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Billet de blog 6 mai 2024

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800ème billet : le plaisir d’écrire et de faire lien

Je livre dans ce billet ce qui me motive en tenant ce blog « Social en question » et la façon dont je procède. Cette activité me procure du plaisir mais c’est aussi un combat, d’autant plus dans une période où les idées rances font florès : il importe plus que jamais d’affirmer les principes de solidarité et de résister à la propagande haineuse de l’extrême droite qui gagne du terrain.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comme à chaque centième, avec ce billet n° 800, je fais le point. Le 700ème était paru en octobre 2022, soit en moyenne un peu plus d’un billet par semaine. Je tiens d’emblée à préciser que ces numéros de billet sont une simple convention ou un repère : en effet, certains articles d’éditions ou portfolio ne sont pas comptés (en avril 2023, j’ai publié six articles sur Le combat historique des Lip dans l’édition 1973, année charnière : une rétrospective collective). Par ailleurs, nombreux de mes articles sont très longs et pourraient être publiés en deux ou trois billets.

Illustration 1
Détail du Jardin des délices de Jérôme Bosch

Je ne reprends pas ce que j’ai développé dans le 700ème billet de Social en question : mon but est d’aborder les questions sociales, moins pour décrire ce qu’elles sont réellement que pour démonter la façon dont elles sont traitées politiquement et médiatiquement. C’est ainsi que j’aborde la pauvreté, l’enfance, les discours simplistes sur la protection de l’enfance et méprisants sur l’assistanat, la transversalité des thèmes du social, leur extension (depuis quelques décennies, le social, au sens d’action sociale, a pris une place prépondérante dans le débat public). J’ai été amené à parler aussi culture, art, environnement et monde paysan (prenant des chemins de traverse, j’ai évoqué Jérôme Bosch). Dans ce billet 700, je rendais hommage à Mediapart, ce média qu’il faudrait vraiment inventer s’il n’existait pas, et ma fierté d’avoir adhéré au projet dès le premier mois de sa création (mars 2008).

Illustration 2

Écrire sur l’actualité sociale au sens large remonte, pour moi, à plus de 40 ans : en 1979, nous sommes un groupe d’ami·es qui créons un bimestriel en Franche-Comté (L’Estocade, parce qu’on est dans l’Est, que le grand journal local est L’Est Républicain, que réaliser un tel canard c’est une toquade et que, à gauche de la gauche, nous prenons fortement position quitte à porter le fer dans la plaie). Les sujets abordés sont divers, à la Prévert : les héritiers de la presse collabo, les élections de miss, les artistes de la région, mais aussi l’histoire des verreries ou des salines en Franche-Comté, le mode de gestion de la ville de Belfort par Jean-Pierre Chevènement (avec interview en tête-à-tête de l’intéressé), ou celle de la région par Edgar Faure, les magouilles du président du conseil général de la Haute-Saône qui finançait clandestinement la radio dite libre d’Alain Joyandet, futur ministre de Nicolas Sarkozy, des révélations sur les indemnités des élus ; des exemples de pollution,  comme les 5200 tonnes de lindane (toujours) enfouies, en catimini, à Gouhenans. La mise en place des ancêtres du RMI par les municipalités de Besançon ou de Belfort. Et tant d’autres sujets. Auparavant, mon activité syndicale et ma participation à la revue Champ social m’avaient familiarisé avec la rédaction d’articles (voir mon parcours : 100ème billet).

