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Billet de blog 4 novembre 2017

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Finkielkraut dans une boucle de logique (épisode 2)

Hannah Arendt prend soin de décrire les racines de l’antijudaïsme qu’elle distingue de l’antisémitisme. Le premier repose sur une différence religieuse marquée et entretenue comme telle, le second sur des thèses racialistes pan germaniques qui apparurent, en 1870, à partir des défaites de l’Autriche et de la France et de la création du Reich wilhelmien.

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Finkielkraut dans une boucle de logique (épisode 2)

2) Quand le « juif errant » mute en « musulman errant ».

Considérons le texte suivant.

«(…) Ils gardèrent leur vieux patriotisme, leur chauvinisme même, ils se regardèrent comme (…) supérieurs à tous les peuples, ce qui est la caractéristique de tous les peuples chauvins (…) [ce peuple] fut supérieur [car] héritier d’une civilisation déjà vieille (…) [il] perdit cette supériorité et au 14ième siècle devint d’une culture inférieure (...) mais il garda précieusement l’idée de sa suprématie, il continua à regarder avec dédain, avec mépris, tous ceux qui étaient étrangers à sa loi (…) Son livre animé d’un patriotisme étroit et farouche le lui enseignait d’ailleurs. On a accusé ce livre d’être antisocial, et il y a du vrai dans cette accusation ; on a prétendu qu’il était l’œuvre légale et morale la plus abominable, et là on s’est trompé car il n’est ni plus ni moins abominable que tous les codes particularistes et nationaux. S’il est antisocial, c’est en ce sens qu’il représenta, et qu’il représente, un esprit différent de celui des lois en vigueur dans les pays où [ce peuple détenteur de ce livre] vint habiter et qu’il voulut suivre son code avant de suivre celui auquel tout membre de la société était assujetti(…) à un moment de l’Histoire [ce livre] parut fatalement antihumain puisque, alors que tout changeait, il restait immuable. [Ses adversaires] chrétiens en ont montré la brutalité parce que cette brutalité les choquait directement(…) ».

Le lecteur lambda, en butte au battage médiatique de ces dernières décennies, conclut, en toute légitimité, que, dans ce passage, il est question du Coran, de la « charia » et de la « oumma » islamique. Il n’en est rien. Sont évoqués ici, respectivement, le Talmud, la loi mosaïque et la communauté juive. C’est là un extrait du livre de Bernard Lazare, l’antisémitisme, (page 287, 288,289).

À l’évidence, les griefs opposés hier au judaïsme sont recyclés et réutilisés, aujourd’hui, contre l’islam.

Pourtant ces deux religions diffèrent par leurs raisons d’être.

Comme le christianisme, l’islam a une vocation universaliste et tend (avec succès du reste) à s’adapter, par le biais de ses Fiqhs, à la totalité des coutumes et cultures du globe https://blogs.mediapart.fr/edition/lescarbille/article/270916/de-la-soi-disant-unicite-de-la-sharia-et-du-pseudo-monolithique-islam .

Ainsi que le décrit Hannah Arendt dans son livre (source : « Les origines du totalitarisme, Sur l’antisémitisme », p .12), le judaïsme, lui, se préoccupe de se préserver en tant que communauté au sein des peuples qu’il rejoint : « la préservation même du peuple juif, en tant qu’entité identifiable, dépendait de cette séparation voulue, et non, comme on l’a généralement cru, de l’hostilité des chrétiens et des non juifs ». Hannah Arendt, moque les historiens apologistes juifs (source : idem, p .10) qui soutenaient que : « le judaïsme avait toujours été supérieur aux autres religions dans la mesure où il croyait à l’égalité entre les hommes et à la tolérance ». À Hannah Arendt de souligner cruellement : « cette théorie spécieuse, par laquelle les juifs se trompaient eux-mêmes, accompagnait la conviction qu’ils n’avaient jamais cessé d’être l’objet passif, souffrant, des persécutions chrétienne, revenait en fait à prolonger et moderniser l’ancien mythe du peuple élu ».

Jacob Katz, historien israélien, écrit que lorsqu’on mit en évidence cette tradition juive souvent violente à l’égard des chrétiens et des non juifs « le public juif en général fut non seulement indigné mais sincèrement étonné » (source : exclusiveness and tolérence, p.196), car ses porte-parole s’étaient à tort persuadés , et avaient persuadé les juifs que leur isolement était dû à l’hostilité et l’obscurantisme de leurs voisins.

