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Billet de blog 25 décembre 2024

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Heureusement qu'il reste encore le cinéma!

A l’heure des rétrospectives de l’année 2024, plus plombantes les unes que les autres, petit tour du côté des salles obscures, où on trouve encore de quoi s’enthousiasmer.

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Rétrospective subjective d'une année de cinéma

J’en suis un peu déçue, mais mon meilleur film de l’année est le même que pour Télérama
Les graines du figuier sauvage, de Mohammad Rasoulof
Film complexe, à la fois réaliste et symbolique, qui témoigne des affects ambivalents d’une révolution et force notre admiration devant ce cinéma iranien à la vitalité remarquable compte tenu d’un contexte politique dont il ne fait pas abstraction. 

Pour toutes celles qui ont du mal à se remettre du procès de Mazan, je conseille
Smoke Sauna Sisterhood, documentaire de Anna Hints
Un dispositif cinématographique simple (mais très maîtrisé) pour se plonger dans la possibilité d’une sororité guérisseuse.

Parce que revenir sur les traumas de notre histoire contemporaine peut ne pas être vain
La zone d’intérêt, de Jonathan Glazer
Plutôt que de produire une récit vieillot à la Hazanavicius (dont je n’ai vraiment pas aimé La plus précieuse des marchandises, à l’animation indigente) Glazer nous invite à considérer Auschwitz comme nous envisageons Gaza (bien que le film ait été tourné avant le 7 octobre) : un monde annexe qui ne nous concernerait pas. Une grande claque dans l’usage de la bande son.

Dans la série des premiers films français très réussis (et ils sont nombreux ces temps-ci) :
Vingt-Dieux, de Louise Courvoisier
Voir arriver sur les écrans une France rurale et précaire sans misérabilisme, portée par une nouvelle génération de réalisatrices est réjouissant. Ma seule inquiétude, c’est que ce type de film émerge au dépend du film de banlieue et participe bien malgré lui au blanchissement des écrans.

Peut-être le film qui m’a le plus émue cette année
Apolonia Apolonia, documentaire de Léa Glob,
découvert en janvier aux Rencontres du Film d’Art de St Gaudens.
Les années charnières d’une artiste, fille de son temps, de ses doutes et de ses compromissions. 

En contre-point de l’actualité syrienne
Les fantômes, de Jonathan Miller
Qui fait le choix d’écrire sur la violence sans la montrer, nous permettant d’approcher avec justesse ce que c’est que la torture. Palme du meilleur acteur à Adam Bessa.

Meilleur film d’animation que j’ai vu cette année, sans aucune hésitation
Flow, de Gints Zilbalodis
Non seulement pour sa qualité visuelle éblouissante, mais surtout pour ce qu’il vient questionner : comment allons-nous vivre les effondrements écologiques à venir?

Meilleur film queer, tant sur le fond que sur la forme
Les reines du drame, d’Alexis Langlois,
Qui ose tout dans un excès baroque qui décape, sans se prendre au sérieux. Emilia Perez (qui m’a beaucoup ennuyé) peut aller se rhabiller!

Dans la catégorie film réaliste, 
Le roman de Jim, des Frères Larrieux,
Un monde modeste où l’on ne se joue pas de grands drames, même si l’on vit de grandes blessures. A la fois pudique et touchant. 

Et une petite douceur, catégorie comédie romantique grinçante à la québécoise : 
Simple comme Sylvain, de Monia Chokri,
Histoire de se rappeler le mal que la quête amoureuse fait aux femmes…

Illustration 1
Visages du cinéma en 2024

Cette liste aurait peu de poids sans la suivante, à savoir 
La liste des films que je pleure de ne pas avoir vus
et qui donc ne peuvent figurer dans mon palmarès.
J’habite dans une ville rurale de 9000 habitant.es qui comporte un cinéma d’une seule salle, tenue par un investisseur privé. Certains films n’arrivent pas jusqu’à nous, ou bénéficient de quelques séances en journée (accessibles aux seul.es retraité.es).

Jeunesse, le printemps, de Wang Bi
Perfect Days, de Wim Wenders
Winter Break, d’Alexander Payne
L’enlèvement, de Marco Bellocchio
Chien de la casse, de Jean-Baptise Durand
Le dernier des juifs, Noé Debré
La bête, de Bertrand Bonello
Carnets de Sigfried, de Terence Davies
Border Line, de Vasquez et Rojas
Mme Hofmann, de Sébastien Lifchitz
C’est pas moi, de Léos Carax
Black Dog, de Guan Hu
When the light breaks, de Rúnar Rúnarsson
7 promenades avec Mark Brown, de Pierre Creton et Vincent Barré
Miséricorde, Alain Guiraudie
A son image, Thierry de Perreti
The Apprentice, Ali Abbasi
 
Très satisfaite de ma petite liste, j’ai quand même pris une claque en me rendant compte que pas un de ces films n’était le fruit d’une réalisatrice! Espérons que nous ferons mieux en 2025…

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