Je publie cette lettre ouverte de deux enseignants québécois révoltés par la "loi 78", une loi d'exception visant à bloquer le mouvement étudiant et, au-delà, permettant de criminaliser les démonstrations de protestation et les actions revendicatives. Un témoignage particulièrement éloquent sur l'a-démocratie néolibérale.
Depuis plus de trois mois, les étudiants du Québec sont très massivement en grève contre le projet gouvernemental de hausse des droits d’inscription à l’université. Des manifestations considérables ont déstabilisé le gouvernement libéral, entraînant la démission de la ministre de l’éducation, Line Beauchamp. Le premier ministre Jean Charest ne trouve rien de mieux à faire en ce 17 mai que de faire passer une « loi spéciale » visant à rendre illégale la grève et à criminaliser les étudiants en lutte.
François Hollande veut rendre hommage lors de son investiture le 15 mai prochain à Marie Curie et à Jules Ferry. Marie Curie, bien sûr, mais Jules Ferry ? Le président du rassemblement veut à l’évidence s’appuyer sur une référence qui est pour lui consubstantielle à « l’âme de la France ». Gloire donc à Ferry fondateur de l’école publique obligatoire et gratuite ! Silence sera fait sur d’autres aspects moins reluisants du personnage et de sa politique.
D’ores et déjà le Front de gauche a gagné. Certes pas les élections, mais une existence. Ce qui pour le moment où nous sommes est l’essentiel. Exister, ici, c’est enfin pouvoir peser sur la vie politique et donner aux résistances et aux revendications des salariés et de la population un horizon politique qu’elles avaient perdu.
Au pas de course, le gouvernement réforme le lycée. Les décrets en seront bientôt publiés. Des escouades de proviseurs et d'inspecteurs parcourent le pays pour informer, expliquer, justifier. Après un rapide tour de piste de Richard Descoings et un semblant de consultation, le temps des décisions est arrivé.
La réforme du lycée préparée par X.Darcos présente des risques sérieux de régression. Si elle est mise en œuvre comme prévu à la rentrée 2009, elle peut déboucher sur un lycée moins démocratique et moins efficace que l’actuel.