Les médias d’extrême droite se déchaînent contre « l’extrême gauche »
Atlantico, CNews et Europe 1 se déchaînent contre le PC et LFI en invoquant un journaliste, Benjamin Razavi, qui a la double nationalité iranienne et française, selon lequel "l’extrême gauche française" serait infiltrée par les mollahs d’Iran. Et LCI, dans une séquence de David Pujadas et d’Abnousse Shalmani, péremptoire comme toujours, s’en est fait l’écho. La preuve de cette infiltration : le PCF aurait pendant longtemps reçu le FPLP [qui fait partie de l’OLP] et aussi Salah Hamouri.

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Damned, mais on est nombreux à avoir soutenu cet avocat franco-palestinien, victime des exactions de la justice israélienne à son encontre, souvent arrêté, relâché, et même extradé (son envoi vers la France est qualifié de « déportation » par Amnesty International, condamné par le ministère français des Affaires étrangères et qualifié de « crime de guerre » par l'ONU). Mais les propagandistes d’extrême droite ne font pas dans la nuance : puisque Israël l’a condamné, il est donc coupable. Et Julien Pasquet (CNews) affirme tout de go que Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon sont des stars à Téhéran, tandis que Yoann Usaï (toujours CNews) lâche sans hésitation que les discours de LFI sont écrits par des djihadistes, quitte à se reprendre en disant qu’ils pourraient l’être (21 octobre). Et Régis Le Sommier (ex-de la télé complotiste pro-Poutine, Russia Today France, interdite en France), encore sur CNews lâche que l'ayattollah Khomeni était... trotskyste !

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Pascale de la Tour du Pin, sur Europe 1 (elle fut un temps chez Hanouna), relève que Marine Tondelier, Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon ont manifesté avec Salah Hamouri dans les rues de Paris récemment, et accuse des dirigeants LFI d’avoir des liens avec le djihad islamique palestinien. Elle cherche en vain d’obtenir auprès de Razavi en duplex des preuves tangibles de ce qu’il affirme sur l’infiltration de l’extrême gauche par l’Iran islamiste. Il tourne autour du pot et pose une question : que faisait Thomas Portes (député LFI) au « Proche-Orient 48 heures avant le pogrom » [du 7 octobre] ? Manifestement, la tentative de faire diversion en attaquant à mort la gauche pour faire oublier Gaza se déchaîne. Je surveille les infos : les mis en cause vont-ils réagir et même porter plainte contre ces graves accusations le plus souvent approximatives ?

[24 octobre]
La haine recuite de CNews
Le 14 octobre, je me suis branché un court moment sur CNews (par curiosité, pour savoir quels propos odieux les propagandistes de Bolloré vont déverser ne serait-ce que l'espace de quelques minutes). Evidemment, 7 personnes causent de l'immigration : presque toutes d'extrême droite ou de droite extrême : Ferjou (Atlantico), Lellouche (ex-élu sarkozyste), Yoann Usaï (collaborateur de CNews, très hargneux contre la gauche, les immigrés et les Palestiniens), un policier du syndicat Unité, Karima Brikh, journaliste québécoise (très opposée à l’immigration… en France), Florence Rouas (avocate, moins excitée dans la haine anti-immigrés mais lâchant des phrases contre l’islamisme afin que CNews puisse les diffuser sur X). Enfin, Julien Pasquet, l'animateur de l'émission, qui est au niveau de son collègue Eliot Deval, bébé Bolloré, tous deux cherchant à jouer les pros avec tellement de maladresses et si peu de talent.
Lellouche assène tout de go que si on ne trouve pas d'employés « c'est parce qu'il est plus rentable de rester chez eux. Il ne fallait pas abandonner la réforme du chômage, car les chômeurs sont aussi bien payés en restant devant leur télé et devant les jeux vidéo ». Evidemment, il ne se fonde sur rien, sinon sa haine intrinsèque et ce qu'on lui a dit (« c'est ce que me disent les restaurateurs depuis 40 ans »).
Pasquet, qui ironise sur l'éventuelle nécessité d'employer des immigrés dans l'industrie (et donc d’accepter au moins de l’immigration économique), se moque de Sandrine Rousseau qui a dit que dans les centres de rétention administrative (CRA) c'est l'enfer : « qu'elle étudie ses dossiers », dit le commentateur qui n’a jamais fait preuve de culture. Le policier, Jean-Christophe Couvy, a l'explication : ce sont les retenus qui détériorent les CRA ! Y z'avaient qu'à accepter l'OQTF : « c'est pas honteux de retourner là où on est né ». Pasquet : « on va pas pleurer sur des gens dangereux ». Usaï : « pour ne pas entrer en CRA il suffit de ne pas être délinquant ». Selon mes principes moraux, ces individus, après de telles déclarations insultantes devraient être trainés devant les tribunaux, mais qui va porter plainte ? Un exilé faisant l'objet d'une OQTF, comme toutes celles et tous ceux qui sont dans son cas et qui n'ont commis aucun délit ?
Trois jours plus tôt, Amine El Bahri (parce que les racistes savent faire appel à quelques commentateurs servant de caution, tant qu'ils tiennent bien le discours attendu d'eux, et surtout s’ils font du zèle) s'exprime sur la même chaîne avec une violence incroyable contre LFI, contre l'immigration, et « tous ces quartiers gangrénés par l'extrême gauche qui devraient être rasés ». « La gauche s'y oppose car la gauche a intérêt que ces gens soient pauvres pour les défendre contre les riches ». Olivier Vial (directeur d'un labo d'idées bidon, anti-woke, anti-antifas) accuse la gauche de faire croire aux habitants des cités que les rénovations ont pour but de les expulser pour y mettre des bourgeois (la gentrification). Franchement, je me demande qui continue à s'intéresser à ces délires. Certes, j'ai du parti pris, mais je considère que la plupart des débatteurs chez CNews sont vraiment nuls, souvent ridicules (Kelly, Menant, Bilger, Goldnadel, Levy, Bock-Côté, celui-là il tient le pompom, etc). Charlotte d'Ornellas est une des rares qui n'est pas ridicule, elle bosse ses interventions, même si son idéologie est aussi pourrie que celle des autres : d'extrême droite mais pas nulle.
[20 octobre]
Pour une OQTF visant Morandini