Hannah Arendt prend soin de décrire ci-dessus les racines de l’antijudaïsme qu’elle distingue de l’antisémitisme. Le premier repose sur une différence religieuse marquée et entretenue comme telle, le second sur des thèses racialistes pan germaniques qui apparurent, en 1870, à partir des défaites de l’Autriche et de la France et de la création du Reich wilhelmien.

Les juifs d’Europe perdirent coup sur coup la protection des souverains qui avaient intérêt à leurs spécificités (en particulier la banque et le relationnel transfrontaliers). Fragilisés, ils se retrouvèrent en butte à un nouveau type d’hostilité : il toucha quasi exclusivement les juifs aisés et bien intégrés (Stefan Zweig témoigne de la fin de ce monde, victime de l’intolérance, dans son magnifique ouvrage, « le monde d’hier ») .C’est à cette période que les élucubrations des « protocoles des sages de Sion »- nés en Russie - se propagèrent et prospérèrent, dans le bouillon de culture racialiste. C’est dans ce réacteur que naquit l’antisémitisme : la séparation des juifs des non juifs n’était plus une conséquence de la spécificité de la religion juive mais de la prétendue «race juive » qui serait incompatible avec la « race germanique, aryenne et nordique».

L’antisémitisme accoucha du sionisme et plus tard de la Shoa. Il traversa le Rhin - en provenance d’Allemagne, pour la toute première fois - au moment de l’affaire Dreyfus https://blogs.mediapart.fr/edition/lescarbille/article/020917/du-soi-disant-piege-grossier-deuxieme-partie.

Un examen attentif montre que le sionisme de ces dernières années n’a fait que ripoliner ce legs de l’histoire. De l’antijudaïsme d’antan, il préserve l’exclusivisme juif - le syndrome de Massada disent certains- sorti des assemblées rabbiniques, en réaction. De l’antisémitisme, il cultive l’horreur de la shoa.

Jouant sur ces deux tableaux, le sionisme se donne pour mission de préserver activement cette dichotomie (il y a les juifs et il y a les autres) savamment entretenue à travers les âges et scellée par l’holocauste : il cultive ainsi la spécificité juive et son corollaire, la peur atavique, exacerbée par l’horreur de la shoa, pour contraindre les citoyens israéliens et la diaspora juive à l’unité derrière sa bannière.

La préséance des assemblées rabbiniques, affaiblie par les retombées du nazisme, céda le pas au sionisme sur bien des sujets. Ce dernier puisa - et puise encore - dans les tourbières de l’histoire des juifs le combustible qui alimente son foyer. Mais, à bien y regarder, le communautarisme juif encadré d’aujourd’hui prolonge celui non moins encadré d’hier.

Lors de la promulgation du décret Crémieux, la France avait, dans le même geste, confié le destin de la communauté juive d’Algérie à des notables juifs de France (cette communauté, encore proche des indigènes – et indigène elle-même en partie- avait pourtant si peu à voir avec la bourgeoisie juive de la métropole) .Elle se trouva ainsi, d’un seul coup, sous la triple gouvernance de l’élite juive française, du lobby « coloniste » pied-noir et de la République.

Pour ce qui concerne l’Europe, Isaak Markus, 1846, écrit (source, Neuere Geschichte der Israeliten, IX, p.38) : « [les élites juives] ne cherchèrent jamais à quitter la communauté juive .Ils agirent comme ses représentants et ses protecteurs auprès des autorités publiques ; on leur accorda souvent officiellement le pouvoir sur des communautés qu’ils dirigeaient de loin , si bien que l’ancienne autonomie des communautés juives fut sapée et détruite de l’intérieur bien avant d’être abolie par l’Etat-nation ». En, 1906, Bondy-Dworsky, fit remarquer (source, Geschichte der juden in boehmen, II, p.727) : « La pratique consistant à installer des juifs de cour à la tête de leur communauté avec des pouvoirs dictatoriaux devint la règle au 18ième siècle. Elle se transforma au 19ième siècle en gouvernement des notables »

Les notables sionistes (France, USA et Israël), nos contemporains, ne font pas autre chose.

En France, cette dynamique n’est pas sans danger. L’intrication des populations juive, noire et maghrébine, l’importation du problème israélo-palestinien, l’omniprésence de la shoa, la concurrence mémorielle, la menace terroriste, la montée des droites extrêmes sont autant de facteurs tirant la France vers la libanisation.
(Nous savons tous comment le Liban - dupe de sa propre Constitution - versa dans l’intolérance ethnocentrique et confessionnelle et in fine dans le chaos).