Illustration 3

Mon tout premier article sur ce blog Social en question date du 13 décembre 2011 : il s’intitulait Le Président anti-social et visait Nicolas Sarkozy. Je critiquais son discours de Bordeaux du 16 novembre au cours duquel il avait vilipendé les fraudeurs mettant dans le même sac fraude fiscale et fraude dite sociale, et disant vouloir exiger 7 heures de travail à ceux qui perçoivent le RSA. En réalité, ce texte était destiné au Monde qui m’avait répondu que la surcharge de l’actualité ne leur permettait pas de le publier. Il faut dire que le quotidien du soir m’avait publié un article justement le 16 novembre (avant que je sache que Sarkozy allait déverser sa bile contre les plus démunis), article titré Les véritables fraudeurs ne sont pas les bénéficiaires des prestations sociales, où ma tête de Turc était plutôt Laurent Wauquiez (qui non seulement avait qualifié « les dérives de l’assistanat » de « cancer de la société française », mais proposait aussi que les demandeurs d’emploi soient exclus du logement social). Si Le Monde a publié plusieurs articles que je lui ai proposés (depuis le tout premier en 1978, avant les législatives, ayant pour titre Solidaires des ouvriers, à propos des travailleurs sociaux), jamais je ne m’étais adressé à lui à un tel rythme. Devant ce refus, je me suis soudain avisé que lorsqu’on était abonné à Mediapart on pouvait tenir un blog. Je découvrais qu’en un clic un texte se retrouvait lisible partout. Fabuleux : totalement différent de ce que j’avais connu en publiant un journal papier où j’ai été pendant sept ans le directeur salarié (au Smic) à mi-temps et qui exigeait un travail de mise en œuvre considérable (outre la rédaction et la collecte de la publicité : frappe, tramage des photos, montage sur table à dessin, impression, encartage, agrafage, massicotage, mise sous enveloppes, routage, envoi). 2000 exemplaires diffusés, 1300 abonnés (gagnés un par un, après de très nombreux mailings), 300 vendus en kiosque, chaque numéro était annoncé par la télévision régionale et Radio France Besançon : on avait là une certaine vision de la diffusion, ce qui n’est pas le cas avec le numérique, commentaires et recommandés ne donnant qu’un faible aperçu de l’impact. Mais peu importe : jamais je ne me relancerai dans cette aventure fabuleuse et éreintante consistant à éditer un journal papier.

Illustration 4

Aujourd’hui, il n’est pas rare, au quotidien, qu’on s’adresse à moi ou qu’on me présente comme "journaliste de Mediapart" : évidemment, c’est flatteur, mais je m’empresse de démentir. Non seulement parce que je ne le suis pas, mais aussi parce que "journaliste" et "Mediapart", cela implique le respect de règles que je ne m’impose pas (même si je me sens totalement en phase avec la ligne éditoriale de Mediapart). En effet, si je faisais œuvre de journalisme, il me faudrait avoir une démarche veillant au contradictoire (interroger toutes les parties en présence) et ne jamais m’impliquer personnellement. Sur les réseaux sociaux, il arrive que je sois agressé verbalement parce que repéré comme publiant sur Mediapart. Je suis alors assimilé à la rédaction et à Edwy Plenel : je commente aussitôt en disant que c’est me faire trop d’honneur ! Je m’affiche "chroniqueur", ce qui suppose que je prends parti et m’appuie essentiellement sur les témoins dont je partage les orientations et en qui j’ai confiance. La confiance que la rédaction me fait en m’annonçant le plus souvent en Une du média me suffit amplement.

Illustration 5
1973, Piaget au micro devant l'église Saint-Pierre à Besançon [Ph. Bernard Faille]

Les idées d’articles ne manquent pas : relevant de l’actualité nationale, ou événement local pouvant illustrer cette actualité nationale, souvenirs du passé méritant d’être rappelés (mon expérience à L’Estocade m’offrant de nombreuses possibilités de réutilisation, comme mon article sur la peste, puisant dans mes écrits et recherches des années 1980, mais aussi mes souvenirs sur l’affaire Lip ou la candidature de René Dumont, le premier candidat politique écologiste). Par ailleurs, je suis sollicité par des ami·es et personnes croisées, parfois confondant un peu mon activité sur Facebook (où je publie trois à quatre posts ou petites chroniques par jour en moyenne, soit un millier par an) avec celle du blog, mais me considérant plus ou moins comme "écrivant" pouvant couvrir un événement qui leur tient à cœur. Cette confusion fréquente entre pages Facebook et articles de blog s’explique d’autant plus que je regroupe certains posts en articles de blog lorsqu’ils ont une cohérence d’ensemble, l’investissement que nécessitent certains posts justifiant que je les "exploite" à plus long cours (la visibilité d’un post est bien plus courte que celle d’un article accessible suite à une recherche sur Internet). Occasion de glisser ici que le référencement de Mediapart est performant. Encore aujourd’hui, mon article de six pages sur les Sans Nom Patronymique [On les appelait Sans Nom Patronymique] publié en août 2020, apparait en deuxième position sur 292 000 occurrences sur un moteur de recherche, je dirai même en première position puisque la définition de Wikipedia qui précède ne comprend que 4 lignes.

