Dans la partie de bras de fer entre Israël et le Hamas, c’est une lapalissade que de dire que ce sont les peuples (israélien et palestinien) qui en font les frais. Il n’est pas exclu que le Hamas ait agi le 7 octobre (atrocités et otages) afin qu’Israël sur-réagisse mais en bombardant Gaza cela discréditerait I’État hébreu, inversement, puisqu’on n’a pas cessé de dire qu’Israël était très bien renseigné sur Gaza, puisque des fuites ont indiqué que Netanyahou aurait été prévenu par l’Égypte d’une attaque possible du Hamas, alors il n’est pas interdit de penser que le premier ministre israélien a laissé faire l’attaque pour pouvoir laminer Gaza et la Cisjordanie, tant il est vrai qu’il appartient à cette extrême droite israélienne qui rêve d’anéantir les Palestiniens.

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J’ai vu dimanche Yallah Gaza ("Allez Gaza"), un film documentaire réalisé par Roland Nurier, sorti en salle le 8 novembre, mais tourné avant les massacres du 7 octobre. Il aborde avec différents interlocuteurs et nombreuses images ce qu’est Gaza. Dans certains quartiers, on croirait des images actuelles, tant Israël a déjà bombardé Gaza (y compris écoles et hôpitaux). Les témoins, entre autres : Jean-Pierre Filiu (une pointure sur le sujet, auteur d’une Histoire de Gaza très documentée, qui fait référence), Ghassam Wishah, historien de Gaza, Eleonore et Eitan Bronstein, franco-israéliens membres de l’association De-Colonizer (qui milite pour le retrait des colons de Cisjordanie), Yonathan Shapira, dont la grand-mère est morte à Tréblinka et qui, ancien pilote, a refusé de bombarder Gaza, des témoins chrétiens dont un prêtre, deux travailleuses sociales, l’avocat Gilles Devers, Ken Loach, Pierre Stambul, porte-parole du Collectif Palestine en Résistances et de l’Union juive française pour la paix.
Un des mensonges longtemps gobé par la majorité des Israéliens est que les Palestiniens (700 000) seraient partis de leur plein gré, alors qu’ils ont été chassés (la Nakba), une telle violence étant considérée comme un crime de guerre, ou pire encore. Certains, cloitrés à Gaza, ont conservé la grosse clé de leur maison et vivent dans l’espoir d’y retourner. Des jeunes femmes palestiniennes sont très actives, interviewées, elles donnent un point de vue affirmé. L’une a porté plainte à 16 ans, devant la Cour Pénale Internationale pour un bombardement qui a tué son père, son frère et sa sœur : c’était en 2009, mais elle garde espoir. Non seulement Israël ne respecte pas les résolutions de l’ONU mais il est accusé d’utiliser des armes interdites (comme les balles explosives), d’avoir des snippers qui tirent sur des manifestants, comme lors de la Marche du retour, pacifiste (un amputé des deux jambes, dans son fauteuil roulant, est mort d’une balle dans la tête), un hélico qui bombarde délibérément des enfants courant chercher du secours (corps tellement déchiquetés qu’on a cru un temps que leur sœur était morte avec eux).
Nombreux jeunes ont un membre inférieur amputé (souvent dû à des tirs visant les genoux) : ils jouent tous au foot avec une canne. D’autres enfants (chrétiens et musulmans) dansent dans les ruines le dabké, danse folklorique du Levant. Le film propose avec ses interlocuteurs une réflexion sur sionisme et antisémitisme, récusant l’accusation simpliste selon laquelle la contestation du sionisme serait antisémite (alors même que de nombreux Juifs ont été et sont anti-sionistes). Par ailleurs, aujourd’hui, une critique du sionisme porte précisément non pas sur l’existence d’Israël, mais sur sa volonté de s’étendre et, pour ce faire, de chasser les Palestiniens, comme c’est le cas en Cisjordanie (nombreux en France, pas seulement à gauche, commence à exprimer leur colère devant cette impunité d’un État qui a illégalement installé près d’un demi-million de colons sur des terres appartenant aux Palestiniens).

