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Billet de blog 22 décembre 2025

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Révolte agricole et maintien de l'ordre

Au cours des manifestations des agriculteurs (d’abord contre les banques puis contre l’État sur le traitement de la dermatose nodulaire des bovins), le ministère de l’intérieur a varié dans sa façon de réagir à la contestation. Recueil de chroniques sur le sujet publiées ces dernières semaines.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Avant-propos

Illustration 1

La révolte des agriculteurs a connu deux temps dans le Gers, département rural : un premier qui mobilisait la Coordination Rurale (CR) qui venait de tenir son congrès national dans le département (où elle est née en 1991). À l’issue de ce congrès, le nouveau secrétaire général, Bertrand Venteau, déclarait : « les écolos, nous devons leur faire la peau », ce qui lui a valu le dépôt d’une plainte auprès de la procureure d’Auch de la part de 17 parlementaires écologistes. Pour fêter ce congrès (sachant que la CR a gagné la Chambre d’agriculture du Gers lors des dernières élections) et pour marquer le coup auprès des banques, en contestant les agios, les militants de la CR déversaient des balles de foin devant les banques, la direction des Territoires, mais ménageaient la préfecture et le centre-ville sous prétexte de « ne pas trop gêner les Auscitains ».

Illustration 2
Devant le Centre des Finances Publiques

En réalité, ces événements de fin novembre ont été aussitôt suivis à la mi-décembre par la question de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), avec abattage général des troupeaux dans lesquels un animal était infecté. Avec une répression violente par les forces de l’ordre, comme ce fut le cas sur une ferme en Ariège. Ainsi une deuxième bataille avait lieu, menée non pas par la FNSEA qui approuvait le protocole officiel, mais par la Coordination Rurale et la Confédération Paysanne qui s’y opposaient. La CR décidait, dans le Gers, de déverser dans des lieux publics des tonnes et des tonnes de déchets (la Conf’ s’y refusant, veillant toujours à produire sur les exploitations le moins de déchets possibles, ou à les recycler). Durant plusieurs nuits, les tracteurs d’agriculteurs de la CR, tirant d’énormes remorques, ont sillonné la ville, klaxons tonitruants à plusieurs tons, donnant une impression de fête pour exprimer pourtant une colère et un mal être. La réception par le public a été variée : soutien à une corporation qui agit, amusement pour un tel culot et agacement face aux empêchements à circuler et devant les salissures de la ville (semblant être prise pour cible par la campagne).

Au moment de mettre ce billet en ligne (lundi 22/12 au soir), la Coordination Rurale 32 reste mobilisée, d’autant plus que de nouveaux cas de DNC ont été décelés en Occitanie : une cinquantaine de tracteurs aux bennes archi-pleines parcourent la ville.

Illustration 3

Je reproduis ci-après, en chronologie inversée, des chroniques publiées depuis un mois sur ma page Facebook, aux dates entre crochets. 

[Toutes les photos : Yves Faucoup]

À propos de la doctrine du maintien de l’ordre

On se perd en conjectures : comment le gouvernement a pu envoyer les gendarmes dans le Doubs puis en Ariège de nuit sur une ferme, avec charge de grenades, hélicoptères, et risque de provoquer un incendie, une violence qui a stupéfié les agriculteurs et observateurs présents. En général, l’État est très tolérant avec les manifestations d’agriculteurs, par proximité idéologique ou par crainte de leur puissance d’action (plus facile de matraquer des manifestants ouvriers ou fonctionnaires désarmés que d’arrêter de gros tracteurs). Plusieurs tentatives d’explications circulent : le gouvernement est plus en faveur du syndicat majoritaire, la FNSEA, qui justement dans l’affaire de la dermatose nodulaire des bovins est en accord avec les mesures prises d’abattage (et qui est vraisemblablement la cause de la non-vaccination, au moment où il aurait fallu la faire, car elle voulait, pour ses adhérents, sécuriser l’export).