Illustration 6
Nicolas Petit [Ph. YF]

Mes chroniques, que ce soit sur mon blog ou sur ma page Facebook, ne cherchent pas à donner une information brute de décoffrage, mais proposent toujours un positionnement et cultivent l’idée de mettre en lien divers événements. Non seulement la transversalité est dans la diversité des thèmes traités, mais à l’intérieur même de ces thèmes (par exemple, mon Discours de la peste, qui décrit non seulement l’épidémie mais aussi ce qu’elle représente : « histoire perpétuelle des minorités "coupables", exutoires donnés à la colère populaire pour justifier l'inexplicable ou expliquer l'injustice »).

Illustration 7
Noémie Calais faisant visiter son élevage de porcs noirs [Ph. YF]

Les circonstances m’ont conduit à m’intéresser à des sujets qui n’étaient pas ma prédilection. Côtoyant dans un département rural des paysannes et paysans engagées dans des combats pour une agriculture plus saine et plus humaine, j’ai été conduit à publier des articles sur le rapport de l’éleveur et de l’éleveuse à ses animaux (comme avec Nicolas Petit ou Noémie Calais). De même, les revendications sur le climat et l’écologie, les enquêtes sur l’environnement (cf. La face cachée de la méthanisation) sont présentes dans mes textes même si je suis davantage mobilisé sur les questions sociales (beaucoup sur les retraites, les minima sociaux) et la progression galopante de l’extrême-droite dans le débat public (mon positionnement étant en phase avec l’orientation centrale de Mediapart). Je ne traite ni de météo, ni de sport, ni de science (excepté lors d’un article sur la paléontologie, Récit de la vie ancienne).

Illustration 8
Tchendukua

Au cours de cette année et demie, au sein de ces 100 billets, j’ai abordé, entre autres, les sans-abri, les morts de la rue, le travail social, les enfants placés (plusieurs témoignages), la santé (clinique privée, hôpital public, les déserts médicaux), l’action humanitaire (Tchendukua), les luttes environnementales (Sainte-Soline, A69, violences policières), l’international (en particulier la façon tendancieuse dont les médias ont présenté le conflit du Haut-Karabagh), Nature et culture, terre et liberté (avec Aurélien Berlan et Alessandro Pignocchi), la gabegie (le Nogaropôle), l'immigration, la mémoire de Clément Méric (dix ans après son assassinat par des fachos), l’habitat insalubre à Toulouse, l’histoire politique (la candidature présidentielle de René Dumont en 1974 que j’étais censé représenter en Haute-Saône), les psychologues et la lutte des classes, plusieurs ouvrages et une trentaine de films…

Illustration 9

Cette masse d’écrits répond chez moi certainement au désir de conserver en mémoire un événement (général ou personnel) mais aussi de vivre plus intensément et de façon plus approfondie certains actes de ma vie (comme la participation à une manifestation, l’assistance à une conférence ou à la projection d’un film). Écrire et publier c’est un moyen de contrer la procrastination, le zapping et le surfing sur une actualité envahissante. C’est une manière de garder trace d’une réalité, d’un événement qui se produit, hic et nunc, engrangé dans son immédiateté, non pas hypothétique, non pas en projet, mais concrètement. Incitant à passer à l’écriture car l’actualité n’attend pas. Ce qui est gratifiant dans la tenue d’un blog c’est le fait de réaliser, de concrétiser, d’aboutir : ne pas être toujours en attente de faire.

Illustration 10

On ne peut exclure une dérive narcissique : écrire autant serait une manière d’occuper le terrain en donnant l’impression d’une hyper-présence, d’une hyper-activité. Je sens bien dans mes relations personnelles que c’est l’impression que cela donne (je passerais mon temps à écrire), alors même que chacun est actif dans sa vie quotidienne mais ne le donne pas forcément à voir. Il est vrai que le temps de lecture et de visionnage (très nombreux médias papier et émissions de télé, y compris les "ennemis" qu’il faut bien connaître) est important, mais je suis souvent surpris de constater que beaucoup de mes interlocuteurs, ami·es, connaissances, en savent autant que moi sur les événements sur lesquels nous échangeons, alors qu’il est vraisemblable qu’ils et elles consacrent beaucoup moins de temps que moi à s’informer. Mon "avantage" est que je suis un malade de la prise de notes et de la constitution de dossiers, et que je peux efficacement m’y référer.

