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Billet de blog 5 juin 2023

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Ambiance délétère

Plusieurs petites chroniques qui se font l’écho de la fébrilité de la Macronie, des manipulations LR et RN sur les chiffres concernant les étrangers, du Grand déplacement des SDF, et de la "décivilisation" galopante.

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Étrangers : la manipulation des chiffres

Les Lepénistes ne sont pas les seuls à répéter jusqu’à plus soif que 500.000 étrangers ont été accueillis l’an dernier en France ce qui correspond à une ville (« comme Toulouse », proclame Olivier Marleix sur Franceinfo le 25/05). Othman Nasrou, premier secrétaire délégué des LR, vice-président de l’Ile-de-France aux côtés de Valérie Pécresse, répétait la même chose le 27 mai dans la Matinale de France Inter à Carine Bécard. Comme  d’habitude, la journaliste ne reprend pas, pire, elle attend un peu et elle lui dit, distraite : « vous avez dit 200.000 ? ». Il la corrige, trop tard, elle a affiché ainsi ouvertement qu’elle n’a pas bien travaillé le sujet (elle sait juste, on a dû lui préparer une fiche, que ce « mot-là » [sic], c’est-à-dire le chiffre qu’il invoque,  cela représente seulement 0,7 % de la population française). Comme si ce pourcentage pouvait rassurer les auditeurs, alors qu’il vaudrait mieux démonter le chiffre. En effet, ce chiffre est agité comme un hochet par la droite et l’extrême droite, pour affoler les populations. Déjà il est exagéré : c’est 476.000, et les 156.000 demandes d’asile sont comptées dedans (dont près de 66.000 Ukrainiens et 22.500 Afghans après la reprise de Kaboul par les Talibans) et le nombre de titres de séjour d’étudiants (108.000) est en forte hausse, destinés le plus souvent à repartir dans leur pays.

Illustration 1

Il ajoute que l’immigration irrégulière c’est entre 800.000 et un million : là encore, les chiffres sont exagérés. Un million c’est le chiffre que ne cesse de répéter Marine Le Pen. Officiellement, on admet qu’il y a 736.000 sans-papiers (à noter que les clandestins sont loin d’être tous clandestins, simplement ils ne sont pas en situation régulière). Comment est-on parvenu à ce chiffre puisque par définition des clandestins sont guère repérables : sur un faible échantillon, on a constaté que 51 % seulement des sans-papiers utilisaient l’Aide Médicale d’État [AME]. Comme il y a 368.000 bénéficiaires de l’AME, on en déduit que les clandestins sont deux fois plus nombreux (par extrapolation approximative) ! La droite puante qui s’ingénie à prétendre que les étrangers abusent de l’AME ne tire aucune conclusion du fait qu’il n’y aurait que la moitié des sans-papiers qui utilisent cette protection de santé. D’ailleurs, cela signifie peut-être qu’il n’y a pas autant d’étrangers en situation irrégulière qu’on ne le dit. Comme souvent, il y a une vraie manipulation des chiffres (comme sur le nombre d’étrangers dans les prisons), jamais corrigée par les journalistes.

Qui est Othman Nasrou si prompt à empêcher des étrangers à venir en France ? Un jeune Marocain, né au Maroc, ayant fait ses études dans des lycées français huppés au Maroc, puis en France (lycée Sainte-Geneviève à Versailles) avant de faire HEC. Malgré un court engagement social à Trappes, il milite très vite à l’UMP. Il critique fortement « l’État nounou » et « l’assistanat », en somme tout ce qui peut plaire, au sein des LR, à Laurent Wauquiez qui se prépare pour la présidentielle.

[27 mai]

Précision sur les détenus étrangers :

Extrait de mon post Facebook du 10 juin 2022 après le débat sur France 2 avant le 1er tour des élections législatives :

Jordan Bardella comme Consigny et Peltier affirment que 20 ou 25 % des détenus en prison sont étrangers. Ce chiffre sassé et ressassé par la droite et l’extrême droite (Le Pen, Zemmour, Pécresse, Ciotti) sous-entend que nos prisons regorgent d’Arabes et d’Africains qu’il faudrait expulser. Or jamais des journalistes ni des responsables de gauche ne leur opposent le fait que, s'il y a bien 23 % d’étrangers dans les prisons françaises, ils ne sont pas tous ce que nos racistes patentés prétendent : en octobre 2021 [statistiques du ministère de la Justice], sur 82.932 détenus il y avait 17.198 étrangers, dont 9793 étrangers originaires de l’Afrique, dont 6809 du Maghreb, soit 8,2 %. Pourquoi cette précision n’est-elle jamais donnée ?