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Jean-Marc Morandini, animateur d'une émission à son nom sur CNews, s'est offusqué qu'Abou Sangare, qui joue dans L' histoire de Souleymane, puisse venir sur des plateaux de télé alors qu'il a fait l'objet de trois OQTF successives. Même si Morandini n'avait pas été condamné en août 2023 à six mois de prison avec sursis pour harcèlement sexuel, simplement pour toutes les saloperies qu'il a déversées sur les plateaux de télé depuis tant d'années, avec la complicité, entre autres, du milliardaire Bolloré, je pense qu'on est en droit de considérer qu'Abou Sangare, et tant d'autres avec lui, sont bien plus dignes d'estime, de considération, de respect que cet individu méprisable. Je me sens mille fois plus co-citoyen d'Abou que de ce Morandini qui mériterait d'être obligé à quitter le territoire français pour avoir violé sans cesse les principes de la République, dont celui de fraternité.
. Abou Sangare a déposé le 10 octobre sa quatrième demande de titre de séjour. A noter en passant que d'une part faire l'objet d'une OQTF ne signifie pas être délinquant, d'autre part si beaucoup d'OQTF ne sont pas appliquées c'est entre autres parce qu'elles sont en très grand nombre (bien plus que dans n'importe quel autre pays d'Europe) et d’une durée limitée dans le temps, très souvent abusives et retoquées par le tribunal administratif (les médias mainstream se gardent bien de le rappeler). La Cimade cite des cas d'enfermements dans un CRA alors que la personne a obtenu le statut de réfugié ou que la demande est en cours d'instruction. Mais ça, Morandini et ses acolytes ne peuvent pas le savoir car ils ne veulent pas le savoir.
[20 octobre]
Les Dupont du PAF

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Olivier Truchot et Alain Marschall qui sévissent sur BFMTV, ont voulu interviewer Rima Hassan, députée LFI européenne pour recueillir son avis sur le fait qu'Emmanuel Macron s'était fait siffler par (une partie de) l'assistance du CRIF lorsque son nom a été prononcé par le premier ministre Michel Barnier (le chef de l'Etat avait, à juste titre, dit que si l'on exigeait le cessez-le-feu il fallait cesser de livrer des armes à Israël, pour certains ce genre de phrase frise l'antisémitisme). Elle profite de cet interview pour dénoncer le fait que le porte-parole de l'armée israélienne, Olivier Rafowicz, a félicité BFM pour sa couverture des événements. Vexés, alors qu'elle leur a dit qu'ils devront rendre des comptes, ils lui coupent carrément le micro.
Léa Salamé, prompte à faire le buzz, invite ces deux histrions dans son émission Quelle époque ! hier soir. Bien morveux, ils sont seuls à s'expliquer, évidemment Rima Hassan n'est pas sur le plateau. Mais la séquence est repassée. Leurs explications sont tirées par les cheveux. On ne va pas se cacher derrière son petit doigt : depuis des mois, ce porte-parole de Tsahal est régulièrement interviewé, également par LCI, or il est vrai qu'il déverse toujours la thèse d'une armée, "génocidaire" dit Rima Hassan, en tout cas qui a tué 42000 habitants de Gaza dont pour l'essentiel des civils et des enfants (touchés par les tirs, écrasés par les destructions, brûlés vifs dans les incendies). La complaisance à son égard est coupable, et les éventuels reproches qu'il a pu faire à BFM, bien mineurs (d'ailleurs il se reprend et insiste pour dire qu'il ne met pas en cause la ligne éditoriale de BFM), sont les mêmes qu'il a pu faire aussi à LCI, mais c'est cousu de fil blanc car il apprécie ô combien d'avoir ainsi micro ouvert sur les chaînes en continu, y compris sur CNews (qui se moque du tiers comme du quart des Juifs et d'Israël mais qui boit du petit lait dès qu'un Arabe ou un Musulman est dans le collimateur).