Illustration 4

Sauf qu’au même moment, des déversements par la Coordination Rurale, de déchets et détritus selon des volumes exorbitants ont lieu et ne sont ni empêchés ni sanctionnés. Les blocages de route et ronds-points non plus (sauf, me signale-t-on, un blocage de la Confédération Paysanne), pas plus que les jets de lisier sur les préfectures, sur des voitures de police. Des manifestants ont grimpé hier soir sur la grille de la préfecture d’Auch pour y accrocher un drapeau tricolore, ont roulé des balles de foin contre ladite grille, et projeté du lisier sur la façade, sans intervention des policiers présents. Un leader de la CR32 a déclaré ce 17/12 à CLPRESS : « on ne va pas prendre des kalachnikovs et tirer sur les gens. Notre seule arme ce sont nos tracteurs et notre fumier ». Certes, la colère de ces agriculteurs est telle que cela explique ce genre d’action qu’ils ont à leur disposition, mais la question qui est posée est que la doctrine du maintien de l’ordre est variable, selon un flagrant deux poids deux mesures.

Illustration 5

On voit que l’extrême droite (Philippot) cherche à récupérer cette lutte agricole, sur les réseaux sociaux un discours d’extrême droite affiche son soutien à la Coordination Rurale. Un commerçant m’a confié qu’il considérait qu’au moins ces agriculteurs avaient le mérite d’agir, un policier à Toulouse hier tenait exactement le même propos, comprenant cette révolte, satisfait de n’avoir pas eu à intervenir avec ses collègues, passant leur journée à suivre partout les agriculteurs, sans aucune consigne d’intervention. On décèle chez certains une stupéfaction devant cette salissure de la ville, chez d'autres une sorte d'admiration pour le culot de ces agriculteurs poussés à bout.

Hier soir, les agriculteurs ont porté un cercueil recouvert d’un drapeau tricolore jusque devant la cathédrale d’Auch, en hommage à Thierry, agriculteur du Lot-et-Garonne, qui s’est suicidé, peut-être en lien avec cette crise, selon le propos d’un responsable de la CR47 sur le plateau de BFM. Ce matin, ce cercueil symbolique était coincé entre une balle de foin, un pneu et la cathédrale !

Illustration 6

[17 décembre]

Gazage policier en Ariège, comme à Sainte-Soline ?

Quand sont évoquées les manifestations des agriculteurs, plusieurs questions, sous forme de paradoxes, viennent à l’esprit. Bien sûr, tout d’abord, quelles sont leurs revendications ? Le plus souvent il s’agit de protester sur les prix des productions qui ne sont pas assurés, avec la contradiction suivante : une corporation qui, en général, se situe dans une approche libérale prônant la liberté du marché, avec offre et demande s’équilibrant sans intervention publique, attend en réalité que l’État lui garantisse un revenu. C'est tout à fait compréhensible, mais alors il faut admettre que le secteur public réglemente la vie économique... et sociale.

Illustration 7
Direction des Territoires, deuxième déversement

Actuellement, c’est un autre sujet qui est au cœur du mouvement : la politique agricole dans le domaine sanitaire. Le gouvernement, pour favoriser l’export de la viande bovine, alors que la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) n’avait pas frappé, a rechigné à vacciner (car les importateurs se méfient aussi des bêtes vaccinées, les anticorps signifiant peut-être animal atteint). Alors, au moment où la DNC touche le cheptel, l’État se résigne à vacciner mais ne dispose que de 800 000 doses pour 16 millions de têtes ! Faut-il abattre des animaux sains pour faire disparaitre une maladie et ainsi favoriser le développement des exportations, ou abattre seulement les bêtes vraiment malades, pas les saines (et du coup perdre le marché international) ?

Illustration 8
Blocage des rocades

La question était en débat hier à C ce soir (France 5), avec, malheureusement, un plateau qui se croyait équilibré en affichant deux thèses qui s’affrontaient, la Coordination Rurale (contre l’abattage systématique) et la FNSEA (pour l’éradication de la maladie avec abattage des troupeaux ayant été en contact avec la maladie). Le citoyen lambda qui suit à distance ces questions, pouvait croire que c’était là toute l’agriculture : or la Confédération Paysanne était absente. Le sénateur présent, céréalier et éleveur, membre d’Horizons, balançait tactiquement entre les deux, Isabelle Saporta, éditorialiste à RTL, poussait des coups de gueule comme elle sait faire, parfois sur des détails ou, compagne de Yannick Jadot, en stigmatisant les écolos animalistes qui ne disent rien de ces abattages d’animaux sains, ou, ancienne collaboratrice de Jean-Pierre Coffe, en s’en prenant « à la bouffe de merde » provenant de Chine. Seule Marie Colli, consultante, tentait une autre approche, mais personne ne reprenait ses propos (sauf quand elle a dénoncé la compétition qui règne et qui est entretenue dans l’agriculture, le sénateur, dont l’horizon est quelque peu rétréci, assène : « s’il n’y a pas de compétition c’est le communisme », hugh !).