Le Grand déplacement

Le gouvernement envisage de déplacer des SDF de Paris vers la province. La main sur le cœur, le ministre dit que c’est pour leur bien, ils sont trop nombreux dans la capitale. Des associations reconnaissent avoir été consultées : selon L’Obs, elles estiment que « l’intention est louable », mais elles s’interrogent sur le proximité des prochains Jeux Olympiques. Ne serait-ce pas pour faire place nette ?

Pour tenter de justifier la démarche, on nous dit que les hôtels ne sont pas adaptés pour la réinsertion et que les demandeurs d’asile sont bien, eux, dispatchés en province pour une plus juste répartition sur le territoire.

D’une part, les SDF ne sont pas des demandeurs d’asile : s’ils n’ont pas de logement fixe, ils peuvent être attachés à la ville qu’ils connaissent, où ils vivent depuis longtemps. On nous assure qu’ils ne seront pas déplacés de force, encore heureux. Il n’empêche qu’il y a des moyens (de chantage) pour qu’ils acceptent. Et je m’étonne que cette mesure, lancée dans la précipitation, ne pose problème que si elle sert les JO. Déjà certains SDF ont été envoyés à Toulouse qui a ses propres problèmes d’hébergement : plusieurs ont finalement regagné la capitale.

Tous les medias ont mis des photos de SDF dans la rue, alors que les publics concernés sont celles et ceux qui sont hébergés dans les hôtels. Pour ma part, je préfère illustrer avec le rapport de l’Observatoire de l’habitat indigne à Toulouse que j’ai présenté sur ce blog en novembre dernier.

Illustration 2

. Sans-abri : rapport sur l'habitat indigne à Toulouse.

[26 mai]

Fébrilité de la Macronie

Le rapporteur général du budget, ci-devant député Renaissance du Gers, Jean-René Cazeneuve, a publié une tribune dans Le Monde du 25 mai* dans laquelle il conteste la proposition de loi [PPL] qui vise à abroger la loi sur les retraites et qui devrait être soumise au vote des députés le 8 juin (deux jours après la manifestation du 6 juin). Il invoque évidemment ce que la Macronie ne cesse de répéter depuis qu’elle croit avoir trouvé une parade : l’art. 40 de la Constitution qui ne permet pas aux parlementaires de faire une PPL qui aggraverait la dépense publique : le gouvernement peut dans un projet de loi mais pas le Parlement car il y a danger, dixit le député, que ses collègues « dans leur grande générosité multiplient sans garde-fou les dépenses » (on aura noté en quelle estime M. le Rapporteur tient l’auguste assemblée).

Illustration 3
Jean-René Cazeneuve, lors d'une soirée sur la méthanisation à Montesquiou dans le Gers, protégé par quatre gendarmes, au cas où [Photo YF]

Il évalue que, sans la réforme, le coût des retraites augmentera de 15 milliards d’euros à l’horizon 2030 (Elisabeth Borne parlait au même moment de 18 milliards, ce qui confirme que tout cela est au doigt mouillé, n’oublions pas que le Conseil d’Orientation des Retraites l’évaluait entre 10 et 12 Md€, sans en être certain). Il rappelle que c’est au président de la commission des finances [Eric Coquerel, LFI] ou à lui-même, rapporteur, de décider si la PPL est recevable, alors qu’il semble bien que si le président n’est pas empêché c’est à lui et à lui seul d’en décider. Il ironise car la PPL prévoit de gager un éventuel déficit des retraites sur une hausse du prix du tabac, façon d’admettre qu’il y aura un déficit pense-t-il : sauf qu’un gage pourra être levé s’il n’y a pas de déficit. C’est d’ailleurs ce qui pourrait justifier que la PPL soit recevable : le fait que la dépense n’est pas déterminée avec certitude mais purement hypothétique.

On sent bien que la Macronie est agitée d’une certaine fébrilité : le député est « outré » que responsables politiques et syndicaux soutiennent une PPL qui « viole » la Constitution, il parle de « mensonge », de « travail de sape », pour conclure sur un : « Assez ! Ressaisissons-nous », on sent poindre un d’Artagnan prêt à sortir son épée du fourreau. Le bon petit soldat qui espère bien un poste de ministre lors d’un prochain remaniement, compte marquer des points avec cette tribune. Il n’est pas exclu que sa plainte contre un syndicaliste gersois de la CGT, responsable départemental du secteur santé-social, soit elle-même impulsée en haut-lieu afin de criminaliser la protestation sociale. L’affichette scotchée sur la porte de sa permanence n’était pas sympa pour Macron (« une ordure peut en cacher d’autres ») mais prétendre qu’elle a constitué une « dégradation » alors qu’elle était facilement détachable est surréaliste. Et pour enfoncer le clou, parce qu’il y avait des centaines de manifestants, l’infraction aurait été commise « en bande organisée » ! Pourquoi pas avec association de malfaiteurs ?

