YVES FAUCOUP (avatar)

YVES FAUCOUP

Chroniqueur social

Abonné·e de Mediapart

885 Billets

2 Éditions

Billet de blog 15 février 2023

YVES FAUCOUP (avatar)

YVES FAUCOUP

Chroniqueur social

Abonné·e de Mediapart

Chroniques retraites

Qui est démagogue : qui sabotent le système de retraite en supprimant les cotisations sociales sur les heures supplémentaires ? Pourquoi ne pas supprimer le système de décote très invalidant ? La cohorte des faux experts en retraite, faux calculs, faux déficit.

YVES FAUCOUP (avatar)

YVES FAUCOUP

Chroniqueur social

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Qui est démagogue ?

Le pouvoir ne se prive pas de reprocher à ses adversaires d’être démagogues, alors qu’il serait lui réaliste, pragmatique et ne craindrait pas d’affronter la contestation pour obtenir un système social équilibré financièrement.

Or il faut rappeler inlassablement que notre système social n’est pas une création des Macronistes (pas plus que des Ciottistes), mais en grande partie le résultat de luttes sociales. Ceux qui défendent avant tout les intérêts des possédants n’ont pas admis de gaieté de cœur des avancées sociales comme les congés payés, les retraites ou la baisse du temps de travail hebdomadaire.

Illustration 1

Par ailleurs, Bruno Le Maire, Gabriel Attal et Olivier Véran, en parcourant les plateaux de télé et de radio, ne cessent de décrier les positions de la NUPES qui demande la taxation des heures supplémentaires. Qui est démago ?

Alors même que la suppression des cotisations sur les heures supplémentaires est une atteinte délibérée à notre système de protection sociale. Mais nos propagandistes de la droite cherchent à monter les ouvriers contre la gauche puisqu’évidemment s’il faut prélever des cotisations et payer un impôt sur les rémunérations pour heures supplémentaires cela réduit d’autant le salaire perçu. Ils se gardent bien de préciser que, déjà, l’exonération des cotisations sociales sur les salaires de 1,6 à 3,5 du Smic ce sont 4 milliards d’euros perdus pour la Sécu (sans prouver que cela favorise l’emploi), et que l’exonération des cotisations sociales ainsi que la défiscalisation des heures supp c’est 3,5 milliards qui n’entrent pas dans les caisses publiques. Si on remettait en place l’ISF (à des ultra-riches qui se rendaient à peine compte du montant de leur impôt sur leur fortune), on atteindrait près de 12 milliards : justement ce qui manquera peut-être pour les retraites dans quelques années, selon les estimations les plus pessimistes.

[13 février]

Débats sur les retraites

. Terra Nova a publié le 22 décembre 2022 un rapport sur les retraites, accusant la réforme du gouvernement d’être trop brutale, mais considérant qu’il faut prendre des mesures, les générations futures n’ayant pas à faire les frais d’un endettement non productif (à la différence des investissements producteurs de recettes à terme). Ce cercle (ou think tank) social-libéral, proche du PS, s’oppose au report de l’âge de départ mais prône un effort, non pas sur les hauts patrimoines qui devraient être taxés pour consolider globalement les finances publiques, mais sur les entreprises (en supprimant les exonérations de cotisations patronales entre 1,6 et 3,5  fois le Smic) et sur les retraités gagnant plus de 2000 euros. Et de façon générale, de sous-indexer le montant des pensions ! C’est-à-dire de réduire leur augmentation en fonction de l’inflation, alors que Balladur a déjà dans le passé (1993) supprimé l’augmentation des pensions en fonction de la progression du salaire moyen ce qui était plus avantageux.

. Henri Sterdyniak, économiste, ancien de l’OFCE [Observatoire français des conjonctures économiques], membre des Économistes atterrés, conteste dans une note de 5 pages, publiée le 11 janvier, la démonstration de l’auteur anonyme de Terra Nova (qui se présente comme enseignant en économie et finances publiques mais pourrait bien être un haut-fonctionnaire de Bercy). Sterdyniak conteste, chiffres à l’appui, le déficit du système des retraites. Par ailleurs, il s’oppose au fait que ce soit les retraités qui payent, alors même que le pouvoir d’achat des pensions est depuis longtemps régulièrement en baisse.

