Quelque part entre (tristes) comiques qui s’ignorent et (vrais) charognards qui se nourrissent du sang des victimes pour satisfaire leurs médiocres ambitions carriéristes : les réactions d’une large partie de la classe politique à l’attentat de Nice en disent long sur l’air du temps et, plus généralement, sur la déliquescence d’un régime dénaturé par le populisme.
Hasard du calendrier : hier, suite à l’affligeante parade militaire sensée symboliser l’unité nationale, le président de la république dissertait gravement sur la « très grande puissance » qu’est la France. Une très grande puissance, défilant comme à la parade mais qui s’avère incapable de protéger sa population. On peut continuer à s’aveugler, tant que le peuple en redemande...
A l'Assemblée nationale, la séance du 29 juin dernier a donné l'occasion aux députés d'agiter l'un de leurs fétiches préférés : les symboles nationaux à l'école. En réalité, derrière le comique involontaire du débat, un projet de société brutal et rétrograde.
Avec l’épreuve d’éducation civique infligée aux candidats de la dernière session du DNB (diplôme national du brevet, juin 2016), l’Education nationale montre que, loin de ses prescriptions de pur affichage, la pratique courante tient bien davantage de la « simple exhortation édifiante » et de la « transmission magistrale de connaissances et de valeurs. » Mais quelles valeurs au juste ?
En France, peut-on être jugé et condamné pour son opinion ? La réponse est oui : hier, à Rennes, un manifestant contre la loi travail a été arrêté pour avoir brûlé un drapeau tricolore ; il encourt une peine de 7 500 euros d’amende et de six mois de prison.
N’en déplaise aux thuriféraires de la souveraineté nationale qui monopolisent le devant de la scène médiatique, le Brexit n’est pas par nature la victoire du « peuple » dominé sur un exploiteur mondialisé.
« Ne soyons plus Anglais ni Français ni Allemands. Soyons Européens. Ne soyons plus Européens, soyons hommes. Soyons l’humanité. Il nous reste à abdiquer un dernier égoïsme : la patrie » (Victor Hugo, Choses vues, 1846)
Infantilisante et pour certains élèves humiliante : l’épreuve d’EMC passée le 15 juin par les candidats au bac professionnel n’échappe pas à la règle qui fait de cet enseignement aux prétentions morales et civiques une caricature de l’apprentissage de la citoyenneté.
Le débat politique au péril de la surenchère identitaire : avec les dernières déclarations de Sarkozy et de Copé, mais après beaucoup d’autres émanant de milieux très divers, ce n’est plus une éventualité mais une certitude. Autre confirmation : face à l’injonction patriotique, l’école est une nouvelle fois mise à contribution.
Depuis Charlie Hebdo, dans la lutte contre le terrorisme, des politiciens incompétents ont massivement, toutes tendances confondues, privilégié la démagogie. La mort d'un policier, ils n'y seraient pour rien ?