Dans quelques jours, un.e septième ministre de l’Éducation nationale depuis deux ans et demi. Une situation ubuesque qui remet en question la capacité du nouveau ministre à tenir sa place, sa légitimité également et, inévitablement, qui interroge sur la nature du service public d’éducation et sa relation avec le pouvoir politique.
Interpréter n’importe quel fait divers comme fait de société ou plus précisément comme projet inavoué de société : la mort de Raphaël Graven, Jean Pormanove sur la plateforme Kick, n’aura pas échappé à la récupération politicienne. Jusqu’au sordide. Une recette où l’on retrouve immanquablement Gabriel Attal et sa rhétorique habituelle sur les jeunes.
En réponse au psychodrame délirant provoqué par un fumeur sous l’Arc de triomphe, c’est le texte ravageur de Dalton Trumbo qui vient immédiatement en mémoire. Quelques extraits.
Selon une enquête parue en avril 2024, en France, un jeune sur deux (49 %) juge « acceptable » l’utilisation de l’arme atomique. Quels que soient les biais attachés à cette enquête, les convictions manifestées par une majorité de jeunes sur la chose militaire reflètent d’une certaine façon un imaginaire guerrier en partie façonné par l’enseignement de l’histoire.
Prétendre rassembler toute une jeunesse derrière des exercices militaires et le sang impur qui abreuve les sillons, est-ce bien raisonnable ? La dernière trouvaille de Macron, aussi peu fondée que le SNU (2018) met à mal les droits élémentaires de la personne… surtout quand la personne a moins de 18 ans.
L’école obligatoire à 2 ans en uniforme : deux ans après les émeutes consécutives à la mort de Nahel, c’est l’une des mesures préconisées par le député Jeanbrun dans son plan de « réparation des quartiers ». Si cette idée peut paraître loufoque, elle prend tout son sens dans l’esprit de son instigateur.
Le rapport parlementaire d’enquête sur Bétharram aura au moins eu le mérite de faire sortir de l’ombre la question encore trop souvent occultée de la violence éducative dans les établissements relevant de l’Education nationale. Mais ce rapport ne va pas jusqu’au bout de sa logique.
« Oser un big bang de l’Education nationale […] il est plus que temps d’engager des changements en profondeur et de changer de vision. » Dans un entretien au Figaro, le sénateur Max Brisson expose ce qui ressemble fort au projet éducatif dudit parti pour les prochaines échéances électorales. Mais il ne suffit pas de ressasser les vieilles rengaines pour changer de vision.
Des élèves de plus en plus violents ? De façon significative, cette rhétorique catastrophiste se réfère plus ou moins implicitement à un ordre scolaire fantasmé, reconstruit à partir de l’image d’un passé idyllique qu’il suffirait de restaurer, une image pourtant démentie par la quasi-totalité des témoignages directs laissés par l’école des siècles passés.
« …française d’origine juive, je ne ressens en moi aucune affectivité irrationnelle ni indulgence confinant à la cécité à l’égard d’Israël. J’exige le droit de me réclamer d’une origine juive et de voir en Israël un état parmi les autres… »