Illustration 9

Au cours des échanges, la violence de l’intervention gendarmesque en Ariège a été stigmatisée par le sénateur pro-Edouard Philippe, disant qu’envoyer les Centaures [engins blindés], les gaz lacrymogènes tirés à partir d’hélicoptère, c’est de la folie : s’il y avait eu un mort, la révolte paysanne aurait été telle qu’il n’y aurait plus eu une seule préfecture debout sur le territoire ! Et c’est l’éleveur laitier FNSEA qui a murmuré que ce ne serait pas normal (de provoquer de tels dégâts), mais ajoutant plus tard qu’on n’en a pas fait autant à Sainte-Soline. Commentaire insupportable quand on sait le déferlement de violences des forces de l’ordre, encore récemment largement documenté (dont des tirs tendus de grenades pouvant être mortels). Et là, soudain, intervention judicieuse quasi-immédiate de Karim Rissouli qui anime l’émission : « ça été très violent à Sainte-Soline ». Et le gars de la FNSEA de susurrer : « oui mais là [à Sainte-Soline] ça ne visait pas les agriculteurs » ! Il est vrai qu’en général, le pouvoir central lâche ses Robocops sur les militants écologistes (Sainte-Soline, A69) ou les ouvriers en lutte pour la sauvegarde de leur entreprise, rarement sinon jamais sur les agriculteurs même lorsque leurs exactions sont bien plus attentatoires à l’ordre public. Difficile de comprendre ce qui conduit soudain le ministère de l’intérieur à ordonner une telle répression envers des agris.

Illustration 10
Au bout de la rue, commissariat et préfecture.

Enfin dernier paradoxe : les agriculteurs de la Coordination Rurale et ceux de la FNSEA déversent régulièrement des tonnes et des tonnes de détritus, déchets divers, foin pourri, béton, ferrailles, pneus, carcasses d’animaux, plastiques. À se demander comment il est possible d’en avoir autant dans les fermes, certains observateurs ne se privent pas de commenter en disant que les manifs permettent aussi de nettoyer les fermes. Des fonctionnaires municipaux dévoués feront le nettoyage (sans que personne ne rende hommage à ce travail récurrent, fonction-publique-bashing oblige). Le mystère : où sont ensuite déversés tous ces déchets ? Sachant que le plus souvent ils ne sont pas recyclables (trop mélangés ou fumier recouvert de chaux, donc inutilisable en engrais). La Confédération Paysanne nous dit (voir un de mes posts précédents) qu’elle ne déverse jamais de détritus lors de ses manifestations (alors même qu’elle fait plus souvent l’objet de répression violente), pourquoi ? Parce que les fermes adhérentes à la Conf’ recyclent leurs déchets.

[16 décembre]

Auch : rassemblement contre les abattages massifs de troupeaux

Suite à l’abattage de troupeaux en entier sur décision de l’État, des agriculteurs du Gers, non syndiqués, ont appelé à un rassemblement place de la Libération à Auch ce dimanche après-midi [14/12], en vue d’informer la population sur les événements graves qui se déroulent chez les éleveurs en ce moment. Une centaine de personnes étaient présentes, plusieurs agriculteurs regrettaient qu’il n’y ait pas plus de monde, mais compte tenu des conditions précipitées de l’appel ce n’était pas si mal. Des agriculteurs de la Confédération Paysanne et de la Coordination Rurale étaient présents ensemble, ce qui est peu fréquent. Ils étaient déjà ensemble sur les rocades pour un blocage partiel, la CR déversant ses détritus comme à l’ordinaire, à la différence de la Conf’ qui n’y procède jamais, d’autant plus que les paysan.nes qui y adhèrent ont pour habitude de recycler leurs déchets.