----

. Terra Nova, Une autre réforme des retraites est possible, 17 pages.  

. Réforme des retraites, un compromis illusoire. Réponse à Terra Nova, par Henri Sterdyniak.

[13 février]

Ah ! RE

Illustration 2

Les députés Renaissance (leur sigle c’est : RE !) diffusent un petit sujet sur les retraites ventant la réforme. Un premier tableau dit qu’en 2050 il y aura 1,4 cotisant pour 1 retraité : c’est bien, parce que plus d’un média prétend que c’est 1,2 cotisant pour 1 retraité (Les Échos écrivaient il y a trois ans qu’en 2050 il y aura 0,8 cotisant pour un retraité) mais Le Point, pourtant de droite, parlait de 1,8 cotisant pour un retraité. J’ai les noms, pardon les liens qui prouvent ce que je dis. Ce qui tendrait à prouver qu’il se dit n’importe quoi sur un sujet pourtant de taille dans la propagande d’une droite antisociale.

Illustration 3

Le deuxième tableau est quelque peu malhonnête : il trompe le lecteur car il accélère dans sa présentation la hausse du déficit (il passe sous silence le fait que le budget global des retraites s’élève à 340 milliards euros). Par ailleurs, il invoque les pires chiffres du COR sans tenir compte de l’évolution du PIB ce qui réduirait l’impact d’un éventuel déficit (Alternatives économiques a démonté la présentation du déficit que fait le gouvernement, reprise ici par les RE).

. vu sur le compte Facebook du rapporteur général du budget, JR Cazeneuve, député Renaissance du Gers.

[8 février]

Fondamentalement, les néolibéraux ne supportent pas l’idée même de retraite

Le 2 février, Elisabeth Borne était interviewée par Caroline Roux sur France 2 : elle a répété le mantra selon lequel le souci du président et du gouvernement c’est de sauvegarder le système par ré-par-ti-tion. Qui peut croire un instant que c’est leur pro-jet, alors qu’ils défendent un système néolibéral qui est exactement le contraire d’un dispositif de retraite solidaire et qui a bien plutôt pour faveur un système d'assurances privées ? Et que notre protection sociale ne doit rien à cette droite : elle est le résultat, décennies après décennies, d’une lutte du monde du travail et aussi de l’initiative de quelques bourgeois éclairés qui mesuraient que c’était leur intérêt de ne pas trop écraser la classe ouvrière vieillie. Cette façon qu’ont ces politiques de droite de pousser des cris d’orfraie alors même que la législation sociale en vigueur est contraire à leur religion, est littéralement insupportable.

Illustration 4

Mme Borne a surfé, comme tous les défenseurs de la réforme, sur la notion de « taux plein », terme si mal adapté qu’on se demande s’il n’a pas été inventé exprès : taux plein signifie sans décote, mais bien au prorata des années cotisées. Et pourquoi on ne poserait pas la question jamais posée : et si on supprimait le principe de décote ? Pourquoi pénaliser encore davantage quelqu’un qui n’a pas tous ses trimestres, pourquoi déduire par-dessus le marché 5 % par année manquante ? Je dirais même plus : est-ce justifié d’accorder une surcote sans limite si vous travaillez plus qu’exigé (5 % par an, 25 % actuellement si vous travaillez cinq ans de plus, 50 % dix ans) alors même que vous êtes avantagé par un salaire continuant à être perçu ?

