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Billet de blog 21 mai 2024

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SLG#9 - Construire la gauche au XXIème siècle : défragmentons !

Marronnier des marronniers quand on s'intéresse à la réussite électorale de notre camp politique : l'union de la gauche. Comment la faire ? Sous quelle forme ? Je propose une consolidation autour de 2 ou 3 grands partis, qui savent se réunir lors des rendez-vous électoraux.

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Note : cet article s'inscrit dans le cadre d'une série intitulée (sobrement !) Sauver la gauche pour sauver le monde. Voir la table des matières de la série en fin d'article.


Défragmenter la gauche (le retour du retour du... de l'union la gauche)

Comme je l'écrivais précédemment : avant l’élection, un parti politique sert donc à travailler sur des propositions pour façonner un projet de société intégré, lors de l’élection, il sert à convaincre les électeur·trices que son projet est le meilleur, et après l’élection, il sert à maintenir un lien avec les élu·es potentiel·les, à nourrir leurs décisions et à intégrer leur expérience du pouvoir à son projet. Pouvoir jouer chacun de ces trois rôles passe par deux conditions potentiellement antinomique : d’une part, disposer d’une taille suffisamment importante pour nourrir des réflexions intéressantes et avoir suffisamment de capacité d’expression (sur le terrain notamment), et d’autre part être au maximum cohérent sur le fond. 

Historiquement, la gauche a toujours été une experte de cette cohérence. “Un trotskiste, c’est un parti. Deux trotskistes, c’est une tendance. Trois trotskistes, c’est une scission.” Cette obsession de la “pureté idéologique” a provoqué régulièrement des fragmentations de notre camp politique, ce que l'on observe à nouveau depuis plusieurs années. Les “gros partis”, en termes de taille, d’influence ou de nombre d’élu·es sont quatre (et non plus deux comme au XXème siècle, communistes vs. socialistes), et côtoient une constellation de structures plus petites, plus ou moins en mesure de se présenter lors des élections successives. Cette fragmentation ne correspond bien entendu pas à des divergences fondamentales en termes de projet de société, mais répond souvent soit à des questions historiques, soit à un manque de prise en compte de la volonté des individus d’influer sur leur parti d’origine. 

Il est donc nécessaire aujourd’hui de travailler à la défragmentation de la gauche. Cela passe tout d’abord par une phase d’identification des modèles de société portés par les différentes organisations existantes, pour ensuite consolider celles qui défendent aujourd’hui les mêmes. Ou plus exactement rassembler les personnes qui au sein des organisations existantes portent le même projet (certaines organisations présentant aujourd’hui le double inconvénient d’avoir un nombre de militant·es restreint et d’être hétérogènes sur le fond). Je préciserai par la suite pourquoi la défragmentation doit en priorité donner naissance à un grand parti écosocialiste. Mais il peut être pertinent que subsistent à ses côtés un parti “centre-gauche-vert” social-écologiste ou un parti communiste productiviste par exemple, tant que nous n’aurons pas convaincu l’entièreté de la gauche de la pertinence de l’écosocialisme. Plusieurs partis de gauche, donc, oui, mais sur des bases idéologiques ! Et qui savent se rassembler lors des élections.

Pérenniser les structures transpartisanes pour les élections

En attendant l’avènement d’une VIème République qui permettra une véritable représentation du pluralisme électoral, et sous peine d’être simples spectateurs d’un combat entre xénophobes, conservateurs et libéraux, les partis de gauche doivent revoir en profondeur leur manière de penser les élections. On l’a vu, la fragmentation électorale condamne à la défaite. Il est donc nécessaire de systématiser les organisations transpartisanes du type de la NUPES en 2022, en tenant compte des enseignements que cette initiative de la dernière chance nous a offerts. 

Ces organisations transpartisanes doivent être réfléchies et conçues à froid, en dehors des périodes électorales. Leur structure doit reposer sur une démocratie qui correspond aux valeurs que nous défendons pour le pays. Elle doit permettre la juste représentation et le respect des différentes sensibilités qui composent le paysage politique à gauche. Ces structures ne devront pas nier les débats qui les traversent ni faire des divergences internes l’alpha et l’oméga de leurs discussions. Leur socle devra être les grandes valeurs de notre camp, que j’ai citées à plusieurs reprises : justice sociale, égalité réelle, respect de notre planète et de la biodiversité, démocratie, émancipation des individus… Autour de ces valeurs, le rassemblement électoral devra se faire sans exclusive. Le respect de la démocratie, le respect de la diversité des points de vue et la juste représentation de chacun·e permettront le penser-ensemble et l’agir-ensemble. 

Enfin, et cela découle des paragraphes précédents : ces organisations transpartisanes devront impérativement être ouvertes au plus grand nombre, et ne pas constituer uniquement un amas de structures partidaires. Chaque personne souhaitant la victoire électorale de la gauche, même sans appartenir à un parti politique, devra pouvoir s’y engager sans être l’objet de pression pour “prendre sa carte”. Cela demande des innovations structurelles en termes de représentation d’une part, et de décentralisation des décisions et des actions d’autre part.

Article suivant : Verticalité ou horizontalité ?


Introduction : Sauver la gauche pour sauver le monde

Partie I - Des remises en cause existentielles

     A - La gauche face à la société

  1. La montée de l'anxiété : une menace pour la société et un défi pour la gauche
  2. Histoire d'un désamour politique : quand défiance et lassitude s'installent
  3. L'engagement citoyen à l'ère de l'atomisation sociale

     B - La gauche face à elle-même

  1. L’impossible convergence des luttes
  2. A gauche, passion fragmentation
  3. Entre fin et moyens, l'éternel dilemme de la gauche

Partie II - Stratégie, organisation : inventer une nouvelle voie pour la gauche

     A - Construire la gauche du XXIème siècle

  1. Diversité de l'engagement et rôle des partis
  2. Défragmenter enfin la gauche

     B - Leadership, engagement, mobilisation

  1. Verticalité ou horizontalité ?
  2. Un leadership de gauche ?
  3. Décentralisons l'action politique
  4. Retrouver la joie militante

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