Illustration 11
[Ph. YF]

Des activités ordinaires, a priori pas forcément journalistiques, peuvent devenir sujets d’article : comme tout un chacun, je visite des fermes paysannes par intérêt personnel (Salon de la Ferme, proposée par la Confédération Paysanne), de là je décide de publier un post Facebook, et plusieurs chroniques sur deux ans peuvent devenir un article de Social en question (Le « Salon des fermes paysannes »). Il m’arrive de vivre un événement sans savoir si j’en rendrai compte, souvent on me demande « tu vas faire un article ? », je réponds évasivement (incertain mais prudent, j’ai tout de même pris des notes et des photos).

Narcissisme : ce n’est pas seulement mettre en évidence son activité, c’est aussi se mettre en avant. Dans ma série sur Lip, alors que je reprenais un de mes articles de 1983, je constatais qu’à l’époque « j’écrivais distancié, n’utilisant pas le "je", ne confiant pas certaines informations qui m’impliquaient personnellement. Aujourd’hui je sacrifie à ce qui pourrait être qualifié d’égotisme sinon de narcissisme. Plusieurs raisons à cela : l’air du temps, les réseaux sociaux (posts et blogs y incitent), beaucoup, traitant d’un sujet, plongent ainsi dans le témoignage, y compris journalistes, historiens et sociologues. À cela s’ajoute l’effet de l’âge : il arrive un moment où on éprouve, je crois, l’envie de partager ses souvenirs en lien avec un événement ou un lieu chargés d’histoire, d’autant plus si on en a conservé des traces ».

Illustration 12
[Ph. YF]

Par ailleurs, écrire souvent est un entraînement : si certains textes me demandent du temps pour les élaborer, d’autres sont confectionnés rapidement, car je m’appuie sur ma documentation, sur ma mémoire, sur mes archives, sur une bibliothèque de 4000 ouvrages. Outre ce que je publie, je rédige  chaque jour des notes ou textes plus ou moins élaborés (sous forme de "journal" de l’actualité et éventuellement de "mon" actualité) que je ne publie pas.

Il existe aussi une certaine confusion entre écrire et lire : écrire serait le plus prenant, alors même que j’ai parfois écrit un article d’une traite en deux ou trois heures, me surprenant moi-même, mais ce qui m’avait coûté le plus c’était bien la lecture d’un livre, d’un rapport de 200 pages. Il y a comme une notion de l’écriture plus noble que la lecture (où l’on engrange des données), phase pourtant incontournable pour conduire à l’écriture. Mon expérience ces dernières années me conduit à considérer que, dans un monde envahi par l’image et la photo, l’écrit conserve une place prépondérante : si mes posts ont de l’écho (sur une manifestation par exemple, un rassemblement, une conférence), ce n’est pas tant pour les photos qui les illustrent (même si cela compte) que pour le texte (parfois assez long) qui permet de conserver l’événement en mémoire. Or il est plus facile de faire des photos qu’un compte-rendu, beaucoup se sentent en difficulté sur cet exercice. Ce n’est pas un des moindres sujets qui mériteraient d’être approfondis : comment aider chacun à coucher sur le papier l’événement qu’il vit, qu’il observe, pour transmettre à son entourage ou à sa descendance.  