La première ministre a évoqué la pénibilité : certes, porter des charges lourdes mérite que ce soit pris en compte pour fixer l’âge de départ (actuellement cela donne plutôt des points pour faire des formations). Mais beaucoup d’emplois peuvent être épuisants moralement, même si ce n’est pas physiquement. Par ailleurs, les carrières longues : tout le monde s’accorde pour dire que les salariés doivent pouvoir partir plus tôt. Mme Borne est en train de lâcher à LR (et à la CFDT ?) la limitation à 43 ans de cotisations pour ceux qui ont commencé à 20 ans (donc sans devoir faire 44 ans). D’accord, mais est-ce que l'on va voir venir sur le tapis le fait que ceux qui ont fait un peu ou beaucoup d’études n’ont pas farnienté mais ont bossé dur ? Leurs salaires plus élevés, en général, va-t-il justifier qu’ils soient au turbin jusqu’à 67 ans et plus ? Pourquoi ne pas prévoir une prise en compte des années d’études dans la durée d’assurance ? Cela a bien été fait pour certains [pour ma part, du fait de mon métier initial, assistant social, j’ai eu droit de racheter près de trois ans d’étude à un tarif très accessible].

A deux reprises, on constatait que Mme Borne hésitait sur sa connaissance du dossier (par exemple sur les années d’apprentissage). Puis ce fut le débat qui valait son pesant de cacahuètes : déjà Nathalie Saint-Cricq, journaliste politique de France 2 (on se demande bien pourquoi, ou plutôt on comprend trop bien pourquoi), ne fait même pas l’effort de cacher son adhésion à la réforme. Faut dire que Madame et quelques autres journalistes triés sur le volet (dont son fils, tant il est vrai que la famille Duhamel squatte le PAF) ont été reçus discrètement par M. Macron pour connaître sa bonne parole. Ciotti n’a pas dit grand-chose, même s’il se délecte de ce que lâche Borne pour plaire à LR (43 ans comme dit plus haut, les 1200 € bruts minimum accordés aux déjà retraités, à croire que c’est cousu de fil blanc et que cela faisait partie du "cadeau" que les Macronistes comptaient faire aux Ciottistes). Le cocasse est que Ciotti ne cache pas qu’il était pour l’âge de départ à 65 ans tout en se réjouissant d’avoir obtenu 64 : c’est ce qui s’appelle, à la manière RN, jouer sur deux tableaux.

Illustration 5

Bon il y aurait encore tant à dire. Bardella par exemple qui vient faire son baratin pour que les femmes fassent plus d’enfants, le RN voulant une politique nataliste pour que les immigrés ne viennent plus en France (meurtri qu’il est de constater que l’équilibre du budget retraite est en partie dû à l’immigration). Mais j’arrête là.

[5 février]

Divertissement à la télé

Illustration 6

Ces deux individus, journalistes parait-il, étaient chez Léa Salamé hier soir sur France 2 (Quelle époque !). Je n'ai pas regardé, mais j'ai su qu'Olivier Truchot et Alain Marschall étaient invités. Ils ont dû palabrer, faire de l'humour, se vanter de leur longévité à la télévision (Les Grandes Gueules). La veille, je les ai vus sur BFM cherchant à tout prix à obtenir de Danièle Obono, députée LFI, qu'elle remercie Bernard Arnault pour les emplois qu'il crée et pour son mécénat. Ils répétaient leur question, à l'envi, comme de bons militants politiques. Elle a tenu bon mais j'aurais tant aimer lire le message de remerciement que le patron de LVMH a dû leur adresser. Faut-il préciser que le musée de la Fondation Louis-Vuitton et le "mécénat" de Bernard Arnault, outre le fait que cela lui donne du prestige dans le monde des affaires, ne lui coûtent pas grand-chose, tant il est vrai que ces largesses artistiques se font aux frais de la princesse, c'est-à-dire avec nos impôts, grâce aux multiples déductions fiscales que l'homme le plus riche du monde obtient en jouant les mécènes.

J'ai vu également que Marion Maréchal Le Pen, présente sur le plateau, s'est offusquée qu'on puisse la traiter d'extrême droite, elle, ainsi que le RN et Zemmour. Marlène Schiappa, lors de sa péroraison débitée comme toujours sans reprendre son souffle, prétendant que les macronistes n'avait aucune opposition républicaine, a dit que, s'il elle n'était pas d'extrême droite, « moi je suis Madona ». Et Maréchal de rétorquer : « Vous êtes peut-être plus Madonna que je ne suis d'extrême-droite ». C'était le divertissement sur France 2 un samedi soir !