Jacques Mandelbaum, journaliste au Monde, a critiqué ce film accusé d’avoir « un point de vue militant ». Disons qu’il présente une approche de Gaza qu’on a peu l’occasion de voir, mais un autre (ancien) journaliste du Monde, Sylvain Cypel, dans le film, est très sévère à l’encontre d’Israël, considérant que la situation dans la zone est le résultat de l’impunité d’Israël (« qui ne se contente pas de pisser dans la piscine, mais du haut du plongeoir »). Comme il se doit dans le débat en France sur la Palestine, de crainte d’être accusé d’antisémitisme, le réalisateur a sollicité de nombreux Juifs pour témoigner. Tous les interviewés répéteront l’un après l’autre : « les droits ne sont pas donnés, ils sont acquis par la lutte ». Faut-il préciser que la gaze, étoffe légère, mais aussi tissu destiné à panser les blessures tire son nom de Gaza où elle fut d’abord fabriquée.
[20 novembre]
. bande-annonce :
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Écoles de l’ONU bombardées

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Des dizaines de morts et blessés dans une école relevant des Nations Unies aujourd’hui à Gaza.
C’était déjà le cas dans plusieurs écoles de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) depuis le début des bombardements sur Gaza : 11 membres de l’organisation et 30 élèves avaient été tués. C’est chose habituelle : en 2014, l’armée israélienne a fait 15 morts dans une école de l’ONU, à Gaza, en toute impunité. À qui Netanyahou et Tsahal vont pouvoir faire croire que le Hamas est caché dans les caves des écoles relevant de l’UNRWA ?
[18 novembre]
Gaza : cessez-le-feu immédiat

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Plus de 200 personnes se sont rassemblées ce matin à Auch (Gers) pour protester contre ce que subit la population palestinienne à Gaza : bombardements incessants d’une violence inouïe par l’armée israélienne et blocus total la privant d’eau, de nourriture et de médicaments. Lors d’une prise de parole, Jacques Pimbel, responsable de l’Association France Palestine Solidarité [AFPS] pour le Gers, ajoutait qu’« en Cisjordanie, occupée et colonisée, la population est victime de la violence redoutable de l’armée et des colons ainsi qu’à un bouclage du territoire ». Il en appelait à « une protection internationale du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie, à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, la fin des bombardements, des offensives terrestres et des déplacements forcés des populations, ainsi que la levée immédiate du blocus » et « l’ouverture immédiate d’un couloir humanitaire ». La France doit agir dans ce sens.
Il ne passait nullement sous silence les exactions gravissimes commises par le Hamas le 7 octobre et demandait la libération des otages enlevés par le Hamas, mais aussi la libération des prisonniers politiques palestiniens détenus en Israël. Enfin, au nom des organisations appelantes, il rendait « hommage à l’ensemble des populations civiles palestiniennes et israéliennes victimes de crimes de guerre ».
Le mot PAIX était inscrit en français, anglais, arabe et hébreu sur de multiples pancartes et une chaîne humaine affichait CESSEZ-LE-FEU À GAZA. Puis un défilé a parcouru la ville proclamant des slogans tels que "Enfants de Gaza, enfants de Palestine, c’est l’humanité qu’on assassine" et "Liberté, justice pour la Palestine". Christian Laprébende, maire PS d’Auch, et Frank Montaugé, sénateur PS, étaient présents. Par contre, on notait que certaines personnalités politiques ostensiblement présentes dimanche dernier pour dénoncer l’antisémitisme n’avaient pas daigné se déplacer aujourd’hui.. Signataires de l'appel à cette manifestation : AFPS, LDH, CGT, Sud Solidaires, LFI, EELV, NPA, PCF, POI.