Le sionisme d’aujourd’hui focalise sur l’ennemi désigné du moment, l’islam (il épargne pour des raisons évidentes le christianisme) et pour le combattre s’abouche même avec ses propres ennemis mortels d’hier, les droites extrêmes.

3) Illustrons cette dérive par l’exemple suivant :

Dans l’émission -Causeur et radio communautaire juive RCJ - « l’Esprit de l’Escalier » du 01oct.2017 (lien : https://www.youtube.com/watch?v=pv6nsmrTd_0 ) Alain Finkielkraut prend à parti le livre de Carolin Emcke, « contre la haine »aux éditions du Seuil. Dans la brochure de l'éditeur (lien http://www.seuil.com/ouvrage/contre-la-haine-elisabeth-amerein-fussler/9782021365337) on peut lire : «  Carolin  Emcke  conduit  une  analyse à la fois littéraire et philosophique des contextes qui expliquent la haine xénophobe, raciale, sociale et sexiste minant nos sociétés. Elle étudie les processus d’invisibilisation qui préparent les conduites haineuses et déconstruit les présupposés théoriques de la haine : naturalisation des identités, désir d’homogénéité et culte de la pureté ».

Bref, pièce maîtresse des lobbies S.H.A.F, Alain Finkielkraut se sent concerné : la « furie » Emcke braconne à tour de bras dans son pré carré.
Carolin Emcke a fait des études de philosophie, de sciences politiques et d’histoire .Elle y a côtoyé, entre autres, Jürgen Habermas, dont elle demeure proche. Reporter de guerre de 1998 à 2013, elle a couvert le Kosovo, l'Afghanistan, le Pakistan, l'Irak et la bande de Gaza. Elle est collaboratrice de Die Zeit et de la Süddeutsche Zeitung.

Non contente d’avoir couvert le martyr de Gaza, Carolin Emcke est coupable aux yeux d’Alain Finkielkraut d’avoir cité un passage du livre « des juges », de la thora ou ancien testament. Elle écrit : « la vielle histoire de ‘‘chibolette’’ est toujours pareille, car elle décrit tous les procédés arbitraires dont peuvent user les sociétés pour écarter ou dénigrer des individus ou des groupes isolés ».

Nota : Epis de blé se dit « Chibolette » en hébreu et « sibolette » ou « s’boulette » en arabe et en syriaque .La prononciation trahit d’emblée l’origine des uns et des autres et, incidemment, facilite la chasse à l’étranger.

À Finkielkraut de poursuivre par une dérive hyperbolique, tant elle donne le vertige (Cf. minute11:00, https://www.youtube.com/watch?v=pv6nsmrTd_0: « (…) on ne peut pas réduire à une affaire de prononciation la manière dont l’Islam s’est introduit dans notre actualité et dont les mots, hier encore inconnus, de « kouffar» (mécréant), djihad, nikab, Allah ou Akbar, salafisme, ont envahi - bien malgré nous, car nous avons vécu sans eux tranquillement – notre vocabulaire quotidien ».

Remarque 1 : Avant 1979, date de la révolution khomeyniste d’Iran, et la mise en application de la doctrine Carter https://blogs.mediapart.fr/edition/lescarbille/article/030217/genese-du-chaos-moyen-oriental-iv  , l’Islam de France , et l’Islam mondial dans ses innombrables obédiences https://blogs.mediapart.fr/edition/lescarbille/article/270916/de-la-soi-disant-unicite-de-la-sharia-et-du-pseudo-monolithique-islam, se vivaient paisiblement, et même laïquement , à l’exception de l’Arabie Saoudite et du Pakistan de Ziah-Ul-Hak .

Remarque 2 : On donne du salafisme à tort et à travers pour éviter de parler du wahhabisme et épargner l’Arabie Saoudite, pièce maitresse de l’arnaque qu’est la triangulation « dollar –pays producteurs de pétrole-pays consommateurs » https://blogs.mediapart.fr/edition/lescarbille/article/281216/moyen-orient-genese-du-chaos-et-si-y-regardait-de-plus-pres  qui permet aux USA de vivre aux crochets du reste du monde. Précisons que le salafisme est mort au 11ième siècle. Ibn Abd el Wahhab avait ré-exhumé, au 18ième siècle, des textes salafistes pour donner de la substance à sa secte (bida’a) : le wahhabisme  https://blogs.mediapart.fr/edition/lescarbille/article/130617/b-4-le-salafisme-wahhabite  . À coup de milliards, l’Arabie Saoudite essaie aujourd’hui de promouvoir sa secte au rang de branche sunnite, en lieu et place du hanbalisme.