[5 février]

Les « experts » en retraite

Une kyrielle de ʺgrands spécialistesʺ nous abreuvent du mantra suivant : la bonne réforme des retraites c’était celle à points. On a eu droit à Daniel Cohn-Bendit dans l’émission Quelle époque ! de Léa Salamé le 14 janvier, sur France 2, puis Olivier Mongin, ancien directeur de la revue Esprit dans l’émission C Politique sur France 5 le 15 janvier alors qu’il était déjà pour la réforme Juppé de 1995 aux côtés de Pierre Rosanvallon et d’Alain Touraine (1), puis Marisol Touraine sur France Inter hier [30/01], ancienne ministre de Hollande auteure de la réforme de 2014 portant à 43 années la durée de cotisations, puis Sophie de Menthon, cheffe d’entreprise, hier sur LCI, qui court les plateau télé depuis une éternité parce qu’elle préside un machin du patronat qui s’appelle Ethic. Bien sûr, il y a également Laurent Berger, sur France Inter le 11 janvier.

Les premiers cités, je suis persuadé qu’ils n’ont jamais étudié sérieusement le projet qu’avaient concocté les gestionnaires macronistes et qu’ils assènent leur préférence avec componction par simplisme (« Pour chaque euro cotisé, le même droit pour tous », et pourquoi pas l’impôt sur le revenu le même pour tous comme preuve d’égalité ?). Pour Laurent Berger et la CFDT, il y a un problème : car je n’ai jamais trouvé un seul document de la CFDT qui expliquerait clairement en quoi cette réforme était une avancée, et Laurent Berger, à la radio, ne donne jamais ses arguments justifiant l’intérêt d’une réforme dont il était facile de démontrer ses injustices et le recul phénoménal qu’elle entraînait sur le montant des pensions. De même qu’il n’explique nullement pourquoi il préfère la durée de cotisation et non l’âge de départ : 43 années de cotisation c’est aussi délétère que 64 ans, âge de départ.

. (1) voir Relever la tête, d’Annie Ernaux dans Le Monde diplomatique de février.

[31 janvier]

Langage châtié au sommet

Illustration 7

Qui est Gérald Darmanin ? Un ministre qui a été accusé par deux femmes d’avoir abusé sexuellement d’elles alors qu’elles sollicitaient son intervention dans des affaires où il aurait pu les aider en tant que responsable politique. L’une d’entre elles a eu droit à un classement sans suite, l’autre vient de perdre en appel, il y a seulement quelques jours. La cour a admis que cette femme était sincère y compris dans l’accusation de viol mais qu’elle n’a pas prouvé qu’elle n’était pas consentante ! Elle envisage d’aller en cassation.

Tout le monde a compris que M. Darmanin monnayait son soutien politique par des "faveurs" sexuelles, et ça le rend légitime pour rester ministre de l’intérieur ? Lui pour toutes excuses invoque le fait que cela relevait de « sa vie de jeune homme » : à 26 ans, n’est-ce pas, on peut sans vergogne se comporter de la sorte ? Sans que son parti LR, ex-UMP, pour lequel il agissait, ne lui demande des comptes. Et aujourd’hui il accuse ses opposants politiques de la NUPES de vouloir « bordeliser » l’Assemblée ! Il n’est pas plus légitime pour insulter ainsi les défenseurs des droits sociaux que pour être ministre. Certes, il officie sous l’égide d’un chef d’État qui ne l’a pas sanctionné alors qu’il aurait dû le dégager, mais lui-même n’a-t-il pas proclamé qu’il « emmerdait » certains citoyens ? Décidément, la langue de la République part à vau-l’eau.

[30 janvier]

L’hypothétique déficit

Illustration 8

D’emblée, il apparaît que ce tableau est sérieux. Comme Les Infiltrés, auteurs de ce tableau, le disent sur leur compte Twitter, « l’objectif n’était pas de dire que toutes ces données sont équivalentes ou comparables, l’objectif est de donner des ordres de grandeur pour mieux se figurer les montants dont on parle ».