Illustration 13
[Ph. YF]

Il y a bien un ou deux thèmes que j’aimerais creuser plus longuement et en faire le tour pour aboutir à un texte étoffé mais j’aime assez l’approche journalistique qui consiste à présenter un sujet en quatre à six pages (sans le survoler, quitte à être un peu long) puis une fois publié à passer à autre chose. On peut éprouver un certain plaisir dans un premier temps à avoir un travail circonscrit à accomplir, un article à construire, à rédiger, à terminer, puis dans un second temps plaisir aussi à le mettre en ligne (car il arrive un moment où il faut cesser de tergiverser, de vouloir compléter, de lire et relire, pour valider, inch Allah). Satisfaction de l’aboutissement, de la visualisation du billet bouclé, sentiment qui est cependant de courte durée, car l’envie (le désir) consiste à s’attaquer aussitôt à un nouveau thème. Je dirais prétentieusement que mon insatisfaction n’est pas dans ce que je produis mais dans le fait qu’une fois produit j’aspire à enchaîner sur un autre article, différent. J’ai juste à veiller à ne pas être noyé dans les infos, à ne pas avoir un trop-plein de sujets, car cela deviendrait un pensum, ce qui n’est pas le but.

La plupart des sujets traités m’ont conduit à rencontrer des personnes estimables, que je n’aurais sans doute pas connues sans cette activité de chroniqueur. Une expérience passée dans divers collectifs me fait apprécier désormais une écriture en solitaire : non seulement il y a un temps pour tout, mais il y a un certain bien-être à n’avoir de comptes à rendre à personne. Cela ne signifie pas que je m’exprime en ignorant les autres mais j’éprouve une grande liberté dans cette activité. Et quand, comme cela est souvent le cas, je dois fonctionner en lien avec quelqu’un qui me fournit des informations, que j’interviewe, cela s’est toujours passé de façon clean, dans une efficacité remarquable qui m’est aujourd’hui absolument indispensable, ressentant confusément que je n’ai pas de temps à perdre.

Illustration 14
Nantes [Photo YF]

Des lecteurs attentionnés me préviennent délicatement, en message privé, lorsqu’ils repèrent une erreur (d’orthographe par exemple). Des lecteurs très peu attentionnés me menacent de porter plainte si le commentaire que je fais à leur propos ne leur plait pas (l’avocat d’un "intermédiaire" renommé, qui a œuvré pour Sarkozy, entre autres, a menacé de me poursuivre en justice si je ne retirais pas des commentaires désobligeants sur ses turpitudes qui étaient largement connues, il a été inquiété depuis pour blanchiment d’argent, détournement de fonds publics et corruption ; un chroniqueur, journaliste au Figaro, qui a son rond de serviette dans de nombreux plateaux de télé, m’a menacé de poursuites si je ne retirais pas mon commentaire sur son évolution progressive de favorable à un rapprochement LR/RN et pro-Poutine à une position aujourd’hui plus mesurée). Des agences ont cherché à me faire payer la reproduction de photos sans autorisation (alors que le plus souvent je veille à citer les auteurs, à solliciter l'accord des photographes ou à publier mes propres photos, signées YF).    

Je me sens d’attaque à poursuivre ce travail d’écriture, par plaisir mais aussi parce que la période n’a peut-être jamais été aussi tendue. J’ai tout de même une longue connaissance (et expérience) de la chose publique, jamais les idées d’extrême droite ont été à ce point présentes dans le débat public. Non seulement, les journaux et les chaînes adoptant des positions réactionnaires, nationalistes, démagogiques, anti-immigrés, racistes, ont gagné du terrain, mais des secteurs jusqu’alors plus ou moins protégés sont gangrenés, et des leaders politiques de droite (parfois même se disant de gauche) ne craignent plus de se positionner en conformité avec l’extrême droite. On assiste à une inversion des valeurs : des chroniqueurs d’extrême droite osent faire la morale à la gauche, prétendent vouloir lutter contre l’antisémitisme alors qu’ils sentent à plein nez l’exclusion, le rejet de l’autre, le mépris pour l’étranger, un racisme sans vergogne et en toute impunité (pour le moment et plus que jamais anti-arabe et anti-musulman). Extrême gauche et extrême droite sont mises sur le même plan, moyen pour une droite dure d’absoudre l’inhumanité de l’extrême droite. Le cercle des secteurs résistant à ce raz-de-marée me semble se restreindre. Il importe de se serrer les coudes, d’être solidaires et de tenir face aux idées et propos rances qui submergent le débat public.  

Illustration 15
[Ph. YF]

Billet n° 800

Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au  n° 600.

Contact : yves.faucoup.mediapart@free.fr ; Lien avec ma page Facebook ; Tweeter : @YvesFaucoup

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