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[18 novembre]
Un député français de l’extrême-droite israélienne
Cet homme est député français (il est censé représenter les Français de l’étranger, circonscription qui regroupe Chypre, la Grèce, Israël, le Vatican, l’Italie, Malte, Saint-Marin, la Turquie et… les Territoires palestiniens). En réalité, Meyer Habib est le propagandiste en chef de l’extrême-droite israélienne en France. Hier, dans une commission parlementaire, il hurlait qu’« un Juif ne sera jamais un colon en Judée », signifiant par-là que les colons de Cisjordanie sont chez eux, alors qu’il s’agit d’un Territoire palestinien selon les résolutions internationales qui ont condamné l’occupation de la Cisjordanie, que Habib s’ingénie à nommer Judée-Samarie pour remonter à 2000 ans et tenter de prouver l’antériorité de la présence juive en ces lieux.

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Il a été contré par un ancien ambassadeur de France, Gérard Araud, qui accuse ces colons et Israël de mener en Cisjordanie un véritable "nettoyage ethnique", afin de rendre impossible deux États. Un général français a parlé de "ratonnades" en Cisjordanie ! Un journaliste du Point, Armin Arefi, a cité des généraux israéliens reconnaissant qu’il y a des pogromes en Cisjordanie. Des milliers de Palestiniens, des bédouins, sont déplacés. Et tout cela se fait avec la complicité du gouvernement israélien dont des ministres fournissent des armes aux colons pour mener leurs exactions. Meyer Habib est un raciste, déversant en permanence sa haine anti-Arabes et anti-Musulmans. Et il ose siéger comme vice-président dans un groupe d’études sur l’antisémitisme à l’Assemblée nationale ! Qu’attendent les autorités françaises, qu’attend la présidente de l’Assemblée Nationale, pour sanctionner cet individu qui s’affiche ostensiblement comme grand ami de Benjamin Netanyahou et qui foule aux pied sans vergogne l’État de droit ?
[18 novembre]
Pour un cessez-le-feu à Gaza
Suite aux massacres commis par le Hamas au sud d’Israël le 7 octobre, on pouvait s’attendre à une réaction terrible de l’État israélien pour venger cette barbarie, qui rappelle les pogroms de jadis, provoquant 1200 morts, et 240 otages. Ce crime de guerre, peut-être crime contre l’humanité, pouvait-il justifier pour autant un autre crime de guerre, sans doute crime contre l’humanité qui consiste à raser une ville sur un territoire exigu, provoquant certainement au moins 11 000 morts et de très nombreux blessés en seulement 5 semaines ? Combien parmi le 1,6 million que comptait la ville de Gaza ont-ils pu s’échapper, Israël croyant pouvoir montrer sa mansuétude en incitant les habitants à partir vers le sud : comme si le sud n’était pas lui aussi bombardé.

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Le Hamas utilise peut-être des bâtiments protégés par les conventions internationales, mais d’une part on n’en a pas une preuve absolue (sinon la communication de Tsahal), d’autre part dans une zone avec une telle densité (la pire au monde) comment cette "armée" peut-elle ne pas être imbriquée dans les infrastructures de la ville. Tsahal a bombardé un bâtiment de l’ONU (une centaine des employés onusiens ont déjà été tués) et une église orthodoxe faisant 12 morts dans l’enceinte de l’église (ah tiens, il y avait dans la bande de Gaza une église orthodoxe, Saint-Porphyre) : y avait-il des installations du Hamas sous ces bâtiments ? Comme sous l’hôpital Al-Shifa encerclé sans médicaments, sans eau, sans électricité, provoquant une centaine de morts faute de soins [Le Monde de ce 17/11] ?
Au risque, en appelant au cessez-le-feu, d’être traités d’antisémites par des irresponsables qui font feu de tout bois (souvent racistes et antisémites récemment convertis), c’est pourtant ce qu’il faut exiger. On ne peut laisser la droite la plus extrême d’Israël agir ainsi, elle qui ne compte pas seulement éradiquer le Hamas mais les Palestiniens dans leur ensemble (cf. ce qui se passe, en Cisjordanie occupée illégalement par Israël, où des colons racistes avec l’aide de l’armée, avant même le 7 octobre, tiraient et tirent sans raison sur des Palestiniens [200 morts depuis le début de l'année] juste pour créer un climat de terreur et provoquer en retour la radicalisation de la jeunesse palestinienne de Cisjordanie pour pouvoir mieux l’écraser).
[17 novembre]
Rassemblement contre l’antisémitisme
Près de 200 personnes se sont rassemblées sous un ciel chargé à Auch (Gers, Occitanie), à 11h ce dimanche matin [12/11], pour dénoncer les actes antisémites commis en France. À l’origine, l’appel avait été lancé localement par le Parti Communiste et le Parti Socialiste, mais l’Association des Maires de France (AMF), section du Gers, a avancé son appel prévu pour l’après-midi à ce rassemblement du matin, afin qu’il n’y en ait qu’un. Diverses personnalités étaient présentes dont Louis Carrié, Préfet, Christian Laprébende, maire PS d’Auch, Jean-Louis Guilhaumon, maire de Marciac, Jean-René Cazeneuve, député Renaissance, Frank Montaugé, sénateur PS, David Taupiac, député LIOT, et quelques autres élus, plusieurs ceints de leur écharpe tricolore.

