Agrandissement : Illustration 1
Par monts et par vaux, au fil des saisons qui passent, par tous les temps qui courent, en y prêtant un semblant d’attention on peut apercevoir cette silhouette énigmatique aux contours estompés qui s’infiltre dans le moindre interstice de l’inédit. Tantôt limpide, tantôt poétique, avec cette imagination débordante qui la porte au faîte d’instants les plus fugaces.
Parfois elle se manifeste du côté de ces immensités océaniques, errant au hasard de l’infini, dédale de cordons de dunes, se faufilant à pas perdus entre les blockhaus désaffectés, glanant ça et là quelques bribes de confidences enfouies, lambeaux de tourments d’hommes éparpillés dans les brumes de l’oubli. Flâneries de sable et d’écume en ces lieux d’intense solitude à l’abri du mugissement du monde. Confidences.
Tentant d’oublier son nom, brusquement elle vous échappe, devient insaisissable, sitôt évanouie en d’autres contrées plus lointaines que les lueurs d'opale. De passage sur la grève abandonnée, sa trace s’éclipse à capter les lumières d’égarement irisant le jour sur quelques fragments de miroirs brisés. Clins d’œil au hasard des fantaisies.
Agrandissement : Illustration 2
Sous un angle saillant de rugosité, de temps à autre elle se profile du côté des terres de houille, vagabondant au plus près des marques laissées au cœur des campagnes environnantes, jusqu’à appréhender les conditions de vie des laborieux des opacités. Ombre porté sur ce paysage émotionnel bordé de crassiers de terrils parsemés au gré des paysages du plat pays.
Mine de rien, l'empreinte de ses pas porte la griffe de ces desseins de plomb dans l’Enfer des houillères. Au carrefour de ces territoires de galeries souterraines, grisée à outrance elle dévoile un pan de ses racines ancestrales. Esprit farouche, en ces corons de brique et d'anthracite, elle apparait au grand jour drapée de cette silhouette projetée des pénombres. Prodige des gisements.
Gueules noires, terres de houille.
Agrandissement : Illustration 3
Sans doute faut-il prendre un brin de recul, une certaine distance pour espérer croiser à nouveau son passage furtif dans le crissement de ces petits cailloux roulés, constellé dans le sillage de son cheminement. La réalité s’avère bien plus capricieuse que notre imagination fertile en rebondissements. Elle file dans le sillage des temps.
Elle est passée par ici, certainement qu’elle repassera par là. Quelque chose tinte faux, cette certitude que nos chemins se croisent à nouveau au détour de petits sentiers ombrés, guettant le mystère de cette chimère au-delà des apparences. Suivre le tracé de cette esquisse relève d’une divine alchimie doublée d’infinie patience. Elle était là où maintenant elle n’est déjà plus. Passante au long cours.
A la croisée du chemin… l’Autre.
Agrandissement : Illustration 4
Éparpillée dans l’air du vent, son itinérance prend des allures d’envol à la poursuite d’une intuition qui jusque là tait son nom. Tisserande à l’aube de la nuit, elle se confond en pages de liberté, grisée par les déferlantes de l’équinoxe. Rien ne la retient, rien ne la contraint.
Là où chacun sommes tous reliés, sa silhouette nébuleuse délie les fils emmêlés tissés par les Moires. Une tout autre destinée à l’apparence d’un papillon aux ailes d’espoir. Sous les caprices de la lune, la transparence, vaincue de ses plus grandes craintes. Avec talent, avec persévérance, avec brio, à ne jamais perdre le Nord.
Si certains semblent la croiser au détour des bords de grève de la côte d’Opale, d’autres vous certifieront l’apercevoir aux alentours des panoramas entourant les lacs aux eaux turquoise vantées par les plus grands poètes. Mirage évaporée dans un décor de rêve. À moins qu’elle se soit révélée à contempler ces paysages majestueux, nichés dans les recoins de cette terre généreuse et authentique, intimement liée au poète troubadour qui mit en chanson ses louanges. Quelques récits de vie réglés comme du papier à musique.
En ces contrées reculées, de braves autochtones jurent par tous les diables avoir effleuré une lueur crépusculaire enroulée dans la langueur de la nuit. L’obscurité ose à peine y croire. Happée par la respiration des vents, là voilà qui file comme une étoile sur la trame de la poésie des grands larges. À peine le temps de le dire qu'elle s'éclipse déjà. Sans doute a t-elle trouvé sa voie...
Agrandissement : Illustration 6
De part le grand bleu, elle se manifeste dans les évasions lointaines de tout ce que contient le bruissement du firmament. Parée de tonalités célestes, son âme vagabonde au gré des aléas des sons, des sens, des sensations. Bercée par le roulis des vagues, dans la torpeur d’un voyage sans fin, à s’inventer quelques instants d’éternité. Des hasards, des coïncidences, insolite rencontre. Fidèle à son appétence de vie, la muse a mis les voiles.
La vie n’est qu’un rêve qui déambule au loin, berceau d’idées brodant de grisantes surprises avec trois bouts de ficelle. Entre flou et vaporeux, là où flotte la confusion, dans le clair obscur des gages laissés à l’imagination des nuages galopant mille chimères. Une ombre, une illusion, un songe. N'était ce donc là qu'un rêve ?
Dis, quand reviendront-ils ces doux parfums du temps ?
Ce pays où vous n’avez jamais voyagé, aux dimensions plurielles entre ombres et lumières. Sans que l’on délimite vraiment les pourtours tant les souvenirs s’y ressemblent, s'y rassemblent. Ressentir ce qu’il y a de plus proche, de plus déroutant, d’inaccessible en soi. Doux leurre.
Cédant la place à la timide lueur du jour, une silhouette qui se laisse aller à vau-l’eau dans le langage décousu du silence. Simple rendez-vous en terre inconnue, à pas feutrés dans le clapotis des flots, dérivant au gré de l’instant. Comme un tableau esquissé à grands traits. Un frisson dans le ciel.