Ils consacrent ensuite une dizaine de tweets pour citer précisément leurs sources. On aura remarqué qu’ils n’évoquent pas les 80 à 100 milliards d’euros d’évasion fiscale, sans doute parce qu’il ne peut y avoir de source fiable. En tout cas, on prend la mesure financière de cette réforme, d’autant plus si l’on se souvient que le but est de faire 20 milliards d’économie annuels.

[24 janvier]

Retraite en suède

Illustration 9

On savait bien que le cas de la Suède il fallait le prendre avec circonspection même si les soutiens à la réforme Macron-Borne-Dussopt citaient sans cesse ce pays en exemple. Les Suédois ne partent pas à 65 ans mais bien avant, à 62, fatigués, et perçoivent de ce fait des pensions très faibles d’autant plus que les fonds de pensions auxquels ils ont dû adhérer ont une rentabilité fort médiocre. Résultats : 92 % des gens en retraite ont vu leur pouvoir d’achat diminuer ! Le porteur de cette réforme faite il y a 20 ans, Karl Gustaf Sherman, ancien directeur de l’Agence suédoise d’assurance sociale, invite Emmanuel Macron à ne surtout pas imiter la Suède.

[22 janvier]

Un ministre à la radio

Gabriel Attal, ministre des comptes publics, ce matin [20 janvier] sur France Inter, s’est démené comme un beau diable face à Yaël Gooz, Jérôme Cadet (qui avaient plus de niaque que Salamé et Demorand) et les auditeurs. L’un de ces derniers lui a opposé le fait que le président du Conseil d’Orientation des Retraites venait de déclarer au Sénat que « les dépenses [des retraites] ne dérapent pas et restent maîtrisées » : j’ajoute, car je suis allé écouter sa déclaration, qu’il a dit que le gouvernement a retenu l’hypothèse de 1 % de croissance (contre 1,3 lors de la réforme à points), moyen finalement d’annoncer un déficit. Attal explique maintenant qu’il va manquer d’argent dans les caisses, même s’il est vrai que les dépenses sont maîtrisées sur la durée.

Illustration 10

Je passe sur tout ce qu’il a dit sur les aidants, les handicapés, mesures qui existent déjà, qui sont effectivement améliorées, il fallait bien pouvoir afficher des bribes de positif. Finalement, je ne m’attarderai que sur un seul point, pour faire court : récusant que ce soit les plus précarisés qui vont devoir payer la facture (et l’économie de 20 milliards prévue qu’il ne cite pas), il affirme que ceux qui ont commencé à travailler à 20 ans ne feront qu’un an de plus, ils partiront à 63 ans au lieu de 62. Tandis que ceux qui ont commencé à travailler à 23 ans, travailleront deux ans de plus. Voilà qu’elle est juste cette réforme ! Sauf que ceux qui ont commencé à travailler à 23 ans, devant faire 43 ans finiront à 66 ans (avant comme après la réforme). Donc gros mensonge du ministre.

Je note que l’on ne dit rien des décotes : peut-être parce que c’est compliqué. Mais quiconque part avant la durée de cotisation requise, doit déduire 1,25 % de pension par trimestre ! En plus de la déduction au prorata. C’est énorme. Si le prorata se justifie, la décote est vraiment faite pour contraindre les salariés d’aller jusqu’au bout. Ce serait bien de bagarrer là-dessus aussi.

[20 janvier]

Additif : Pour satisfaire LR et obtenir son vote final, le gouvernement a lâché du lest sur les carrières longues. Comme si éviter que les salariés fassent plus de 43 ans n’aurait pas pu être annoncé dès le début ! Olivier Dussopt explique (encore le 15 février sur France Inter) que c’était une tradition dans le système de faire bosser davantage ceux qui avaient commencé tôt.

Retraite : faux calculs

La question des pensions de retraite c’est parfois compliqué, mais pas toujours. Sauf que certains s’ingénient à faire en sorte qu’on n’y comprenne rien.

