En annonçant une « réflexion sur les conditions d’utilisation de la légitime défense » ainsi qu’un durcissement de la répression de « l’outrage à policier », le ministre de la police et de la justice signe la capitulation du pouvoir politique devant un mouvement, de nature factieuse, mené par une police gangrenée par l’extrême-droite.
Par leurs modalités, par leurs mots d’ordre, les manifestations policières de ces derniers jours sortent du cadre catégoriel ou professionnel, légitime, pour investir le terrain politique, ce qui ne l’est plus. Devant le grand silence, la complicité des politiques, c'est à la société civile de réagir.
Des policiers armés, cagoulés, utilisant leur véhicule de service pour monter sur l’Elysée : par certains côtés, la « colère » et le « ras-le-bol » de la police réveillent le souvenir des ces ligues d’extrême-droite qui, en février 1934, manifestaient contre la Chambre des députés. Référence sans doute un peu rapide et anachronique, il n’empêche que ce mouvement prétendument « spontané » éclaire d’un jour inquiétant la rapide dérive policière de l’ordre public.
Dans les établissements scolaires du Calvados, 128 000 élèves, leurs maîtres, leurs familles se sont pliés à un délirant exercice anti-intrusion. Pour les élèves, cela se comprend, ils n'ont pas le choix. Mais pour les adultes ?
Sous couvert d’intégration à la collectivité, d’adhésion à certaines valeurs, le principe du rituel consiste bien plus souvent à occulter des vérités dérangeantes. La « cérémonie républicaine de remise du DNB » n’échappe pas à la règle.
La "symbiose" armée - école, vieux rêve d'un ancien ministre socialiste de la Défense (Charles Hernu, 1982) n'en finit pas de se renforcer. En imposant au système éducatif une mission d'endoctrinement politique, illégitime dans son principe, le dernier protocole signé entre les deux ministères va encore beaucoup plus loin que les précédents. Et ceci, dans l'indifférence générale.
« Ils ont tué l’école » : ce titre nauséabond du Point (après beaucoup d’autres), les délirants programmes « éducatifs » en vue de la présidentielle (et pas seulement au FN), tout cela n’est pas nouveau. En dépit de la réalité historique, un passé scolaire mythifié n’en finit pas de faire des ravages.
La tirade de Sarkozy sur "nos ancêtres les Gaulois" ne vient pas de nulle part : ce que dit cet épisode, c’est à quel point les préoccupations identitaires ont gangréné le débat politique mais en débordant très largement du cercle traditionnellement concerné par cette obsession.
Brighelli à l’université d’été du FN, ce n’est ni une surprise, ni la dérive d’un ancien gauchiste qui aurait mal tourné, c’est dans l’ordre des choses : l’aboutissement naturel d’un positionnement idéologique, d’un discours sur l’école par essence d’extrême-droite.