François Levin

Sa biographie
Le capitalisme numérique exerce une fascination puissante. Il propose de transformer le rapport au travail, de sortir des modèles industriels et de transformer nos vies par l’innovation technologique. In fine, il reconduit le désastre : triomphe du système financier, marchandisation de la sphère privée,1 des relations sociales et du vivant. Nous avons vu, en participant au “mouvement social”, combien sa capacité de proposer des alternatives réelles est limitée. Il s’organise autour de “revendications” sans cesse renouvelées et qui tendent toutes à la défense exclusive des droits et des modes de production liés à la période fordiste, et invente rarement. Nous pensons que la focalisation sur les pratiques individuelles (“zéro déchets”) confine à la religion et ne sera pas suffisante. De la même manière, l’horizontalité radicale et la constitution de poches de vie alternatives (“ZAD partout”), pour stimulantes, riches et fascinantes qu’elle soient, nous semblent condamnées à la marginalité. Nous avons mesuré, en travaillant pour l’État, combien la capacité de changement réel y est limité, tant il est gangréné par la pensée qui mène au désastre. Nous avons aussi mesuré combien, pour des raisons légitimes, s’est creusé l’écart entre la pensée alternative et les institutions publiques. Mais nous pensons que nous ne pourrons pas faire sans. Il faut au contraire réarmer notre rapport intellectuel à l’Etat pour ne pas l’abandonner définitivement à son devenir néolibéral et penser une vraie alternative. Nous estimons que celle-ci va devoir s’imposer dans les prochaines années pour élargir les brèches du capitalisme numérique. Ces brèches existent ; la plus large, à nos yeux, est celle des communs et du travail contributif. A rebours de leur inscription habituelle dans le discours autogestionnaire de la pure horizontalité et de la libre association, nous essayons de trouver les moyens d’en faire un vrai contre-modèle, qui donnerait toute sa place à la fonction instituante de l’Etat. Ce blog est tenu par François Levin et Jan Krewer. Il est issu de nos expériences et de nos lectures partagées au cours de plusieurs années. Il relate notre confrontation avec les trois sphères de ”la nouvelle économie”, de l’Etat et des communs. Aucune ne peut être analysée comme un monolithe, réduite à un bloc d’une pièce animée par une idéologie incontestée. Dans le cadre d’une lutte pour l’hégémonie, nous tenterons de montrer comment, à partir des confrontations et des brèches qu’on y observe, une voie concrète pour une nouvelle “grande transformation” se dessine.
Voir tous
  • L’extension de la sphère marchande

    Par
    La croissance numérique, qui promettait la réconciliation entre l’intégration sociale et économique des individus dans la société, se fonde pour l’essentiel sur l’absorption progressive de la sphère privée et sociale, par la mise au travail des internautes, mais aussi par l’extension de la sphère marchande à des activités qui en furent historiquement exclues.
  • L'hyper-industrialisation du monde

    Par
    Que cache cette disjonction ahurissante entre la prégnance du discours de la société post-industrielle et le faible nombre d’individus pour qui c’est une réalité ? Deux phénomènes distincts : l’expansion des logiques industrielles et la généralisation de la précarité.
  • L'information libre

    Par
    Tout comme la figure du réseau, l’information libre comme valeur en soi repose sur une critique de la société industrielle et de ses modèles hiérarchiques dans la famille, l’entreprise, ou encore dans les institutions politiques.
  • Le réseau

    Par
    capture-d-e-cran-2020-09-12-a-11-31-02
    L’allégorie privilégiée du monde numérique est sans contestation possible celle du réseau. Contre l’idée de centralisation, et même de décentralisation – qui implique toujours l’existence de pôles prévalents – la distribution est devenue l’idéal organisationnel de toute une génération de technophiles.
  • La startup et l'entrepreneur

    Par
    La figure duale startup-entrepreneur incarne deux promesses du capitalisme numérique. Celle de représenter un nouveau mode de travail, hors cadre, créatif, qui puisse faire pièce aux rigidités de l’usine. Celle d’incarner une forme de contrôle sur les fins de la production, qui seraient “à la main” de tous ceux qui voudraient se donner la peine de créer une startup ou d’en rejoindre une...