* Le groupe LIOT trahit notre Constitution

Intellectuels & antifas à la casserole

Samedi matin, une casserolade anti-loi des retraites et anti-Macron a déambulé dans les rues d’Auch (Gers) : occasion pour le député Renaissance Jean-René Cazeneuve, ci-devant rapporteur du budget, de se fendre d’un billet d’humeur dénonçant la « cacophonie idéologique contre la symphonie des fourneaux » car il se trouve qu’avait lieu au chef-lieu du département la seconde édition d’Auch Le Goût, festival annuel de la gastronomie gasconne.

Illustration 4
Le député rapporteur du budget lors de l'inauguration de la rue André-Daguin à Auch en mai 2022 [Photo YF]

Il s’avère que le député macroniste ose tout et c’est même à ça qu’on le reconnaît : en quelques lignes, il s’en prend aux « intellectuels » qui auraient gêné les cuistots [ce qui n’est pas corroboré par de nombreux témoins], qui auraient fait preuve d’un « mépris ce classe », aux « ‘antifas’ de salon » qui ne s’attaquent pas au Rassemblement National, à cette « extrême-gauche qui veut abattre notre République », à ces casserolades qui s’inscrivent dans la « longue litanie mortifère d’agressions et de menaces des élus de la République ».

Décortiquons : même s’il a mis des guillemets à "intellectuels", il dissimule à peine le fait qu’il n’y a pas grand monde qui oserait lui adresser le même reproche. Mais surtout, on sait d’où vient en général l’accusation d’intellectuel, d’une droite peu ragoûtante si l’on veut conserver la métaphore culinaire, qui se croit populaire en disqualifiant ceux qui pensent. Une droite qui, en outre, se moque du tiers comme du quart de savoir si les manifestants sont vraiment des intellectuels. Il y avait donc des citoyens frappant des casseroles pour protester contre une loi qui contraint à travailler deux ans de plus, et c’est tout en leur honneur. D’autant plus que cette loi frappe les moins diplômés, les plus diplômés (les "intellectuels") devront de toute façon travailler au-delà de 64 ans. [Je note en passant que le même député, me suspectant de ne pas aimer d’Artagnan, s’est interrogé en commentaire sur mon compte Facebook : « Peut-être n’aimez-vous pas la culture populaire ? »].

Si ces agitateurs de casseroles sont antifas "de salon", en quoi lui serait antifasciste de terrain alors même que la Macronie ne cesse de dérouler le tapis à Marine Le Pen et à ses affidés, que M. Macron a voulu consulter Zemmour sur la politique d’immigration, et que le gouvernement tolère des manifestations néonazies à Paris ? "Antifas" sous sa plume sonne comme une insulte alors même que dénoncer le fascisme sous toutes ses formes, parfois insidieuses, qui envahissent l’espace public, politique et médiatique, devrait être le combat de tous. La droite au pouvoir est déboussolée, car minoritaire : elle redoute sérieusement le scrutin à l'Assemblée le 8 juin sur la nouvelle loi retraites. Selon le mantra de la droite (Renaissance et LR), il manie la confusion : extrême gauche et extrême droite seraient du pareil au même. Outre que cela dénote d’une inculture politique flagrante, c’est faire la part belle à l’extrême droite en passant de fait sous silence ce qui fait sa nature même : la xénophobie, le racisme, le nationalisme viscéral, le rejet des différences.

Le député, moqué par Libération comme appartenant à une « famille en or » ("Les Cazeneuve, une famille macroniste en or", 18 mai 2022), ose sans vergogne parler de « mépris de classe » ! Le monde à l’envers. Par ailleurs, il prétend défendre « notre République » mais il protège en réalité "une" République, la 5ème, alors que "la" République autorise encore de pouvoir en prôner une autre, plus démocratique, plus sociale, plus juste.