Finkielkraut poursuit : « Carolin Emcke [dit] ‘‘ imaginez une page Facebook, un journal, une émission télévisée où les chrétiens seraient mentionnés, exclusivement, lorsqu’ils auraient commis un crime et où chaque crime serait représenté dans un rapport causal avec sa religion. Comment ce schéma modifierait-il la perception ?’’ .

À Finkielkraut de s’insurger : « Carolin Emcke oublie une différence essentielle (…) l’Islam littéral cela donne le djihad ou, à tout le moins, la rupture avec la société des infidèles »

Remarque 3 : C’est ridicule ! « Infidèles » était le « doux nom » donné par les croisés aux musulmans comme le montrent les écrits de l’époque. Les chrétiens, les juifs, les bahis (les musulmans aussi) ont été et demeurent « les gens du livre » (ceux qui prolongent le message du patriarche commun, Abraham). Alain Finkielkraut le sait très bien, mais ne comptons pas sur lui pour désengluer l’islam.

Au contraire, Alain Finkielkraut poursuit l’enfumage : « quand un catholique prend les évangiles au pied de la lettre, cela donne le Pape François. Du Coran se déduit le djihad, des évangiles ‘‘ l’hospitalité inconditionnelle ’’ ou le « Gastfreundschaft bedingungslose» de la protestante Merkel ». « (…) le littéralisme [musulman] nourrit l’insécurité culturelle des Allemands et de nombreux européens : le littéralisme chrétien est la réponse la moins appropriée qui soit au littéralisme du monde musulman ».

Manifestement « L’hospitalité inconditionnelle » dont les migrants Syriens errants ont bénéficié en Allemagne, en 2015/16, reste en travers de la gorge du sieur Finkielkraut qui oublie d’où il vient. Il oublie qu’à la place de ces déracinés arabes de ces dernières années, dans les années 30, des déracinés juifs repoussés partout en Europe, errèrent de port en port jusqu’à ce que le Mexique et l’Argentine mirent fin à leur souffrances.

Remarque 4 : pour ce qui est du soi-disant littéralisme musulman  https://blogs.mediapart.fr/belab/blog/221017/de-l-interpretation-du-coran  : quand on veut noyer son chien on dit qu’il a la rage.

Pour le reste, il est un fait, général et constant, dans l’étude des religions : elles se modifient sans cesse. Ceux qui, pour des raisons politiques, gagnent à diviser, sèment les grains de la discorde ; M. Alain Finkielkraut est bien placé pour le savoir. Ceux qui, toujours pour des raisons politiques, décident d’instrumenter la religion dans leur partition ne font pas autre chose, mais cette partition demeure une politique et en aucun cas la religion. Dans cette affaire, sionisme et salafisme sont les deux faces d’une même médaille.

Jetons une pierre dans le jardin du salafisme .Constatons que ses formules spécieuses consistant à proclamer que la vraie religion est nécessairement absolue se réfutent elles-mêmes. En effet, par définition, la religion met en relation l’homme, être fini, et son dieu, un être infini postulé absolu : le rapport entre l’absolu et le contingent, entre le fini et l’infini, ne peut, bien évidemment qu’être fini, sinon il serait inaccessible à l’homme. Dès lors, une vérité prétendue absolue adoptée par l’homme - imparfait par définition- devient aussitôt une vérité relative .Aussi, personne n’a l’assurance de détenir la vérité. Nous sommes condamnés à loger à la même enseigne (celle du Droit Positif et de la Constitution) : croyants fondamentalistes, agnostiques tièdes, athées et les sceptiques sourcilleux.

Rappelons que notre constitution comme la loi du 09 décembre 1905, régissant la laïcité, n’ont jamais prétendu vouloir s’immiscer dans les credos des citoyens, lesquels demeurent, ainsi, égaux en droit et en devoir.

Alain Finkielkraut n’ignore aucunement que rien de ce qui touche à l’homme n’est immuable.

En vérité, Carolin Emcke a le grand tort, aux yeux d’Alain Finkielkraut, de faire un parallèle entre ce que vivent les musulmans, aujourd’hui, et ce que vivaient les juifs, hier. « Adossée à son chibolette » poursuit Alain Finkielkraut « Carolin Emcke récite tranquillement son catéchisme de la bien-pensance. Elle écrit : ‘‘ Tout cela s’est déjà produit, la haine de l’étranger, l’exclusion de toute différence, la vocifération dans les rues, (…) l’invention de l’entre soi comme nations, comme peuples et la fabrication de toutes pièces de ces autres qui doivent être exclus, les déviants, les asociaux. L’idée selon laquelle des hommes étrangers importunent nos femmes et nos filles a déjà existé, elle aussi : c’est une des affirmations de la propagande nazie : les textes antisémites et les caricatures mettaient régulièrement en garde contre les juifs supposés assaillir les femmes allemandes ».