Illustration 11

Le magazine Ça m’intéresse se propose de donner le montant de pension (complète) d’un retraité qui a perçu un salaire moyen de 2000 €. En pension de base Sécu c’est simple : 50 % donc 1000 €, en complémentaire ça dépend : environ 25 %. Voir ci-dessous ses explications.

L’article dit d’abord : « Évoquée pour la première fois en 1910, la pension de retraite est aujourd'hui incontournable. » ! Le texte fait quelques lignes mais on remonte à 1910. Passons. Puis il dit que par « souci d’équité » (!), les 25 années de référence ne doivent pas être consécutives (mauvaise compréhension du fait qu’il s’agit des 25 meilleures années, donc pas forcément consécutives). Le calcul est farfelu : 50 % x 24000 x 172/172 = 1493 € ! A croire que même ce magazine, comme certains medias bidon en ligne, publie des articles avec des algorithmes sans intervention humaine. ChatGPT a-t-il encore frappé ?

[16 janvier]

Le faux problème du faux déficit des retraites

Le Conseil d’Orientation des Retraites (le COR) avait prévu en 2013 que le déficit des retraites de 2022 serait de 20 milliards d’euros, alors qu’on est en excédent cette année. Déjà il avait prévu un déficit de 12 Md€ pour 2021, le budget a été finalement excédentaire de 3,2 Md€. En 2019, il prévoyait un éventuel déficit de 12 Md€ pour 2027 qu’il a ramené à 8,3 Md€ compte tenu de la reprise économique post-covid. C’est donc avec beaucoup d’imprécisions que le gouvernement veut mettre en place une réforme des retraites qui va sanctionner durement et durablement la plupart des salariés et en particulier ceux qui ont hâte de quitter leur emploi (pour travail pénible ce qui ne signifie pas obligatoirement travail de force).

Les 12 milliards sont agités au nez des Français comme un épouvantail car on imagine simplement que c’est une grosse somme. C’est, ceci dit en passant, à peine plus que ce qui est parié sur les champs de courses de chevaux chaque année (9 Md€) ou le bénéfice annuel de chacune des plus grosses entreprises ou banques françaises (BNP : 10 Mds€ en 2022). Le gouvernement joue sur tous les tableaux : il invoque ce déficit tout en envisageant un taux de chômage en baisse justement pour baisser les allocations de chômage. Or si le chômage sera si bas, le risque de déficit des retraites est quasiment nul. Il suffirait que les femmes et les hommes aient les mêmes salaires, que les séniors ne soient pas virés avant 60 ans ou que soit appliquée une très légère augmentation des cotisations sociales pour que le budget général des retraites, qui est de 340 Md€, soit largement excédentaire. Emmanuel Macron a fait valser les milliards, tout le monde sait maintenant que l’État est en mesure d’engager des sommes énormes sans vergogne et sans beaucoup de contrôle (aide aux entreprises avec le confinement, et je ne parle pas du chômage partiel). Sans oublier ce que fut le CICE impulsé par Macron sous Hollande : 40 Md€ annuels refilés aux entreprises sans engagement d’embauches. Par ailleurs, cette droite a cherché à convaincre, en toute incohérence, que perdre 5 milliards en supprimant partiellement l’ISF c’était peanuts !

Illustration 12

Autre solution : taxer les actionnaires qui ont très largement bénéficier de la crise avec des royalties jamais aussi élevées (80 Md€ de dividendes et de rachats d'actions, entrefilet du Monde de ce jour, à propos des seules 40 entreprises du CAC40, alors que beaucoup d'autres ont aussi fait des super-profits). Leur retirer ne serait-ce que 10 milliards ce serait leur laisser tout de même autant que les gigantesques avantages qu'ils ont engrangés en 2021.

[11 janvier]

. Ces chroniques sont parues sur mon compte Facebook aux dates indiquées entre crochets.

. Rappel : mon billet Moi, retraité

Billet n° 721

Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au  n° 600.

Contact : yves.faucoup.mediapart@sfr.fr ; Lien avec ma page Facebook ; Tweeter : @YvesFaucoup

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.