Enfin, sans craindre le ridicule, il ose assimiler les casserolades à des agressions et menaces contre des élus. Certes, il est invectivé lors de manifestations de rue, car "digne" représentant de cette Macronie : même si viser ainsi un individu fait courir le risque au mouvement de protestation de dénaturer sa lutte en l’orientant vers un populisme droitier (car ce sont bien les réactionnaires qui individualisent les cibles), on ne peut nier qu’il s’ingénie à donner à ses opposants du grain à moudre et des verges pour se faire battre. Avec son billet d’humeur, comme avec la politique qu’il mène au parlement.

. Prose de M. Cazeneuve : ici.

[16 mai]

Illustration 5
[Ph. YF]

Tous décivilisés

Ainsi le Président de la République considère que l’on aborde une période marquée par « un processus de décivilisation ». Ce sont les mots qu’il a employés au conseil des ministres de mercredi (24 mai). Son entourage affirme qu’il n’a pas voulu emprunter le terme à l’extrême droite (celle de Renaud Camus inventeur du Grand Remplacement et auteur d’un ouvrage portant le titre de Décivilisation). Emmanuel Macron l’utilise parce que trois policiers sont morts dans un accident de la route, parce qu’une infirmière a été tuée par un malade, parce qu’une jeune femme a provoqué la mort d’une enfant en la percutant alors qu’elle était « positive aux stupéfiants », parce qu’un élu a été agressé (incendie de ses voitures et de sa maison). Coutumier de l’amalgame, il commente : «Il faut être intraitable sur le fond. Aucune violence n’est légitime, qu’elle soit verbale ou contre les personnes. Il faut travailler en profondeur pour contrer ce processus de décivilisation».

C’est vrai qu’il y a un problème de fond : mais les incivilités n’impliquent pas seulement des citoyens qui ne respecteraient pas la loi et qui rendent la vie impossible aux autres. Si décivilisation il y a, c’est une administration qui n’est pas organisée pour avoir des réponses humaines, ce sont des plates-formes téléphoniques insupportables qui ne renseignent pas, c’est une privatisation à tout crin qui n’apporte aucune compétence nouvelle bien au contraire, ce sont surtout des décideurs, des gens de pouvoir qui ne montrent pas l’exemple (des élus tricheurs parfois condamnés, de hautes personnalités mises en examen sur des incriminations graves, y  compris un ancien président de la République). J’ai l’intime conviction que les incivilités à la base, bien réelles, sont en grande partie la conséquence des injustices institutionnalisées, des malversations répandues dans les hautes sphères, d’une classe dominante qui fait sécession en cherchant en permanence à sauver ses privilèges en rognant les droits sociaux, c’est une extension considérable ces dernières années d’une pensée d’extrême droite parfois fascisante qui s’exprime sans retenue dans le débat public, dans des médias propriétés de milliardaires distillant leur idéologie réactionnaire et mortifère, qui désavoue toutes velléités du bien commun, et moque sans cesse le "vivre ensemble".

La confusion générale c’est ce que pratique le Président en assimilant la contestation sociale à une violence et en la criminalisant alors même que depuis dix ans c’est l’État qui exerce une violence physique démesurée sur les contestataires ; en confondant la sévérité des slogans avec des agressions physiques ; en exploitant et en présentant la mort tragique de trois (jeunes) policiers dans un accident (les fautes du chauffeur coupable devront être déterminées) comme s’il s’agissait d’un acte terroriste, avec déplacement en fanfare du chef de l’État et Légion d’honneur. S’ils avaient été victimes de malfrats, quelle aurait-été la mobilisation du sommet de l’État ? Si trois professionnels de n’importe quel autre secteur sont tués dans le même type d’accident, le chef de l’État se rendra-t-il sur place ? Si des travailleurs sociaux sont abattus dans le cadre de leur mission par un individu mécontent (c’est arrivé plusieurs fois), est-ce qu’un ministre se déplacera ? Jamais jusqu’à présent.

Le meurtre d’une infirmière par un malade c’est évidemment gravissime, mais les minutes de silence organisées par les collègues dans toute la France ne visent pas les patients mais le dispositif en place pour contenir des malades dangereux et le manque de moyens mis en œuvre. Une conductrice "positive aux stupéfiants", cela signifie qu’elle consomme des stupéfiants, mais cela ne dit pas encore si elle était sous l’emprise de la drogue, mais tout est fait pour instiller le doute. Des commentateurs prennent un malin plaisir à cultiver médiatiquement toutes ces confusions, particulièrement celles et ceux de la droite dure, de l’extrême droite et de la faschosphère, qui s’en délectent.

