La réforme de la loi des faillites de 1995, œuvre de l’ex-ministre de l’économie néolibéral Domingo Cavallo, est l’une des revendications centrales des entreprises récupérées argentines depuis une dizaine d’années. Annoncée par la présidente Cristina Kirchner en début d’année, celle-ci pourrait être votée d’ici la fin de l’année. Un signal fort en faveur des travailleurs autogérés.
Dans un contexte de chômage massif et de licenciements en cascade, la récupération d’entreprise sous forme coopérative semble être le levier possible d’une réappropriation démocratique du travail. Il ne faut cependant pas oublier la difficulté d’une telle entreprise, comme en témoignent les expériences argentines. Illustration avec les travailleurs d’Indugraf, en lutte depuis deux ans pour la récupération de leur imprimerie.
Les entreprises récupérées tiennent bon : c’est ce que révèle la troisième enquête du programme « Faculté Ouverte » de la Faculté de Philosophie et de Lettres de Buenos Aires, rendue publique ce samedi. L'un de leurs principaux défis : faire face à l’intégration de nouveaux travailleurs.
Thomas Coutrot est économiste et statisticien. Co-président et membre du conseil scientifique d'Attac, il est l'auteur de Démocratie contre capitalisme (2005) et Jalons pour un autre monde possible (2010). Rencontre avec cette figure des mouvements altermondialiste et autogestionnaire français.
Avec dix années d’écart, l’Argentine et la France connaissent un scénario économique similaire. Une sortie de crise favorable aux travailleurs demanderait de tirer tous les enseignements des expériences argentines.