partie de femmes sportives. Ou musicienne. A la voir toute vive, toute joyeuse, je me dis qu'elle est peut-être les deux à la fois, quoi que c'est souvent incompatible. Et alors, tout sourire, mon adversaire lui offre mon bouquet.
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