Illustration 11
Un intervenant de la Coordination Rurale du Gers

Un des appelants, Jean-Paul Barbé, de Lasseran, a expliqué ce qu’était la DNC (Dermatose Nodulaire Contagieuse) et exposé la détresse de éleveurs face à l’intransigeance du gouvernement qui exige l’abattage du cheptel si une seule bête est malade, alors même que la maladie n’est que rarement mortelle et qu’elle n’est pas transmissible à l’homme. Au pire, l’abattage de la bête malade (alors même qu’elle peut guérir et que sa viande reste consommable) pourrait être admis mais pas tout le troupeau. Le problème est que l’État a tardé à procéder à la vaccination et, surtout, qu’il veut favoriser l’exportation (or certains pays refusent toute trace d’anticorps, preuve que l’animal a été malade, à moins que ce ne soit simplement la réaction au vaccin, la différence ne pouvant être faite). Non seulement, certains pays ont revu leur exigence (l’Italie par exemple) mais il n’est pas normal que des éleveurs qui n’exportent pas fassent les frais de ces considérations.

Et pourtant l’État est prêt à partir en guerre contre les agriculteurs : il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé en Ariège et en Haute-Garonne, indique un éleveur de la Coordination Rurale : les forces de l’ordre ont tiré des grenades sur les vaches, risquant d’enflammer la paille. Des animaux souffraient des gaz lacrymogènes. Il sollicite la solidarité des non-paysans : « on ne vous prend pas en tenaille, mais on est à bout ».

Illustration 12
Sylvie Colas de la Conf'

Sylvie Colas, de la Confédération Paysanne (membre au national des questions sanitaires), part dans une diatribe sans notes, fortement documentée, expliquant dans le détail et de façon claire, les aberrations du ministère. Elle fait le parallèle avec la grippe aviaire où l’État exigeait abattage des volailles dans un rayon de 3 kilomètres autour d'une ferme infectée (sachant que la DNC n’a rien à voir avec la grippe aviaire où les animaux atteints meurent rapidement). Même dans ce cas, l’État a dû faire machine arrière car ses protocoles étaient inefficients. Pour la DNC, dans le Doubs un troupeau entier a été abattu alors qu’il était vacciné, sans savoir si les animaux qui présentaient des nodules étaient vraiment malades (ou si c'était une réaction normale au vaccin). Elle appelle les citoyens à soutenir : dans le 31, un éleveur refuse l’abattage, des cars de CRS sont déployés, demain il faudra être nombreux sur place. Elle se dit « brisée » face à ce que vivent de jeunes éleveurs qui relançaient la race mirandaise. Elle est chaleureusement applaudie par l'assistance.

La foule s’en prend à la ministre de l’agriculture et crie "Genevard au placard" ou "Genevard démission", puis des personnes prennent le micro : une jeune éleveuse de mirandaises, mais aussi des citoyens non-paysans dont l’une qui s’étonne que les "animalistes" ne protestent pas contre cet abattage d’animaux sains.

Le bras de fer engagé vise à la vaccination généralisée, et à l’arrêt des abattages de masse, injustifiés, et désastreux pour des agriculteurs dont les animaux sont tués sans raison, un vrai gâchis, traumatisant. Un végétarien vient dire sa solidarité avec les éleveurs, et s’étonne de l’absence des élus, dont le député macroniste Jean-René Cazeneuve, hué par l’assistance. Tant dans les discussions en aparté qu’au micro, il est vanté le fait qu’ici sont rassemblés tous bords confondus. Un homme s’empare du micro : s’il y a beaucoup de monde, les gendarmes ne pourront rien. Des pétitions circulent sur internet pour que cessent ces abattages dévastateurs.

Illustration 13

[14 décembre]

Plainte contre la Coordination Rurale

Comme indiqué par Hit FM et La Dépêche hier dans la journée, le préfet du Gers a annoncé un dépôt de plainte contre X, qui vise la Coordination Rurale du Gers qui, dans la nuit de vendredi à samedi, a déversé devant les agences bancaires d’Auch plusieurs tonnes de déchets divers, y compris devant deux administrations de l’État, la Direction départementale des Territoires (DDT) et la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL), sur l’Ancien Foirail, exigeant la levée des agios et l’instauration d’une « année blanche ». Le Préfet n’apprécie pas que son administration ait été ainsi ciblée alors même que la CR32 ne l’avait pas annoncée comme cible de ses actions nocturnes. Ce qui me conduit à mettre un bémol à ce que j’écrivais précédemment, à savoir qu’une entente avait dû avoir lieu entre Préfecture et CR32 pour que la Préfecture ne soit pas impactée (1). Si le Préfet porte plainte devant la procureure c’est peut-être bien qu’il n’y a pas eu d’entente, ou que l’entente ne prévoyait pas les dégâts occasionnés à la DDT et à la DREAL (portail vraisemblablement détruit comme ce fut le cas en mars 2024).

