La reine Astrid doit se retourner dans sa tombe quand elle voit qu’on utilise son célèbre prénom couvrir une entreprise qui n’a rien à envier à l’affaire du pot au lait de Pérette. Astrid, vous savez, c’est le fameux réacteur surgénérateur (au plutonium et au sodium fondu) dit de quatrième génération.
Pour un citoyen ordinaire, la lecture des quotidiens de ces dernières semaines est à la fois source d’admiration et d’interrogation profonde. Comment ne pas trembler devant le tableau titanesque que nous brossent fin décembre, à l’occasion de la conférence de Lima, les experts, les medias et notre président : ils nous convainquent aisément des catastrophes climatiques qui nous attendent si nous ne changeons pas très vite nos comportements.
La plupart des articles de presse consacrés aux conséquences positives ou négatives de la chute brutale des cours du pétrole engendrée par la décision de maintien de sa production par l’Arabie Saoudite insistent sur les difficultés économiques que rencontrent et vont rencontrer les pétroliers qui voient leur marges diminuer dangereusement.
La politique de développement intensif du parc de véhicules électriques engagée par la ministre de l’environnement, avec le projet d’installation de 7 millions de bornes de recharges d’ici 2030, apparaît comme la mesure phare, dans le domaine du transport, de la loi sur la transition énergétique qui vient d’être votée en première lecture par l’Assemblée nationale.
Le journal Le Monde s’est fait écho le 31 juillet dernier de propos tenus par le président d’EDF, M Proglio, au sujet du respect de l’engagement du candidat François Hollande de réduire la part du nucléaire à 50% de la demande d’électricité française en 2025 : « Le parc nucléaire complété de l’EPR de Flamanville, dit-il, ne couvrira que la moitié des besoins ».
Alors que les réunions publiques proposés par la Commission nationale du débat public sur le projet Cigeo (Centre industriel de stockage géologique) se révèlent impossibles à tenir du fait d’une très violente opposition à leur tenue, il est peut-être utile de consentir enfin à s’interroger sur la pertinence de ce projet dans le cadre de l’ensemble des questions soulevées par l’aval du cycle nucléaire, plutôt que de tenter de cantonner le débat à un projet qui est loin d’être à la dimension des questions posées et qui, même dans sa propre logique, est très contestable.
L’engouement qu’affichent en France le Medef, l’Office parlementaire des choix scientifiques et techniques, une partie des partis politiques et les gouvernements de plusieurs pays européens repose sur les récits du succès de la ruée sur les gaz et le pétrole de roche mère (qu’on appelle improprement gaz et huile de schiste) qui s’est produite ces dernières année aux Etats-Unis.
La Cour des comptes, dans son étude sur Les Coûts de la filière électronucléaire, a recensé les coûts d’investissement des réacteurs du parc nucléaire français. On trouve dans cette étude les coûts 2010 (hors frais d’ingénierie et de pré-exploitation) par paires de réacteurs des différents paliers (réacteurs de 900 MW CP0, CP1 CP2, réacteurs de 1300 MW P4 et P’4, réacteurs N4) et leurs dates de leur mise en route.
La synthèse du rapport de la Commission Energies 2050 présentée le 13 février à la presse ne fait pas dans la dentelle en dénonçant «les analyses simplistes celles qui présentent les avantages en oubliant les inconvénients…» et plus loin «certains scénarios ne sont envisageables qu’au prix de révolutions dans les comportements individuels et sociaux qui ne nous semblent ni crédibles ni souhaitables».