Il y a comme de la lèse-majesté pour Alain Finkielkraut : comment ose-t-elle comparer le malheur du musulman errant, notre contemporain, à celui du juif errant d’hier ?

Retournons aux sources du mal absolu. Dans Mein Kampf, Hitler dépeint d’une manière outrancière l’avidité sexuelle prétendue des juifs : « Cette  infection  de  notre  sang, que  des  milliers  des  nôtres, frappés  de  cécité, semblent ignorer, les juifs  la pratiquent aujourd’hui systématiquement. Systématiquement, ces noirs parasites violent nos blondes jeunes filles et détruisent quelque chose d’irremplaçable en ce monde ».

N’en déplaise aux oreilles délicates de notre « menhir de l’Académie Française », ainsi va le monde. Voulez-vous encenser Pierre ? Ne bougez pas, j’ai dans mon fourbi idéologique ce qu’il faut pour faire de Mme Claude (non, pas celui-là, le malheureux !) un parangon de vertu. Voulez-vous ruiner la réputation de Shlomo ou de Slimane ? Restez assis, j’ai ce qu’il vous faut aussi.

L’erreur fondamentale de cette méthode - à la portée de tous- est toujours la même. Selon le degré de sympathie ou d’antipathie dont on voudrait parer l’objet de notre attention, on glane - dans l’actualité, dans la littérature, dans l’histoire, des évènements ponctuels ,s’espaçant souvent sur des siècles, dans les traits de caractère , les qualités ou les défauts d’un individu donné - la substance permettant d’asseoir « La Norme » postulée immuable à peine formulée .Ces restrictions ,volontairement bornées, des champs d’investigation , ces messages dont la transduction est plus qu’approximative, ce type d’intégrales - sommations de minuscules caractéristiques de l’individu à sa communauté - peuvent devenir dévastateurs dans les mains de manipulateurs sans scrupules.

Alain Finkielkraut est l’un d’entre eux.

Nous verrons, dans les billets à venir, comment tous ceux qui ont essayé d’inscrire le malheur juif dans le malheur de l’humanité ont eu à essuyer les anathèmes des sionistes.

Cet exclusivisme - l’entretien agressif de la spécificité juive à l’ombre de la Shoa - alimente un climat malsain qui déchaîne inutilement la concurrence mémorielle et dresse les juifs contre les relégués de nos banlieues et réciproquement. L’image offerte par nos hommes politiques, l’échine souple, la kippa sur la tête, rendant hommage sur hommage au CRIF convainc les relégués de nos ghettos - la racaille selon Sarkozy - de la nécessité de faire « comme les juifs » : promouvoir - qui le CRAN, qui le CCIF, qui les « indigènes de la République »- l’hypothétique lobby qui imposerait justice et dignité : le baume sur le dos des écorchés.

D’évidence, les sionistes français - comme Alain Finkielkraut, Éric Zemmour https://blogs.mediapart.fr/edition/lescarbille/article/130916/quelle-hecatombe-si-le-ridicule-tuait et le président du CRIF- flirtent avec les thèses des droites extrêmes et verraient manifestement d’un bon œil l’instauration de troubles graves entre frontistes et beurs : une espèce de Saint-Barthélemy dans laquelle les musulmans remplaceraient, au pied levé, les protestants d’hier.

Nous savons déjà qu’il y a juif et juif .Et le panel est large, n’en déplaise au CRIF qui s’est proclamé urbi et orbi le représentant des juifs de France et qui s’impose comme tel, auprès de nos gouvernants inconscients du danger insigne de l’amalgame. Laissons Edgar Morin (lien https://blogs.mediapart.fr/280128/blog/221017/il-y-juif-et-juif), un juif de ce panel, répondre à Alain Finkielkraut : «Les juifs d’Israël, descendants des victimes d’un apartheid nommé ghetto, ghettoïsent les palestiniens. (…) On a peine à imaginer qu’une nation de fugitifs, issue du peuple le plus persécuté dans l’histoire de l’humanité (…) soit capable de se transformer en deux générations, à l’exception d’une admirable minorité, en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier ».

La suite dans le prochain épisode : du flirt avec les droites extrêmes .https://blogs.mediapart.fr/edition/lescarbille/article/071117/finkielkraut-une-boucle-de-logique-episode-3
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