Illustration 14
Direction des Territoires lors du premier déversement

Le Préfet tient aussi à calmer la colère des agents qui ne comprennent pas l’impunité dont bénéficie ce syndicat agricole. Il leur écrit : « Je sais pouvoir compter sur vous tous pour continuer à travailler au service de l’intérêt général, et notamment au profit des agriculteurs qui connaissent, nous le savons, une situation économique difficile. Nous devons collectivement trouver le moyen de continuer à les aider dans ce contexte compliqué, sans tenir compte des comportements agressifs de certains. » La Justice pourrait condamner la CR32 à payer le coût du nettoyage, dont le montant total atteint sans doute les 200 000 euros [à la date du 26/11, car au 22/12, il est vraisemblable, compte tenu des déversements ultérieurs, que la facture ait doublé]. Selon Benjamin Pérès, directeur de cabinet du maire, les déchets devant la DDT contiennent des matières organiques, des carcasses animales, des plastiques et métaux.

Illustration 15
Crédit Agricole aspergé de lisier

Nous savons par ailleurs que la FNSEA et la CR mènent des actions contre des administrations utiles comme l’OFB, l’Office français de la biodiversité, dont les fonctionnaires sont régulièrement menacés et agressés, alors même qu’ils jouent un rôle majeur dans la protection de la santé des populations. Au sein de l’OFB, on redoute l’inaction de l’État qui pourrait bien abandonner cet organisme afin de satisfaire démagogiquement des syndicats agricoles agressifs. Dominik Moll, réalisateur du film "Dossier 137" (sur les violences policières) a révélé récemment qu’il envisageait de faire un film sur les attaques injustifiées menées à l’encontre de l’OFB.

[26 novembre]

(1) En effet, le 23 novembre j’écrivais sur Facebook :

Toujours le 2 poids 2 mesures

Illustration 16

L’action menée vendredi soir par la Coordination Rurale 32 a consisté à déverser à Auch (Gers) bottes de foin (parfois pourri), détritus divers et fumier : devant le CIC, la BNP, la Banque Populaire, la Caisse d’Épargne (basse ville), le Crédit Mutuel, le Crédit agricole et la Direction des Territoires (DT). Déjà cela indispose des citoyens vivant à proximité de ces banques et administration (en particulier à la DT où, outre une montagne de déchets, le voisinage doit se coltiner les odeurs). Des citoyens en rient, d’autres sont offusqués devant cet irrespect des règles légales de manifestation. Une amie, fille, épouse et mère d’agriculteurs m’a confié samedi sa honte de voir des agriculteurs procéder ainsi. En réalité, c’est un certain modèle d’agriculture et un type d’agriculteurs qui s’expriment dans le cadre de ces actions visant à clore un congrès national qui s’est tenu à Auch. Toute la paysannerie ne se résume pas aux conceptions de la CR.

Mais ce qui me semble le plus choquant c’est le comportement de l’État qui laisse faire, après vraisemblablement une entente préalable, car la Préfecture n’a pas été impactée ni la haute-ville (Caisse d’Épargne de la Place de la Libération, face à la mairie). Par ailleurs, on sait comment les manifestations pacifistes sont violemment réprimées par les forces de l’ordre sur ordre du ministre (provoquant des blessures extrêmement graves) tandis que ces actions avec gros tracteurs et grosses remorques ainsi qu’engins de levage sont tolérées, sans engagement de poursuites, alors même que des menaces inacceptables ont été prononcées (« faire la peau aux écolos »). Vraisemblablement que cela contribue au délitement de notre société.

Illustration 17

Billet n° 896

Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au  n° 600Le plaisir d'écrire et de faire lien (n° 800).

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