La violente charge policière devant le collège Surcouf à Saint-Malo ne ressemble décidément à rien de ce qu’on a pu voir jusqu’à présent dans l’histoire de l’école. Mais ce n’est pas une simple bavure : ce que cet incident révèle et confirme, c’est la brutale dérive autoritaire d’un régime politique. Une dérive qui n'épargne pas l'école.
Les minables polémiques lancées autour de l’annulation du concert de BlackM ou de la scénographie imaginée pour l’ossuaire de Douaumont ne doivent pas faire oublier que le centenaire de la guerre fait l’objet d’une instrumentalisation autrement plus contestable, surtout à travers la participation d’établissements scolaires mis au service d’un très idéologique détournement de l'histoire.
La laïcité est-elle soluble dans les racines chrétiennes de la France ? Pour Ciotti et plusieurs de ses collègues la réponse ne fait aucun doute : ils viennent de déposer devant l’Assemblée nationale une proposition de loi connectant indissolublement les deux principes. La démonstration est lumineuse.
Pourquoi se priver d’exploiter un filon qui ne s’use pas ? La décision du maire de Nice, Estrosi, d’interdire dans sa ville les fêtes d’école de fin d’année – officiellement d’en interdire l’entrée à tout adulte extérieur à l’école, ce qui revient au même – n’est après tout qu’un pas supplémentaire dans l’anesthésie de la société civile, une situation à laquelle elle semble massivement consentir.
Loin des vertus civiques qu’on lui prête bien inconsidérément, la commémoration du 8 mai 1945 relève davantage de la manipulation que de la connaissance historique. En France, les enfants des écoles sont en première ligne.
Comme un malaise. Des enseignants applaudissant le premier ministre, des syndicats satisfaits. La décision tant retardée d’augmenter de 800 euros l’indemnité des professeurs des écoles aura donc fait passer beaucoup de choses, même celles qui n’auraient jamais dû passer.
Le 1er mai 2002, plusieurs millions de manifestants descendaient dans la rue pour faire part de leur inquiétude devant la présence de Le Pen au second tour des présidentielles. Le 1er mai 2016, quelques dizaines de milliers de manifestants manifestent contre la loi travail. Les autres n’ont sans doute pas jugé bon de s’inquiéter de la mise en place d’un régime brutal et autoritaire.
Exercices « de sécurité » dans les locaux scolaires, fêtes d’écoles annulées, installation de portillons à l’entrée des établissements : derrière ces initiatives à la fois burlesques dans leur déroulement et brutales dans leur ressenti, la volonté manifeste d’entretenir autour de l’école un climat de peur.
" Quand, au milieu des années 1980, (...) émerge un pôle « national-républicain » appelant à la « restauration » des valeurs de la République, l’incontournable « crise de l’école » est devenue l’otage d’une offensive intellectuelle et médiatique visant à faire voler en éclats le clivage gauche/droite à travers le procès de la modernité, de la démocratisation scolaire et de la "pensée 68"."