Ce billet, le 268e, est aussi le dernier, la résiliation de mon abonnement à Mediapart conduisant automatiquement à la fermeture du blog.
Pour le prix d’un abonnement, le lecteur est en droit de demander deux choses : de l’information, un minimum de considération. Deux choses que, depuis l’automne 2018, Mediapart ne lui fournit plus.
A défaut de saisir la nature réelle d’un phénomène dont on ne connaît pourtant ni l’origine exacte ni la conclusion, la dénonciation d’un coupable, la recherche d'un bouc émissaire virent au défoulement. De fait, en France, chacun cherche dans l’épidémie la confirmation de ses propres convictions. Un petit jeu aux conséquences hasardeuses.
Auditionné le 15 avril par le Sénat, le président du Conseil scientifique explique qu’à partir du 11 mai, 18 millions de personnes « à risque » devront rester enfermées pour une période indéterminée, peut-être jusqu’à Noël, peut-être jusqu’à 2021. Les sénateurs ne bronchent pas. Autant que la proposition folle du professeur en question, ce silence interpelle.
Et pendant l’épidémie, le SNU (service national universel) continue. Frayeur sanitaire, conséquences économiques et sociales non encore pleinement mesurables mais qu’on sait douloureuses : rien n’arrête la marche en avant d’un projet qui paraît chaque jour toujours plus surréaliste.
Jusque-là il y avait ceux qui fantasmaient sur le voile, aujourd'hui, il y a ceux que le masque fait fantasmer. Un fantasme qui n'est pas plus neutre que le premier et qui fait plonger Mediapart dans le délire complotiste de l'extrême-droite.
« C’est un complot », hurle Le Pen. « C’est un complot », reprend Mediapart. Une enquête bâclée, à base de prétendues « révélations » connues de tous depuis longtemps, reprenant tous les fantasmes des théories complotistes, prétend dénoncer « un scandale d’état ».
Face aux grandes épidémies du passé, dans un contexte souvent teinté de superstition et d’irrationnel, de panique vraie et de mauvaise foi, la recherche du coupable, du bouc émissaire était l’habitude. Il faut croire que les mauvais réflexes ont la vie dure, resurgissant aujourd’hui à l’occasion d’une épidémie, à cette différence près que les petits calculs n’y sont sans doute pas étrangers.
« Nous sommes en guerre » : en usant et abusant de la métaphore guerrière, Macron ne fait qu’entretenir une confusion sur laquelle les Français ne sont déjà que trop portés. Mais on ne lutte pas contre un virus avec des missiles ou des blindés.
La publication par l’INJEP des résultats d’une étude détaillée, menée sur le terrain pendant la phase de préfiguration du SNU (juin 2019), vient doucher les enthousiasmes officiels abondamment relayés par les médias et remettre en question un certain nombre d’éléments qui, à la réflexion, n’apparaissent plus ni comme des faits acquis ni comme des évidences.
"...on apprenait dans l’armée à faire vivre ensemble les Français les plus radicalement différents " Avec cet éloge de la conscription et sa grande peur des " Français différents (...) inégalement enracinés dans l’histoire de la nation", en 2005, Jean Daniel était déjà très vieux... et très représentatif de cette dérive identitaire qui a touché depuis une large partie de la gauche.