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Eric Cadoré, secrétaire départemental du PC, a introduit la manifestation, puis Charline Dumont, secrétaire fédérale du PS, conseillère départementale, a lu un texte commun, dans lequel il était dit que ce rassemblement « des forces vives exclusivement républicaines et des citoyens » avait pour but d’exprimer un combat, « celui de la lutte contre l’antisémitisme et plus largement contre toute forme de racisme ». Les personnalités citées ci-dessus étaient remerciées, ainsi que les organisations ayant soutenu cet appel local : l’AMF, la CFDT, l’UNSA, la Licra , et… le "Printemps Républicain d’Occitanie" (!). « Depuis le 7 octobre, date de l’attaque terroriste du Hamas contre Israël, une recrudescence d’actes antisémites frappe les États-Unis, l’Europe et la France » « qui nous rappelle aux heures les plus sombres de notre pays ». « S’élever contre le poison de l’antisémitisme c’est refuser d’oublier les crimes nazis, c’est s’opposer à l’importation [en France] du conflit [du Proche-Orient], c’est lutter contre toute forme de racisme, c’est refuser toute forme de confusion ou d’amalgame ». L’antisémitisme n’est pas une affaire qui ne concernerait que les Juifs, « c’est le problème de la République entière ». Une minute de silence est ensuite respectée « pour toutes les victimes innocentes de la guerre au Proche-Orient, israéliennes et palestiniennes, pour celles et ceux qui aujourd’hui en France, dans le monde, sont attaqués en paroles ou en actes en raison de leur croyance » et « pour puiser au fond de nous les forces qu’il nous faut pour lutter inlassablement et défendre la liberté, l’égalité et la fraternité ».
Michel Baylac, président de l’Association des maires du Gers, a précisé que « les maires sont le premier maillon de la chaine républicaine » et a dit approuver le texte préparé par le PC et le PS, ajoutant qu’un antisémitisme latent monte depuis quelques temps. Il évoque son père, 90 ans, lui rappelant ces jours-ci ce qu’a été avant-guerre la montée de l’antisémitisme dans les campagnes. Il parle aussi d’incivilités et émet le vœu que « ce qui nous unit soit plus fort que ce qui nous sépare ».

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Beaucoup de militants de gauche habituellement mobilisés dans le mouvement social n’avaient pas répondu à l’appel, la CGT et Sud ayant délibérément refusé de s’y joindre, FO et FSU n’ayant pas répondu aux organisateurs. Certains redoutaient sans doute l’ambiguïté de l’appel national, émanant des présidents des deux chambres [Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher] qui, s’ils dénoncent le massacre du Hamas, sont plus discrets sur la vengeance d’Israël qui provoquent des milliers de morts à Gaza (enfants compris), et, s’ils dénoncent les actes scandaleux antisémites, sont plus que silencieux quand il s’agit du racisme permanent dans notre société à l’encontre des Arabes et des Musulmans (en particulier plus que jamais dans des médias qui ont pignon sur rue). Il y avait ce dimanche matin à Auch au moins une raison de se réjouir : l’extrême droite n’était pas présente, elle qui tente dans le pays de faire amende honorable alors que l’on connait ses origines et que les témoignages ne manquent pas sur l’antisémitisme viscéral de certains de ses membres.
[12 novembre]
Les fous furieux

