Le blog de Sirine Alkonost

À ce stade, même s'il ne reste plus aucun manifestant en vie d'ici demain soir, même si personne ne lève le poing le lendemain, notre vérité prévaudra, car ce moment est arrivé, où il faut faire le choix, de « prendre ou non les armes contre une mer de tourments ».

Les messages s'empilent, les mots se chevauchent, les arrestations et les morts s'accumulent, je ne traduis pas assez vite les messages qui me parviennent. En voici un... Lisez, partagez s'il vous plaît, c'est maintenant que tout se joue.

Elles avaient fait rêver tout un peuple, on les comparait à Rosa Parks, femme noire décidant de faire comme une blanche, en s'asseyant là où il y avait de la place. L'une d'entre elle est à présent en prison. Parce que, femme iranienne, elle avait voulu faire comme une femme du "monde libre", et enlever son fichu et son manteau pour manger.

Un être humain de chair et de sang, quelqu'un dont la vie vaut autant (ou aussi peu) que la vôtre, à mis sa sécurité en danger pour que ce message vous parvienne. Il m'est arrivé avec la mention « urgent, doit être traité en priorité sur tout le reste ».

« Nous ne pouvons voir ce à quoi nous sommes confrontés que dans nos propres bulles. Maintenant que tous les autres moyens de circulation de l'information ont été restreints, nous en savons encore moins. Nous sommes détenus dans une bulle d'information. Pas complètement scellée, bien sûr mais qui nous maintient déconnectés, détachés comme un membre amputé de son corps. »

Depuis des années, mon quotidien intime est fait de fils invisibles tendus entre Paris et Téhéran. Ces fils ont toujours été ténus - du temps de Yahoo et AOL déjà, remplacés depuis par Whatsapp, Signal, etc. Depuis les manifestations qui ont suivi la mort de Mahsa, ces fils se sont, un à un, brisés. Mais juste avant le black out, j'avais reçu ce courrier, écrit pour vous, lecteurs de France.