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Hubert Huertas

À propos du blog
"Qu'est-ce que tu ferais à ma place ?". Depuis lundi la question m'est souvent posée par des proches et des amis d'Avignon, Toulon, ou Marseille. Il se trouve que j'ai longtemps, très longtemps, vécu1 et travaillé en Provence Alpes Côte d'Azur. J'y ai voté Chirac en 2002. Ce dimanche, si j''étais encore inscrit là-bas, je ne voterais pas Estrosi. Je n'aime pas le journalisme à la première personne, mais que l'on me pardonne : cette fois nous sommes dans un moment exceptionnel, il faut sortir de sa réserve et je n'écris pas un article, je m'exprime sur un blog. Observer ne suffit plus. Depuis dimanche je m'interroge. Si je votais encore dans le Sud-Est, moi qui ne vote pas à droite, je choisirais quelle ligne ? Celle de Cambadelis, ou de la canne à pêche ? Le vote "républicain", comme ils disent, c'est à dire en faveur de Christian Estrosi, ou l'abstention qui ouvrirait la porte à Marion Maréchal Le Pen ? Le choix de Sarkozy ou celui de l'extrême droite ? Mon idée c'est que cette question n'a plus grand sens. Quelle différence entre les deux ? Ils sont en compétition, parfois féroce, mais c'est le même drapeau qu'ils essaient de s'arracher. Celui de la France qui se recroqueville dans ses souffrances, ses méfiances, ou ses rejets. Les Le Pen parce qu'ils se sentent propriétaires des des peurs, celle des étrangers entre autres, la droite forte parce qu'elle se croit dépossédée de son bien et compte récupérer ses électeurs en enfiévrant les mêmes colères. Le discours est identique : cinquième colonne, pain au chocolat, cantines, canalisations, famille réduite au refus des homos. Leur seul point de divergence, au fond, le Figaro l'écrit d'ailleurs chaque jour, c'est le programme économique ! Et encore... Marine Le Pen voudrait sortir de l'Europe tout en comptant y rester tandis que les Sarkozystes en appellent à un monde ouvert mais hérissé de frontières. Enfin le candidat, sa vie, son oeuvre... Un recours Christian Estrosi ? L'ultime rempart de la République ? Il a bonne mine ce mur de Jéricho avec ses couvre-feux pour les mineurs, ses arrêtés anti-mendicité, anti youyou, anti bivouac, ses 1250 caméras soit une pour 283 habitants, ses demandes d'incarcérations préventives, ses négociations successives avec Jean-Marie Le Pen, en 1992 et 1998 en vue d'accord pour les régionales avec vice-présidence à la clé. Ce rempart est aussi hermétique aux idées de sa jeune adversaire qu'un réservoir à son vase communiquant. Mais je sais, et tant d'amis me le répètent depuis lundi. Je ne vote plus en Provence Alpes Côte d'Azur, ils sont d'accord avec mes objections, ils les connaissent, il les partagent, mais eux ils votent ici, et s'ils suivent ce raisonnement Marion Maréchal Le Pen, petite fille de Jean-Marie et nièce de Marine deviendrait la Présidente de la Région. Présidente ! Pourtant je persiste. Je ne voterais pas Christian Estrosi. Non pas pour éviter la confusion entre la gauche et la droite, mais pour ne pas cautionner le mélange avancé de la droite et de l'extrême droite. Quoi, mardi, à Rochefort, Nicolas Sarkozy, président des Républicains a pu décréter qu'il n'y avait pas de différence entre le PS et le FN, et la gauche lui permettrait, dimanche soir, de distancer son modèle par la droite, puis de se croire autorisé à pavoiser en extrémisant encore son discours, pour battre les Le Pen sur le terrain des Le Pen ? Oui, insistent mes amis... Mais Marion Maréchal Présidente de la Région