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Une amie m'envoie et me traduit le texte de cette photo parue sur la page Facebook d'Al Jazeera Channel : « Le ministre du patrimoine du gouvernement de Netanyahu dit : envoyer une bombe nucléaire sur Gaza est une solution possible, pour ce qui est des otages, la guerre a un prix. » Et effectivement, des médias s’en font finalement l’écho, dont RTBF. Même si le premier ministre israélien a désavoué ce propos, il n’a pas viré le ministre, sans doute parce que dans ce gouvernement d’extrême-droite ils sont tous des fous furieux .
[5 novembre]
Déluge de fer, de feu et de sang
Images insoutenables à Gaza (même si nos médias évitent les pires). Sans doute déjà 10 000 morts palestiniens dans ce petit territoire. Le Monde titre : "déluge de fer, de feu et de sang" qu'il décrit. Que cherche Israël en martyrisant un peuple pour les crimes commis par quelques-uns ? Ram Ben Barak, ancien directeur adjoint du Mossad, a déclaré hier : « Il y a 2,5 millions de Gazaouis. Répartissons-les partout dans le monde et ça sera fini ! » Et nos polémistes bon chic bon genre ratiocinent sur les bons et les mauvais massacres.

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Avant-hier, j'écrivais : « Il n’est pas exclu que Benjamin Netanyahu, peut-être informé de ce qui se préparait [attaque du Hamas dans le sud d'Israël], lui qui a toujours favorisé le Hamas pour affaiblir l’Autorité palestinienne, sachant très bien qu'il pratiquait le terrorisme sans que cela ne le défrise, ait fait le dos rond, en pensant que l’attaque serait suffisamment grave (mais pas trop) pour justifier une réplique démesurée pour éradiquer le Hamas tout en écrasant Gaza ». Définitivement...
Inhumanité, barbarie que de laisser ce massacre se perpétrer sous les yeux du monde entier sans qu'aucune autorité ne prenne les moyens d'imposer un cessez-le-feu.

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[5 novembre]
. Photos site d'Al Jazeera (ici).
Céline Pina : le regard des enfants sur leurs tueurs !
Céline Pina a longtemps milité au PS mais l’a quitté en 2015 considérant qu’il ne se positionnait pas selon ses vœux face à l’islamisme. Depuis, elle chronique à l’extrême droite, dans le mensuel Causeur et dans la revue de Michel Onfray Front Populaire. Elle vitupère en permanence contre les immigrés, elle a comparé jadis le voile à un « brassard nazi » (attaque certes violente contre les femmes qui le portent mais aussi façon volontaire ou pas de banaliser le nazisme) : elle représente bien ces identitaires qui ont basculé après les attentats djihadistes, révélant la pauvreté de leurs engagements humanistes puisqu’ils et elles n’ont pas su se positionner autrement qu’en trouvant refuge chez les réactionnaires, xénophobes ou carrément racistes.