Enfin, on peut s’étonner qu’un président en charge de l’État depuis six ans puisse donner un tel diagnostic du pays sans battre sa coulpe. Il doit bien avoir une part de responsabilité si la France se "décivilise", non ?

[25 mai]

Abus au RSA et à la CMU

Le ministre des affaires étrangères comorien, disposant de la double nationalité (Comores/France) est mis en cause pour avoir perçu des droits sociaux (RSA, CMU) alors même que lui et son épouse avaient des revenus. L’affaire est évoquée dans Le Monde du 24 mai, et va faire les choux gras des feuilles de choux qui se gargarisent de la fraude sociale. Sauf que l’affaire a déjà été révélée il y a deux ans et demi, et qu’on a affaire là non pas à de la fraude sociale mais carrément à de l’escroquerie.

Illustration 6

Ce qui me met en colère ce n’est pas tellement cette escroquerie (elle est évidemment condamnable) mais c’est le fait que les responsables de la CAF et de la Sécu de La Réunion n’ont pas diligenté les contrôles suffisamment rapidement, pour un personnage connu, laissant perduré les abus de 2015 à 2022 (pour un coût total évalué à 251 500 €), peut-être sur injonction d’en-haut pour ne pas aviver des tensions avec les Comores.  Ce genre de scandale est exploité à tout coup par la droite dure et la faschosphère, en accréditant l’idée que c’est une généralité, alors que chacun sait que les institutions de protection sociale savent être intraitables avec le pékin moyen.

[24 mai]

. voir mon billet sur Les abus de la lutte contre la fraude sociale.

Les sanctions de Borne

Illustration 7

Elisabeth Borne profite de son déplacement sur l’ile de la Réunion pour déclarer qu’il y aura des sanctions si les gens au RSA ne respectent pas l’engagement. En réalité, la suspension du RSA existe déjà pour cette raison. Sauf qu’elle dit qu’il y aura « un dispositif de sanctions dès lors qu'on aura accompli, de notre côté, notre part de responsabilité, c'est-à-dire qu'on aura mis la personne bénéficiaire du RSA en situation de suivre le parcours qu'on lui a proposé ».

Ainsi, elle prend des gants (« notre part de responsabilité ») mais glisse évidemment consciemment le fait que l’allocataire du RSA doit accepter ce « qu’on lui a proposé ». Or même avec l’extrémiste Sarkozy lorsqu’il a promulgué le RSA en 2008 (en faisant croire qu’il va les mettre au travail), il était cependant entendu que l’accompagnement avait pour but de conclure un contrat partagé, par l’intéressé et l’administration, et non pas imposé unilatéralement par cette dernière. Donc colère avec cette nouvelle manipulation du gouvernement. Un seul souhait : que les professionnels qui seront chargés de ce travail résisteront à cette conception autoritaire de l’accompagnement social et professionnel.

[14 mai]

Les provocs du Duce

Le racisme ainsi que les positionnements farfelus de Nadine Morano ne sont plus à démontrer. Le Duce des Alpes-Maritimes lui prévoit un poste de ministre de l’immigration : pure provocation. Quant à Jacqueline Eustache-Brinio, elle est connue comme maire ayant complètement abandonné les quartiers populaires. Wikipedia : « En 2010, elle s'emploie à lutter contre l'installation de 70 réfugiés majoritairement originaires de Tchétchénie et du Kosovo. Elle demande aux employés de la mairie de refuser l'inscription de la trentaine d'enfants à l'école municipale, une demande illégale qui est levée par la FCPE et l'opposition municipale, puis décide de leur interdire la cantine, l’étude scolaire et les services sociaux.

Illustration 8
Les pieds-nickelés

Elle tente par ailleurs à partir de 2011 d’empêcher la transformation d'un pavillon en lieu de culte pour les musulmans. À trois reprises, la ville est condamnée pour "atteinte grave aux libertés fondamentales de réunion et de culte". » Son islamophobie et son opposition aux réfugiés gênent au sein même de l’UMP, provoquant une scission dans le Val d’Oise : c’est dire si le choix de Ciotti de la charger de l’identité est pire qu’une provocation. Une tentative de chasser sur les terres RN et zemmouriennes. Espérons que cela fera fuir les éventuels LR encore démocrates, on peut toujours rêver.

[14 mai]

. Chroniques parues aux dates indiquées entre crochets sur mon compte Facebook, ici avec quelques variantes et compléments.

Billet n° 736

Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au  n° 600.

Contact : yves.faucoup.mediapart@sfr.fr ; Lien avec ma page Facebook ; Tweeter : @YvesFaucoup

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