On nous présente Bardella et Mélenchon comme deux dangers équivalents. C'est oublier l'essentiel : ce qui tue la démocratie, ce n'est pas la colère qui nomme les conflits, c'est le sourire qui les efface dans l'insignifiance.
Mardi 9 décembre, le PS a voté pour un budget qu'il aurait dû combattre ; EELV s'est abstenu sur un texte qu'il déclarait condamnable. Double défaite d'une gauche sans horizon.
2 décembre. Grève. Et déjà le même refrain : trop cher, trop lent, trop généreux. La France halète, on lui ordonne d'accélérer. Le producérisme s'est installé, non comme argument mais comme évidence, non comme politique mais comme impératif moral.
Le Parlement s’enferme dans des mises en scène qui détournent une grande partie du pays d’un jeu politique sourd aux affects qui le traversent. Entre gestion technocratique, identitarisme et réformisme sans élan, la conflictualité est étouffée. Prendre au sérieux les colères et habiter la division devient peut-être la seule voie pour rendre à la politique sa force.
Sous couvert de lutte contre la fraude sociale, le néolibéralisme impose la disponibilité permanente. Repos et maladie deviennent enjeux politiques d’une mobilisation infinie. Jusqu’à l’épuisement.