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Sur le fond, il n'empêche qu'un Etat qui viole sans cesse les conventions et résolutions internationales, qui procède à tout le moins à une épuration ethnique, sans même vraiment s'en cacher (chasser les Palestiniens), un Etat qui tire délibérément sur des soldats de l'ONU et sur les organismes humanitaires, sur les hôpitaux, sur les maternités, sur les camps de réfugiés, ne devrait pas voir les médias français dérouler le tapis rouge pour ses propagandistes (que ce soit d'ailleurs Rafowicz, ou Arno Karsfeld ou Meyer Habib). C'est ce que fait BFM et ce que défendent Truchot et Marshall : honte à eux.
Le 12 août, j'écrivais (post sur Facebook) : « Vendredi, CNews n’a rien trouvé de mieux que d’interroger un chargé de com de Tsahal, l’habituel Olivier Rafowicz, qui justifie l’action de l’armée à Gaza en invoquant le 7 octobre (le « pire massacre jamais commis dans un Etat démocratique depuis la dernière guerre »), sans le moindre mot sur les morts palestiniens, justifiant le bombardement des écoles puisque le Hamas y cacherait des armes. Un jour, les générations futures, pas seulement palestiniennes, demanderont des comptes sur l’inaction des pays dits démocratiques face à la folle vengeance d’Israël. »
. On se souvient qu’en février 2023 les deux Dupont du PAF avaient essayé avec une insistance odieuse, en vain, d’obtenir d’une députée LFI qu’elle remercie Bernard Arnault patron de LVMH et du musée de la Fondation Louis-Vuitton (construit en partie avec nos impôts), pour les emplois qu’il crée et son "mécénat".
[13 octobre]
Impôts : le Carnaval de la droite

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Un rapport de la Cour des comptes établissait à 62 milliards d’euros les baisses d’impôts instaurées par Emmanuel Macron (Bruno Le Maire en quittant son poste se vantait, lui, d’avoir fait 55 milliards de baisse d'impôts), soit une dégradation du déficit public d’autant et une aggravation de la dette (que les économistes dominants, de droite ou pire, agitent toujours pour effrayer les salariés et leur faire gober les bas salaires, les mesures restrictives sur l’indemnisation du chômage, les réductions de dépenses sociales). Et cette dette a progressé de 1000 milliards sous le régime d’un président de droite censé s’y connaître en économie et ne pas jeter l’argent par les fenêtres (c’est pas comme la gauche), comme Nicolas Sarkozy qui l’a augmentée de 600 Md€ ! En 2000, les 500 plus fortunés possèdent l’équivalent de 5 % du PIB, à l’arrivée de Macron c’était 20 %, après son premier quinquennat 40 % (selon le classement de Challenges, cité par François Ruffin dans son dernier livre, Itinéraire, Ma France en entier, pas à moitié, page 94).
Et aujourd’hui, quand au Parlement, des députés en commission parviennent à modifier le projet Barnier d’économies (40 Md€ de réduction de la dépense publique et 20 Md€ de hausses d’impôt), en le transformant en 60 milliards de hausse d’impôts sur les plus riches, ce sont aussitôt des cris d’orfraie : “carnaval fiscal”, “concours Lépine de la taxe la plus stupide”, “enfer fiscal”, “boucherie fiscale”, “budget Frankenstein”, et même, dans la bouche du journaliste d’extrême droite Guillaume Roquette sur France Inter ce matin 21 octobre : “sadisme fiscal” (avec un couplet sur ces feignants de Français qui bossent pas assez) !
C’est qui qui bordélise l’Assemblée et le débat public ?
. Précision : évidemment, les 62 Md€ qui n’entrent pas dans les caisses de l’ État c’est par an, et non sur 7 ans comme le député macroniste Pierre Cazeneuve l’affirmait mordicus, appuyé par le journaliste Benjamin Duhamel sur BFM le 10 octobre face à Aurélie Trouvé, LFI, nouvelle présidente de la commission économique de l’AN qui donnait la bonne info.
. Tableau paru dans Alternatives Economiques le 20 septembre 2024 : à qui ont profité les baisses d'impôts sous Macron ?
[21 octobre]
. Ces chroniques sont parues sur ma page Facebook aux dates indiquées entre crochets.
Billet n° 825
Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Parcours et démarche : ici et là. "Chroniqueur militant". Et bilan au n° 700 et au n° 600. Le plaisir d'écrire et de faire lien (n° 800).
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