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Elle vient de sévir à nouveau en se prononçant, lors d’une émission sur la télé d’extrême droite CNews, au cours de laquelle elle voulait exprimer le fait que les massacres du Hamas, actes barbares, n’avaient rien à voir avec les Palestiniens tués en grand nombre par les bombes israéliennes à Gaza. Si elle s’en était tenue là, cela aurait mérité débat, mais cela n’aurait pas défrayé la chronique. Mais elle a estimé intelligent de dire que dans le premier cas les enfants ont vu avant de mourir l’inhumanité des assaillants et dans le second cas les bambins de Gaza, avant de mourir, ont compris que les porteurs de bombes étaient pétris d’humanité. Elle a dit exactement : « Une bombe qui explose tuera sans doute des enfants, mais ces enfants ne mourront pas en ayant l’impression que l’humanité a trahi tout ce qu’ils étaient en droit d’attendre » ! Évidemment, un tel degré de bêtise a envahi les réseaux sociaux.
Après cette saillie, elle aura du mal à remonter la pente. Elle révèle son vrai visage, c’est-à-dire une polémiste mise abusivement en avant, comme bien d’autres, sans que ses compétences y compris morales justifient la place qu’elle occupe dans les médias. C’est d’ailleurs un peu ce qui est rassurant : le nombre de polémistes à droite de la droite qui sont particulièrement médiocres.
Mais ce qui devrait offusquer le plus dans cette affaire c’est que Laurence Ferrari, qui mène l’interview, ne semble pas s’étonner de ce propos, pas plus que Jean-Sébastien Ferjoux (d’Atlantico, de droite extrême) qui l'approuve, Éric Naulleau (pote à Zemmour) et Franck Tapiro (qui n’est rien sinon publicitaire, présent là pour prendre la défense de Netanyahu, comme lorsqu’il osait contester sur BFM les conditions de la mort de la journaliste Shireen Abu Akleh d’Al Jazira, froidement abattue par l’armée israélienne en mai 2022).
[4 novembre]
Larcher et le bal des hypocrites
Gérard Larcher, président du Sénat, était l’invité de la Matinale de France Inter [le 15/11]. Il devait causer du projet de loi sur l’immigration qui a été adopté au Sénat en aggravant davantage les mesures déjà restrictives du droit prévues par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. Sauf que d’emblée, il tient à condamner l’humour de Guillaume Meurice qui a osé dire sur cette radio que Netanyahou était « une sorte de nazi mais sans prépuce » : il se défend de vouloir porter atteinte à la liberté d’expression, mais, selon lui, de tels propos d’un humoriste ne sont pas dignes de la radio de service public. Il dédouane la rédaction et la direction (qui a rappelé à l’ordre Guillaume Meurice) mais considère que « la limite du respect et de la dignité a été franchie ». Quelques minutes plus tard, il s’empresse de préciser sur X [Twitter] qu’il n’a pas voulu mettre en cause la rédaction ni la liberté d’expression, non, non.
On peut ne pas rire de la blague de Meurice et trouver totalement déplacé le pataquès qu’il a provoqué à droite et à la droite extrême. On peut considérer que tout parallèle avec les Nazis est condamnable, dans la mesure même où il a pour effet de minimiser presque toujours l’horreur du nazisme, même si ce n’est pas le but. Dans ce cas, se rajoute le fait que cela vise un Juif, mais Netanyahou, pas les Juifs. On voit bien que tous les discours sur la liberté de l’humour, liberté fondamentale de la liberté d’expression, que les défenseurs de plaisanteries parfois saignantes anti-arabes et anti-musulmans ont agité comme un hochet, sont de l’hypocrisie pure. Même Riss, de Charlie Hebdo, croit malin d'attaquer Meurice, et le polémiste d'extrême droite GW Goldnadel parle sur CNews d'impunité de l'humoriste « qui ne risquait pas d'être égorgé par les Juifs » !
Larcher la ramène dans le but de se positionner bien à droite, pourquoi pas en obtenant que Meurice soit viré, tout en ne disant pas un mot sur ce qui se passe à Gaza (des milliers de morts sur décision de Netanyahou) et réduisant tactiquement son temps de parole sur la énième loi immigration.

. Hauteur de la conception de la liberté d'expression selon Monsieur Larcher [Photo AFP Ludovic Marin]
[15 novembre]
. voir mon article de blog Crimes de guerre & cessez-le-feu, 3 novembre.
. Ces chroniques sont parues sur mon compte Facebook aux dates indiquées entre crochets, publiées ici avec parfois de légères variantes.
Billet n° 768
Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et là. "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au n° 600.
Contact : yves.faucoup.mediapart@sfr.fr ; Lien avec ma page Facebook ; Tweeter : @YvesFaucoup