Paca, est-ce que ce ne serait pas pire encore, et pour cinq ans ? Cinq ans ! Peut-être. Mais il y a pire que ce pire là. Pire que Paca, pire que le Nord, pire que l'Alsace et la Lorraine. Il y a la France. Pardon du mot, mais l'infection marine depuis trente ans. Depuis trois décennies aucune digue n'a résisté. Les partis classiques ont sonné le tocsin pour éviter qu'un élu Front National ne s'empare d'un canton, et des cantons sont tombés, à l'unité puis par dizaines. Les villes ne devaient pas céder, et plusieurs ont succombé sans le regretter, des députés ne pouvaient pas être élus au scrutin majoritaire (cinquante pour cent des suffrages c'était parait-il inaccessible pour l'extrême droite) et des circonscriptions sont allées à l'extrême droite. Nous voici au bord des régions. De barrages passoires en barrages vermoulus faut-il aller jusqu'au pouvoir suprême en laissant à ce parti qui dit n'importe quoi, et qui concentre toutes les dérives qu'il dénonce, la dictature d'une parole non confrontée à la réalité, à la complexité, aux contradictions, aux dilemmes, aux oppositions, aux révoltes ? Faut il le mettre à l'abri du pouvoir jusqu'à ce que le fruit tombe et qu'il s'empare du pouvoir suprême, dans cette France où le Président de la République les concentre tous entre ses mains ? Le mouvement est trop ancien, trop ancré, pour buter sur nos obstacles en carton. Jamais dans l'histoire les barrages n'ont fait barrage à un mouvement exponentiel. Quand le vin est tiré il faut le boire. Souvenez-vous de la gauche dans les années 70. La droite avertissait, menaçait, annonçait les soviets et les chars russes sur la place de la Concorde, mais au bout de dix ans Mitterrand a quand même été élu, et des ministres communistes ont été nommé. Il y avait à l'époque un espoir irrésistible, il existe aujourd'hui, par nos fautes, nos dénis, nos commodités, nos abandons, et parceque le monde a changé, un désespoir exponentiel. Le FN, diabolique ou dédiabolisé, s'alimente à tous les malheurs, et à toutes les contrariétés. Pire encore il est maintenant légitimé par une colère raisonnable. Une colère républicaine. Au nom de quoi, depuis trente ans, un parti fort de dix, de vingt, de vingt-cinq, de trente pour cent des voix serait-il tenu á l'écart des responsabilités ? Ça ne peut pas tenir la route en démocratie. La droite ne peut pas passer son temps à légitimer les discours successifs de l'extrême-droite, le PS au pouvoir ne peut pas mettre en oeuvre le programme de la droite, la gauche alternative ne peut pas contempler ce désastre en s'enfermant dans sa protestation polyphonique, et leurs electeurs ne peuvent plus croire qu'un vote contre nature, une fois de temps en temps, stoppera la marche d'un mouvement que tout le monde alimente. Puisque dans certaines régions le FN est majoritaire, qu'il ait la majorité, c'est aussi bête que ça. Tout effet barrage ferait grossir sa colère, donc sa puissance, pour la prochaine élection, et la prochaine c'est la Présidentielle. Marion Maréchal Le Pen présidente en Paca, Marine Le Pen dans le Nord, Florian Filippo dans l'Est, c'est effrayant. Mais Sarkozy qui ramasserait la mise grâce à cette gauche qu'il vomit, c'est de la nitroglycérine pour le Front National. Entre deux maux il faut choisir le moindre. Dimanche, si j'étais inscrit sur les listes électorales de la région Provence Alpes Côte d'Azur, je ne voterais donc pas pour Christian Estrosi. Je voterais blanc, puis avalerais trois aspirines.
  • Sarkozy : L'opération retour enterrée par Chavez !

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          Il n’a pas pu s’en empêcher... Depuis le 6 mai dernier, 20 heures et une seconde, Nicolas Sarkozy travaille à son retour, ou plutôt à son maintien à l’Elysée puisque selon ses partisans sa défaite équivaut à une victoire. Pas d’événement à l’UMP, ou dans le pays, auquel il n’ait pris part, par des communiqués, ou des confidences de proches tellement proches que les proches étaient lui-même. Mais il gardait officiellement le silence. Et bien c’est fini. Ce 6 mars au matin l’homme qui devait se faire oublier a parlé à découvert, au magazine Valeurs Actuelles.
  • Diésel : la guerre de religions

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           Le diésel est en passe de devenir une guerre de religion, un marqueur théologique, et le gouvernement, comme sa majorité, sont en train de grimper au plafond, les uns contre les autres, avec les arguments caractéristiques de ce genre de conflit : On ne discute pas du bien fondé, ou des limites de tel ou tel dispositif, on se dénonce comme le diable.
  • Horreur ! Les Suisses vont-ils planquer leurs sous en France ?

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           C’est terrible, les Suisses vont planquer leur argent en France, et si ça continue leurs cerveaux vont se réfugier à Paris. Les Suisses ont en effet déclarés hors la loi les parachutes en or de leurs grands patrons, et dans la foulée les socialistes helvétiques envisagent de proposer une loi qui limiterait l’écart entre le salaire le plus élevé et le salaire le plus bas dans une entreprise à une fourchette de 1 à 12. Ca ferait quinze mille euros par mois pour Carlos Ghosn au lieu d’un million actuellement… Imaginez le débat en France si cette proposition était seulement envisagée…
  • Les appétits désordonnés de l'UMP

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           Rentrée de François Fillon, présence de Jean-François Copé dans les média et visites en région, annonce de la candidature de Nathalie Kosciusko Morizet à Paris, omniprésence en librairie et sur tous les plateaux de Bruno Le Maire, réunion à grand spectacle des amis de Nicolas Sarkozy, l’UMP fait feu de tout bois en cette fin d’hiver. La faiblesse du pouvoir socialiste crée pour elle un appel d’air dans lequel veulent s’engouffrer les ténors du parti qui se concurrencent.
  • Commissions "ça brille" et Commissions "ça brûle"

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    Ils sont marrants les présidents français. Quand ils sont candidats ils savent, ils tranchent, ils ont réponse à tout, et ils dénoncent les experts. Une fois qu’ils sont élus ils s’interrogent, ils créent des commissions, ils font appel aux spécialistes, et la mise en place de la commission sur les retraites, hier, n’est que le nième avatar de ce syndrome envahissant.
  • Marcela Iacub ou le syndrome Loana

    Par | 24 commentaires | 11 recommandés
           Normalement il ne faudrait pas parler de l’histoire du livre de cette chercheuse qui a ausculté un homme politique déchu pour le mettre en vitrine, même si la justice a décidé hier que l’ouvrage ne sortirait qu’avec un encart mentionnant qu’il porte atteinte à la vie privée, et même si le magazine qui a participé à son lancement a été condamné au même encart, et à la même amende. Il ne le faudrait pas, mais il le faut quand même.
  • Italie : une réplique au "Non" français de 2005

    Par | 7 commentaires | 10 recommandés
           A bien des égards l’élection italienne renvoie au référendum français de 2005 sur l’Europe. Même stupéfaction devant les choix d’un pays fondateur de la construction européenne, même débat passionnel entre une raison officiellement raisonnable et des forces  dénoncées comme insensées, et même révolte irrationnelle qui s’exprime dans les urnes en renversant la table…
  • Europe : des passoires et des frontières

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    Manifestations au Portugal, grèves à répétition en Grèce, montée possible du vote protestataire en Italie, profond désenchantement des français vis-à-vis de la construction européenne selon un sondage BVA publié samedi par le journal Le Parisien… D’où vient donc ce désamour, voire cette fracture entre Bruxelles et les peuples. Deux événements peuvent l’expliquer ce week-end.
  • Cumul : les deux yeux pour pleurer

    Par | 25 commentaires | 12 recommandés
    Officiellement le projet de loi sur la fin du cumul des mandats n’est pas enterré. Il sera même présenté avant la fin mars en conseil des ministres a précisé Alain Vidalies le ministre chargé des relations avec le parlement. Mais on ne sait toujours pas s’il sera appliqué tout de suite, ou aux calendes grecques, qui ressemblent en politique au cimetière des renoncements.
  • Taubira, Montebourg, des voyous et des voyous...

    Par | 7 commentaires | 10 recommandés
    Beaucoup de voyous dans l’actualité de ce matin, mais pas traités de la même manière. Les voyous qui font monter au créneau l’UMP sur le thème du laxisme, contre le plan de Christiane Taubira. Et le voyou Maurice Taylor, patron de l’entreprise américaine de pneus Titan, qui vient d’insulter les syndicats et les salariés français, et que la droite ne condamne pas, voire soutient dans une certaine mesure …